Pendant cette semaine de vacances scolaires commune aux régions Bourgogne-Franche-Comté et Grand Est, la rédaction de Traces Ecrites News fait une pause et vous propose de revenir sur ce qui a fait l’actualité économique de ce printemps. Le fabricant de cuisinières, fourneaux et autres pianos de cuisson pour professionnels et particuliers, compte commercialiser ses appareils en Asie, en Inde et en Amérique du Sud. L’entreprise, en croissance régulière, étoffe ses ateliers de 2.000 m2 pour doper sa production.
Après l’Amérique du Nord et l’Europe de l’Ouest – Grande-Bretagne, Allemagne, Benelux notamment –, la Société Industrielle de Lacanche (SIL) qui porte le nom de sa commune d’implantation en Côte-d’Or, part à la conquête d’une autre partie du monde. Si les pays de l’Est patienteront encore un peu en raison du douloureux contexte international, le fabricant de cuisinières, fourneaux et pianos de cuisson cible l’Asie, l’Inde et l’Amérique du Sud. « La principale difficulté réside dans le choix pour chaque pays du bon distributeur, ce que nous venons de faire aux Philippines et au Vietnam », indique Jean-Jacques Augagneur, le président de l’entreprise.
Le dirigeant sait que pour ces destinations lointaines, il n’intéresse qu’un marché de niche, surtout pour le particulier. « Nous vendons de la culture française que véhicule notre gastronomie mais aussi un savoir-faire industriel, cette French touch reconnue. » Une cuisinière Lacanche, qui se vend entre 4.000 et 20.000 €, est entièrement montée à la main et vieillit très bien dans le temps, comme pour les voitures de collection, grâce à un stock impressionnant de pièces détachées réservé à chaque modèle.


Depuis le milieu du XVème siècle, des forges prospèrent à Lacanche. Confisquées durant la période révolutionnaire, elles passent aux enchères au citoyen Jacques-Étienne Caumartin, dont la fille adoptive se marie avec Antoine Coste qui fructifie l’affaire. Début 20ième, cuisinières et poêles estampillées du nom de cette commune de l'ouest de Côte-d’Or sortent des ateliers de la société Coste-Caumartin. Dans les années 1950, pas moins de 600 salariés y travaillent.
Lorsqu'en 1982, André Augagneur, le père de Jean-Jacques, le PDG actuel, rachète à Valeo l'ancienne usine Coste-Caumartin, l'entreprise se positionne déjà avec "Ambassade de Bourgogne" sur du matériel pour professionnels de la restauration. Il faudra attendre 1992 pour que Jean-Jacques qui a étudié les vieux plans des cuisinières d’antan, se lance dans ce type de fabrication. La Société Industrielle de Lacanche (SIL) bénéficie depuis 2010 du label Entreprise du Patrimoine Vivant (EPV).
Le design de fourneau de chef revisité avec des lignes épurées, la multifonctionnalité selon les choix du client : plaque grillade, de mijotage, wok, polycuiseur, armoire de préchauffage, bruleurs de différentes puissances, fours…, en fait un compagnon de cuisine très apprécié des amateurs de bonne chair. « Le plaisir se prend aussi dans la préparation des plats, tant nous facilitons le travail », souligne pas peu fier Jean-Jacques Augagneur.
Un accroissement de 30% des capacités de production

L’innovation n’est pas étrangère à cette ergonomie. Le service R&D emploie pas moins de huit personnes, dont deux au sein du laboratoire gaz, accrédité Cofrac. Car l’une des préoccupations majeures du moment chez Lacanche, coût de l’énergie oblige, est de parvenir à faire des appareils électroménagers plus économes avec l’adjonction, demain, d’énergies plus vertes comme le gaz et l’électricité issus de la biomasse et à terme, l’hydrogène. « L’idée repose sur un mixte énergétique, en combinant plusieurs sources », précise l’industriel.
La fiabilité du produit, couplée à son esthétisme, fait le bonheur du fabricant en croissance régulière de plus de 5% par an. Avec sa marque pro : "Ambassade de Bourgogne", dont les équipements sont conçus jusqu’à 100 repas, et l’entreprise iséroise Charvet, rachetée en 1995 et spécialisée dans les cuisines complètes de collectivités, brasseries et grands restaurants (*), il commercialise jusqu’à 10.000 appareils par an, assurant près de 50 millions d’€ de chiffre d’affaires consolidé, avec un effectif global de 290 salariés.

« Nous manquons de place et allons construire un bâtiment de 2.000 m2, dont l’investissement serait compris entre 1 et 1,5 million d’€ pour accroître nos capacités d’au moins 30% », explique Jean-Jacques Augagneur qui précise réinjecter tous les ans entre 700.000 et 1 million dans l’outil productif. Tout n’est toutefois pas idyllique car comme beaucoup d’autres industriels, Lacanche souffre de l’inflation des matières premières, jusqu’à 50% pour l’acier inox, et recherche du monde en permanence, techniciens et opérateurs, avec formation interne assurée.
(*) Une autre croissance externe, réalisée en 2004 avec l'acquisition de l'Emaillerie Rhénane située à Ingwiller en Alsace, permet d'intégrer dorénavant ce type particulier de finition très difficile à sous-traiter.


Cet homme discret et chaleureux, âgé de 60 ans, n’a pas rejoint l’entreprise familiale tout de suite. Licencié en sciences économiques, diplômé de l’EM Lyon, il s’installe deux ans à Singapour pour effectuer différentes missions en Asie du Sud-Est. De retour en France, il pratique l’audit financier durant trois ans chez feu Arthur Andersen et rejoint ensuite l’entreprise reprise par son père André en 1982. Aux commandes depuis 2004, Jean-Jacques Augagneur impulse un management participatif.
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