INNOVATION/BAS-RHIN. Stéphanette Englaro, cofondatrice de In’Air Solutions fait partie des quinze entrepreneurs qui ont été « intronisés » dans le réseau Entreprendre Alsace hier soir 8 mars à Illkirch.
La jeune pousse vient de réaliser sa première levée de fonds significative, de 1,2 million d’€ auprès de Cap’Innov Est, afin de finaliser l’industrialisation d’un appareil de mesure de la qualité de l’air intérieur et de démarrer sa commercialisation.
In’Air Solutions vise une nouvelle levée de fonds courant 2016.

Un peu plus de deux ans après sa création, In’Air Solutions vient de réaliser sa première levée de fonds significative. La start-up a collecté 1,2 million d’€ auprès de Cap’Innov Est, un récent fonds public interrégional d’amorçage et de capital-développement. Cet apport « va nous permettre de finaliser l’industrialisation de notre procédé et de démarrer sa commercialisation, ainsi que de préparer les développements à l’export », explique la présidente Stéphanette Englaro.
Prometteuse, In’Air l’est doublement, par l’avancée que représentent son produit et son champ d’application : la conception d’un appareil qui optimise la mesure de la qualité de l’air intérieur et l’interprétation des résultats de concentration, afin d’améliorer la détection des sources de pollution dans les bâtiments.
Cette traque concerne d’abord le formaldéhyde, le polluant le plus répandu. La start-up fait réagir l’air ambiant avec un liquide, qui est sa marque – secrète ! – de fabrique. La réaction physico-chimique ainsi engendrée permet de piéger les molécules du formaldéhyde, d’ordinaire très volatiles. Un signal électronique déclenché par cette rencontre permet de lire les résultats de mesure et de les interpréter.
Nouvelle levée de fonds courant 2016

Certes, des produits existent sur le marché. Ils se présentent sous forme de cartouches. « Mais ils ne savent donner qu’une moyenne, sans déceler des pics de concentration. L’atout de notre dispositif réside dans l’analyse à la fois continue et précise, avec délivrance quasi-immédiate du résultat », décrit Stéphanette Englaro. Plutôt pratique pour déceler une source de pollution dans une école par exemple. En outre, la start-up est parvenue à miniaturiser son kit au fil des développements, le rendant de plus en plus pratique à utiliser.
In’Air Solutions vise une nouvelle levée de fonds courant 2016 afin d’accentuer son développement et de conforter l’extension de ses recherches à d’autres méchantes substances : les « Btex », qui regroupent quatre composés chimiques : le benzène, le toluène, l’éthylbenzène et l’hexylène.
Le danger venant surtout du premier, moins présent que le formaldéhyde mais, quand il l’est, nocif à des concentrations bien plus faibles. Sa « valeur-repère » pour le déclenchement d’une surveillance étroite se situe à 5 microgrammes par mètre cube, au lieu de 30 pour le formaldéhyde. In’Air prévoit de présenter son dispositif anti-Btex en fin d’année au salon Pollutec à Lyon. Les apports de fonds permettent à In’Air Solutions de ne pas se préoccuper outre mesure de dégager d’ores et déjà du chiffre d’affaires. Celui de 2015 s’est donc limité sans inquiétude à 45 000 €, par des prestations de services.
Le décollage doit venir de l’obligation progressive de surveillance de la qualité de l’air intérieur, qui débutera en 2018 avec les établissements recevant des enfants de moins de six ans, en somme les crèches et écoles maternelles. Les cibles principales de clientèle seront alors les laboratoires industriels de développement de matériaux et les bureaux d’études.
Quelques bonnes fées se sont aussi penchées sur elles

Prototype de start-up, In’Air Solutions l’est aussi par son jeune parcours. L’entreprise est issue, en août 2013, de l’université de Strasbourg qui continue à l’héberger, plus exactement d’un laboratoire de physico-chimie de l’atmosphère, l’ICPEES, commun avec le CNRS. Parmi ses quatre fondateurs figurent, outre la chercheuse en biologie Stéphanette Englaro, Pierre Bernhardt un électronicien et Stéphane Le Calvé, spécialiste très réputé du formaldéhyde.
In’Air exploite d’ailleurs, en licence exclusive, plusieurs brevets issus des travaux de ce chercheur longtemps expert national du sujet pour le compte de l’Ademe. Les effectifs sont de cinq personnes, mais avec les doctorants et stagiaires, ce sont une dizaine de têtes bien faites qui oeuvrent à l’éclosion de la pépite.
Quelques bonnes fées se sont aussi penchées sur elle, comme l’Ademe en accompagnement scientifique, Bpifrance à travers des concours de création d’entreprise, Conectus Alsace, la société régionale d’accélération de transfert de technologie (Satt) qui a investi au stade de la maturation, et le réseau Entreprendre en France pour guider les chercheurs dans leurs premiers pas d’entrepreneurs.