TEXTILE/LORRAINE. L’usine d’Innothéra à Nomexy, près d’Epinal, spécialisée dans la fabrication de bas de contention (350 salariés) achèvera fin novembre une extension pour 3,5 millions d'€, destinée à augmenter ses capacités de production.
Numéro 2 en France sur ce marché de niche, le laboratoire pharmaceutique entend se démarquer en jouant la carte du made in France, en perpétuant le savoir-faire textile dans les Vosges.

Près de 900 marcheurs se sont retrouvés le 3 octobre sur les sommets vosgiens pour défendre la filière textile en Lorraine et en Alsace. (Lire ici). Parmi eux plusieurs dizaines de salariés d’Innothéra à Nomexy (Vosges). Ces derniers entendaient promouvoir leur savoir-faire dans le domaine médical : la fabrication de bas de contention ou bas de compression veineuse. Le site de production vosgien en commercialise 2200 références, de tous types (bas, collants, chaussettes), toutes les couleurs, pour toutes les morphologies.

Pour répondre à la progression de ses ventes auprès des officines de l’hexagone, son principal marché (+6 à 10% par an), ce groupe pharmaceutique français a investi 3,5 millions d'€ dans l’agrandissement de son site de production : cette extension de 2400 m² devrait être opérationnelle d’ici fin novembre. Depuis son installation en 1999 à proximité d’Epinal, l’entreprise familiale dont le siège se trouve à Arcueil (1000 personnes, 162 millions d'€ de chiffre d'affaires), n’a cessé de pousser les murs. D’une centaine de salariés, l’usine qui réalise 30% du chiffre d'affaires du groupe, est passée à 350 aujourd’hui.
Les élus locaux, l’ancien maire d’Epinal Philippe Séguin en tête, avaient favorisé l’implantation d’Innothéra dans les Vosges. Son P-DG, Arnaud Gobet, petit-fils du fondateur, y a concrétisé un virage stratégique, anticipant le recul de ses produits phares, les médicaments veinotoniques produits sur son second site industriel à Chouzy-sur-Cisse (Loir-et-Cher).
Numéro 2 en France
« Les veinotoniques ont subi dans les années 1990-2000 à la fois la montée en puissance des génériques et la baisse des tarifs de remboursement de la Sécurité sociale. A cette même période, les bas de compression veineuse les ont supplantés comme traitement de référence pour les pathologies veineuses », commente Thierry Lavigne, directeur industriel textile et médicament (lire ci-dessous). Initialement, l’entreprise avait racheté un petit fabricant suisse de bas de contention. Mais son échec dans ce pays l’a incité à importer ces nouvelles compétences en France. Innothéra (pour Innovation thérapeutique) y occupe aujourd’hui la place de numéro 2 avec 19,3% de part de marché, derrière le suisse Sigvaris (36%).

« Cette diversification n’était possible que dans le cadre d’une entreprise familiale. Elle s’est inscrite dans une logique de long terme de construction d’un patrimoine industriel. Il a fallu dix ans pour atteindre l’équilibre économique », analyse le directeur industriel. La compétition reste rude sur ce marché de niche où cohabitent une vingtaine d’acteurs, dont trois à quatre importants faiseurs. Pour se démarquer, Innothéra joue à fond une double carte, celle du savoir-faire d’un groupe pharmaceutique et celle du vrai made in France. Trois de ses marques ont obtenu le label « Origine France garantie » en juin dernier.

« Guipage » à domicile
Il y a quatre ans, l'entreprise a internalisé les activités de guipage (procédé consistant à combiner trois fils) par désir de maîtriser de A à Z sa chaîne de fabrication. Une stratégie qui a un coût partiellement compensé par l’automatisation de certaines tâches, comme la fermeture des pointes des bas. A l’inverse de ses médicaments vendus essentiellement à l’international, les bas de compression veineuse d’Innothéra sont peu vendus à l’étranger. Mais, l’entreprise a identifié des opportunités en Serbie, en Tunisie et au Canada où elle a ouvert récemment une entité commerciale.

Qui est Thierry Lavigne ?
Originaire de l’agglomération nancéienne, le directeur industriel du groupe Innothéra a gagné ses galons d’ingénieur au CNAM à Châlons-en-Champagne.
Thierry Lavigne, 47 ans, a fait sa première partie de carrière au sein du groupe Michelin, sur le site Kléber de Toul (Meurthe-et-Moselle). Pendant ces dix années, il occupera successivement les postes de responsable d’atelier, responsable supply chain et responsable fabrication du site.
L’opportunité de prendre la direction du tout jeune site industriel d’Innothéra à Nomexy sera le déclencheur de son départ en 1999, quatre ans avant la fermeture de l’usine Kléber. « Un challenge qui ne se produit qu’une seule fois dans une vie », aime-t-il souligner.