K+S a regroupé cette année ses trois sites de production français, sous une entité commune, K+S France qui produit du sel et des engrais. Ils sont tous situés dans le Grand Est, en Lorraine et en Alsace avec un siège social dans la Marne. L’enjeu du moment consiste à diminuer son bilan carbone.
Le sel de table Cérébos est bien connu des consommateurs, moins son lieu de production. C’est dans le bassin industriel de Dombasle-Varangéville, au sud de Nancy, que sont fabriquées les fameuses salières bleues identifiables à leur logo représentant depuis une soixantaine d’années, un enfant. Jusqu’en 2019, ce dernier tentait d’attraper un oiseau en lui versant du sel sur la queue, en référence à une expression populaire. Aujourd’hui, il laisse plus poétiquement s’envoler une pincée magique de sel.
Le site lorrain est la propriété depuis 2004 de l’industriel allemand K+S, anciennement Kali und Salz, basé à Kassel, en Hesse. Ce géant de 14.000 salariés a regroupé cette année sous l’entité K+S France ses trois sites de production français, tous situés dans le Grand Est. Il s’agit des deux sites de fabrication de sel de Dombasle-sur-Meurthe (Meurthe-et-Moselle) et du site de granulation d’engrais de Wittenheim (Haut-Rhin). La nouvelle entité dont le siège social est situé à Reims (Marne), totalise 215 salariés. Elle s’apprête à boucler son premier exercice avec un chiffre d’affaires de 190 millions d’€, les trois-quarts étant générés par le négoce d’engrais.
L’entité France demeure atypique au sein du groupe. « Les sites de Dombasle-sur-Meurthe travaillent beaucoup avec la grande distribution généraliste ou spécialisée, sur des produits conditionnés en petits volumes (sel de table) et moyens volumes (sacs de 10 à 20 Kg de pastilles de sel pour le traitement de l’eau). Comparativement, les unités allemandes assurent une production de masse de potasse, d’engrais et de sel de déneigement à partir d’exploitations minières. Cette production transite par bateau ou par trains complets », introduit Daniel Marques, directeur des opérations de K+S France.
Dans les bureaux de Dombasle Cérébos, la copie du décret d’autorisation d’exploiter le gisement de sel daté de 1866 est fixée au mur de la salle de réunion. Dans une vitrine, Daniel Marques extrait la première salière fabriquée en 1902. Ces dernières années, la marque a développé des sels de spécialité : aux herbes, au piment d’Espelette, à faible teneur en sodium, etc.
Mais l’enjeu du moment pour l’entreprise consiste à diminuer son bilan carbone. « Nous cherchons notamment à substituer le carton au plastique pour les fonds de salières, ce qui implique un investissement de 800.000 € », détaille Pascal Aubert, en charge de la production et des services techniques du site Dombasle Cérébos. L’entreprise envisage également d’utiliser un tiers de polyéthylène recyclé à l’horizon 2025 dans les conditionnements de ses deux sites lorrains.

A Dombasle-sur-Meurthe, l’activité de K+S est scindée en deux entités distantes de 500 mètres. Il y a d’un côté le site Dombasle Cérébos (66 personnes) de conditionnement de sel de table, bicarbonate et sel régénérant pour lave-vaisselles. De l’autre, Dombasle Saline (60 personnes) assure la fabrication du sel à proprement parler.
Les 200.000 tonnes qui sortent chaque année des lignes de cette dernière unité se répartissent entre les marchés agroalimentaire, pharmaceutique, traitement de l’eau et les applications diverses. « Le segment du traitement de l’eau est en pleine croissance, notamment pour répondre au besoin du marché des piscines », commente Pascal Garcia, chef de production et des projets du site Dombasle Saline.
Imbriquée dans l’usine Solvay

Le site a la particularité d’être accolé à l’usine Solvay, son ancien propriétaire. Cette dernière lui fournit la saumure, les utilités et la vapeur nécessaires à ses process. Bien que dix fois plus concentrée que l’eau de mer, la saumure nécessite 700 kg de vapeur pour être transformée en une tonne de sel. « La ressource en vapeur est précieuse pour la saline. Nos procédés permettent d’optimiser la consommation de vapeur, grâce à plusieurs évaporateurs installés en série », poursuit Pascal Garcia.
A terme, le bilan carbone des sites K+S bénéficiera des investissements en cours chez Solvay. Le groupe belge mobilise en effet à 180 millions d’euros pour décarboner sa production de vapeur. Les trois chaufferies au charbon vieillissantes seront remplacées par une installation de cogénération alimentée en combustibles solides de récupération (CSR).
K+S explore néanmoins d’autres pistes, comme le précise Daniel Marques : « Notre bureau d’études planche parallèlement sur l’opportunité d’investir dans un procédé de recompression mécanique de la vapeur. L’avantage serait double sur le plan environnemental. Cela abaisserait nos rejets en chlorures dans la rivière voisine et réduirait considérablement nos besoins en vapeur, soit un gain de 20.000 tonnes de CO2 par an », livre-t-il.
