La coopérative Kèpos œuvre à la transition écologique en encourageant l’entreprenariat sur le périmètre du sud de la Meurthe-et-Moselle. Lancée en 2018 avec trois entreprises, elle en abrite aujourd’hui vingt.


Kèpos réinvente le jeu collectif au profit de la planète. Cette société coopérative d’intérêt collectif (Scic) installée à Jarville-la-Malgrange (Meurthe-et-Moselle) tire son nom du grec signifiant « jardin ». Le terme sied autant à ses ambitions dans la transition écologique qu’à son modèle résolument coopératif. La société a été fondée il y a quatre ans par trois jeunes entreprises autour d’Emmanuel Paul, son président, sur un modèle similaire à celui de Clus’Ter Jura à Lons-le-Saunier notamment. Elle rassemble aujourd’hui une vingtaine d’entreprises sur le sud Meurthe-et-Moselle.

« J’ai côtoyé de nombreux jeunes engagés dans des projets entrepreneuriaux en circuit-court. Les systèmes d’accompagnement actuels fonctionnent bien jusqu’à la création d’entreprise. Mais plus vraiment au-delà. Dans ce contexte, j’ai imaginé créer une grappe qui suscite les coopérations tout en générant un impact positif pour la planète », commente Emmanuel Paul.



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Kèpos emploie cinq personnes à temps plein (chiffre d’affaires de 150.000 € en 2021) et compte 80 associés parmi lesquels la ville de Nancy, le Grand Nancy et le Conseil départemental. La Scic met son ingénierie commerciale au service de ses entreprises. Elle a ainsi décroché pour quatre d’entre elles l’aménagement de 1.000 m² de jardin partagé pour le compte du syndicat intercommunal en charge du quartier Saint-Michel-Jéricho à cheval entre Saint-Max et Malzéville (Meurthe-et-Moselle). Sol & co a étudié la qualité des sols en place, L’Atelier de Caroline Antoine s’est chargé de la conception des espaces paysagers, Aurélie Marzoc de la concertation publique, tandis que Des Racines et des liens animera le futur espace.


Une serre à projets

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Kèpos s’installera dans d’anciennes écuries réaménagées en coworking en bordure de son site de formation dans l’agglomération de Nancy. © Philippe Bohlinger


Les besoins en formation augmentent dans le champ de la transition écologique. C’est pourquoi, la société coopérative bâtit pour la rentrée prochaine un nouveau catalogue sur la base des compétences de ses sociétés membres. Ce catalogue prend de l’épaisseur grâce au nouvel écrin en cours d’aménagement dans le quartier Biancamaria à Vandœuvre-lès-Nancy. Un terrain de 2.000 m2 lui a été gracieusement mis à disposition par la municipalité en contrepartie de l’animation pendant un an d’un jardin partagé destiné aux habitants sur la moitié du foncier.

L’autre moitié servira de support pédagogique aux sessions de formation en permaculture, compostage, etc. Environ 40 tonnes de matière organique y ont été épandues ! Afin d’accueillir simultanément une trentaine de stagiaires, Kèpos a déposé le permis de construire nécessaire à l’installation d’une yourte. Et comme la Scic aime jouer avec les mots, le lieu a été baptisé Couarail, un terme lorrain désignant un lieu de réunion, de veillée.


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La « Serre à projets » est un autre bras armé de la Scic pour générer de l’activité économique par la transition écologique. Elle coanime ce dispositif avec France Active, le réseau national d’accompagnement des entrepreneurs de l’économie sociale et solidaire. La troisième promotion compte 11 porteurs de projets dont deux dans des quartiers " Politique de la ville " . « La Serre à projets fonctionne selon le principe de l’entreprenariat inversé : un comité de pilotage identifie les besoins non satisfaits sur le territoire, engage une étude d’opportunité et lance un appel à candidature. C’est ainsi que nous avons identifié un manque en ressourcerie sur le territoire du Grand Nancy », détaille Emmanuel Paul.

Sur cette base, un menuisier-ébéniste, une ingénieure agronome et un ingénieur géologue ont fondé La Benne Idée en 2021. Ce chantier d’insertion de 10 personnes se définit comme une recyclerie créative de mobilier et objet de l’habitat. Une belle idée poussée dans la serre de Kèpos.

Qui est Emmanuel Paul ?

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Emmanuel Paul, président de Kèpos. © Philippe Bohlinger

Bosser dans la transition écologique n’était pas le « Plan B » d’Emmanuel Paul. C’est en revanche le nom du tiers-lieu où la société coopérative qu’il anime a pris ses quartiers à Jarville-la-Malgrange, dans l’agglomération de Nancy. Ce spécialiste du développement territorial et de l’accompagnement de projets entrepreneuriaux, a réalisé sa première partie de carrière à Clermont-Ferrand dans une agence d’urbanisme. Il explique s’y être familiarisé avec le modèle des grappes d’entreprises encouragé par l’Etat et l’Union européenne.
Débarqué en Lorraine il y a 7 ans, le président de Kèpos ambitionne de faire grandir les jeunes entreprises de la Scic, mais aussi d’accueillir des sociétés plus importantes. Il ne situe clairement pas son projet dans une approche décroissante, mais dans la droite ligne du laboratoire d’idées Shift Project créé en 2010 en France par Jean-Marc Jancovici en vue d’atteindre la neutralité carbone.

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