FERROVIAIRE/BOURGOGNE FRANCHE-COMTÉ/ALSACE. Le malheur de Belfort fera-t-il le bonheur de Reichshoffen ?

L'arrêt dans les deux ans des activités de conception et de fabrication des motrices du TGV et de locomotives à l'usine Alstom de Belfort profitera t-il à la bonne santé de sa voisine de Reichshoffen ?

Rien n'est moins sûr, estiment les représentants des salariés qui espèrent, aujourd'hui mardi 13 septembre, faire du gouvernement, actionnaire, un relais efficace auprès du groupe qui devrait en révéler plus sur la rationalisation de ses sites le 4 octobre, lors d'un comité de groupe européen.

 

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Les ateliers d'Alstom Transport à Belfort. © Alstom Transport.

 

Pourquoi Reichshoffen plutôt que Belfort ? Les représentants du personnel du site alsacien d’Alstom Transport ne veulent pas être complices d’un démantèlement de l’usine de Belfort, dans la région voisine de Bourgogne Franche-Comté, vouée à abandonner la conception et la construction des motrices du TGV et des locomtives dans les deux prochaines années, pour devenir à un centre de maintenance et de réparation. Une activité qui existe déjà et emploie 80 personnes.


Selon Daniel Dreger, délégué CGT et membre du conseil d’administration du comité du groupe Alstom Europe, les salariés sont toujours en attente d’une information officielle qui ne fait cependant plus de doute. Hier, le président de la République a donné comme feuille de route au gouvernement « de faire en sorte qu'à Belfort les activités ferroviaires d'Alstom soient maintenues ».


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Aujourd’hui mardi 13 septembre, les syndicats doivent exposer une double solution au ministre des Transports Alain Vidalies et au secrétaire d’état à l’Industrie Christophe Sirugue, pour éviter la disparition de 400 emplois. 



 

Sans compter les retombées sur une multitude de PME en Bourgogne Franche-Comté. (Relire ici l’article de Traces Ecrites News). Les sous-traitants industriels ne sont pas les seuls à craindre les conséquences d’une fermeture.


Pour mesurer l’impact sur les entreprises de service locales, Domicile 90 explicite dans un communiqué pourquoi les 350 salariés de l’association d’aide et de soins à domicile du Territoire de Belfort, sont « très directement » concernés par l’avenir d’Alstom à Belfort. « Domicile 90 compte parmi ses clients des salariés ou des anciens d’Alstom, et les collectivités locales qui nous soutiennent ont besoin des ressources d’une telle usine ».

 

Belfort citée comme le site de fabrication des motrices du nouveau TGV

 

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Les ateliers de Reichshoffen. ©Alstom / A. Fevrier.

 

C’est au niveau de l’Etat actionnaire et de la SNCF que les syndicats espèrent résoudre la panne de plan de charge de l’usine de Belfort, sans l’once d’une commande à partir de 2018. Ils proposent que le TGV du futur que le constructeur ferroviaire et la SNCF ont annoncé vouloir faire ensemble - avec une première livraison mi 2022 - soit plus rapidement mis sur les rails.

 

Dans un communiqué du groupe, le 7 septembre, l’usine de Belfort était citée comme le site de fabrication des motrices de ce nouveau TGV moins coûteux à exploiter et d’une plus grande capacité.


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La deuxième solution serait de « détourner » une partie de la sous-traitance de la commande d’Akiem, une filiale à 50/50 de la SNCF et de son homologue germanique la Deutsche Bahn, de 44 locomotives diesel de fret (pour 144 millions d’€) tombée cet été dans l’escarcelle du constructeur allemand Vossloh.


La démarche pourrait « sauver » l’usine de Belfort, la plus petite (480 salariés) du groupe en France, mais aussi consolider celle de Reichshoffen qui a, elle aussi, à un plan de charge à court terme.

 

Les 876 salariés du site alsacien sont, jusqu’en 2018, principalement occupés à fabriquer les locomotives et les wagons du Regiolis (les TER commandés par les Régions). Puis, la commande par l’Etat, promise, mais non confirmée, de 30 trains Intercités lui apporterait de l’activité jusqu’en 2019.

 

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Une motrice devant l'usine de Belfort qui a longtemps occupé les dizaines d'hectares du Techn'Home, aujourd'hui en partie redistribués à plusieurs entreprises. © Traces Ecrites.

 

Aujourd’hui, Belfort est déjà en sous-capacité malgré les deux contrats en cours avec l’Inde et les Chemins de fer suisse (CFF). Selon la communication du site, des horaires aménagés et des RTT compensent le déficit d’activité sans chômage partiel.


Le malheur de Belfort fera-t-il le bonheur de Reichshoffen ? A ce jour, rien n’indique clairement que les événements anticipent le retour du constructeur ferroviaire sur ses terres d’origine : la Société Alsacienne de Construction Mécanique (SACM) avait migré d’Alsace, devenue allemande après la guerre de 1870 dans le Territoire de Belfort, demeuré Français.


L’usine alsacienne est cependant mieux armée. Reichshoffen a bénéficié ces dernières années de 70 millions d’€ d’investissements pour répondre à la commande ferme de 250 TER, dont la moitié ont été livrés.

 

En outre, précise la communication du groupe, elle a démontré par le passé ses « multicompétences »: « du tram train au TGV, l’usine d’Alsace a construit toutes sortes de trains, sauf des métros ».

 

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Vue aérienne du site de Reichshoffen. © Alstom/J.-C. Matz.

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