ROBINETTERIE/ALSACE. S’adapter au monde d’aujourd’hui sans perdre son âme, c’est le nouvel équilibre que s’est imposé Horus.
Véritable orfèvre de la robinetterie, l’entreprise d’Obernai (Bas-Rhin) a su combiner les produits « rétro » de grand luxe qui ont fait son identité avec un design résolument contemporain, et toujours haut de gamme.
Sans cette mutation, la PME ne serait sans doute plus là.

A Obernai, Horus s’est faite sa place dans un chapelet de PME qui longe l’une des artères d’accès au centre-ville touristique. Sans véritable rapport avec le Dieu égyptien dont elle porte le nom, l’entreprise s’est créée en 1981 sur le créneau de la robinetterie de luxe d’aspect rétro. Horus fabrique des éléments sanitaires en laiton ou en chrome superbement dessinés, comme en raffolent les amateurs de beaux objets et les clients des hôtels de prestige.
Ces belles pièces mécaniques se rapprochent plus de l’horlogerie ou de l’artisanat que de la transformation métallique à laquelle elle emprunte bon nombre de fonctions – la plupart sous-traitées : fonderie, usinage, estampage, décolletage, traitement de surface… Forcément, la PME évolue dans l’univers de la petite et moyenne série : 60 pièces constituent plus ou moins la limite d’une gamme.

Tout allait bien jusqu’au début des années 2000. « Une vague de libéralisation des marchés européens a amené une invasion de produits italiens, au design très contemporain, soutenus par d’efficaces plan marketing. Les produits Horus ont été marginalisés sur le marché français, leur débouché quasi-unique. Ils évoluaient déjà dans une niche, là, on passait à la niche de niche ! », raconte François Retailleau, l’actuel président. Un développement de l’export a un temps compensé la baisse… jusqu’à la crise de 2008 qui a fait s’écrouler les commandes américaines.
C’est dans ce contexte que François Retailleau débarque dans l’histoire d’Horus. Il cherche à réorienter sa carrière vers la reprise d’entreprise, mais le moment tombe on peut plus mal. Sa « cible » est au bord du dépôt de bilan. « Moi qui m’était promis de ne pas reprendre une entreprise en difficulté… ». Cette reprise se fait malgré tout. Des personnes physiques viennent pallier la défection de fonds d’investissements qui avaient promis de s’engager, avant de disparaître dans le tourbillon de la crise.
Bientôt sept ans après, « l’entreprise s’est redressée mais pas aussi vite que prévu », résume François Retailleau. Partant de 3 millions d’€, elle vise un doublement du chiffre d’affaires mais s’arrête pour l’heure à mi-chemin, à 4,5 millions d’€.

Redéfinition des gammes
La PME de 32 salariés a retrouvé l’équilibre de son compte d’exploitation à partir de 2012, ce qui lui a permis d’investir cette année-là dans la création d’un show-room de 80 m2 à Paris qui la rend visible des prescripteurs architectes et designers.
Horus a repris pied sur le marché français et poursuivi son développement à l’export qui représente désormais un peu plus de la moitié du chiffre d'affaires. « Nous avons pu compter sur des contre-cycles : quand l’Amérique du Nord baissait, le Japon et la Russie étaient dynamiques, aujourd’hui la situation est inversée », souligne le dirigeant.
La planche de salut est venue d’une redéfinition des gammes. Ou plutôt de leur enrichissement. A côté du « rétro », Horus s’est mise au design contemporain, plus sobre certes, mais qui continue à sortir de l’ordinaire pour justifier des prix élevés.
Selon François Retailleau, « la remise à plat nous a fait conserver la même clientèle qu’avant » : des particuliers fortunés, des hôtels 4 et 5 étoiles, pas les chaînes mais les indépendants - l’extension du Régent Petite France à Strasbourg fait partie des références récentes -. Le contemporain représente 40 % des débouchés en France.
A l’export par contre, c’est le style ancien « emblématique d’une certaine élégance à la française sans égal parmi les concurrents étrangers » qui continue à être réclamé. Il concentre plus de 90 % des ventes. Le jour de notre visite, une caisse était en partance pour le palais royal de Thaïlande… Pour souligner son savoir-faire quasi-artisanal, la PME a sollicité avec succès l’obtention du label Entreprise du patrimoine vivant.
La distribution de ses produits passe comme avant par le négociant professionnel. On imagine mal le robinet Horus trôner au milieu de la quincaillerie d’une grande surface de bricolage…

Qui est François Retailleau ?
Le dirigeant vient de Vendée, où il partage son nom très courant, sans lien de parenté, avec le sénateur et président du conseil départemental Bruno Retailleau. Diplômé de Sup de Co Angers, il a fait carrière dans la finance, plus particulièrement le crédit-bail immobilier au sein d’une structure de la Caisse des dépôts.
C’est alors qu’il est repéré par Alsabail, la société alsacienne de crédit-bail immobilier où il entre à la fin des années 1990 pour, au bout d’un an, en prendre la direction générale. Un poste occupé jusqu’en 2008 où François Retailleau concrétise son envie de passer de l’autre côté de la barrière, lui qui accompagnait les dirigeants d’entreprise. A 52 ans, il ne regrette pas le choix d’Horus malgré le contexte compliqué de sa reprise.
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