Le numéro un mondial du transport maritime de bières, vins et spiritueux à Beaune (Côte-d'Or) fait réaliser, dans le cadre d’un consortium, un voilier transatlantique capable d’accueillir de 2.000 à 3.000 conteneurs. Une prouesse technique d’un coût minimum de 10 millions d’€ et opérationnel à l’horizon 2023-2024.
Hillebrand ferait-il mentir à 50 ans d’intervalle le Général de Gaulle qui, dans un discours élyséen du 14 juin 1960, raillait avec humour « la splendeur de la marine à voile et le charme du temps des équipages » ? Le numéro un mondial du transport maritime de bières, vins et spiritueux - 90.000 conteneurs, équivalent vingt pieds, dits communément EVP - entend à l’horizon 2023-2024 leur redonner des lettres de noblesse pour le transport de conteneurs.
« Dans le cadre d’un consortium, nous faisons concevoir un voilier capable de transporter jusqu’à 3.000 conteneurs sur la ligne transatlantique Le Havre - New-York et ce, à raison de 10 à 12 rotations par an », explique Yvan Astier, le directeur général France de ce commissionnaire de transport, comprenez l’organisateur entre l’expéditeur et l’importateur.
Selon les options choisies, soit la reconfiguration d’un navire existant ou une construction navale pure et dure sur plan, l’investissement variera considérablement. « Il ne devrait toutefois pas être inférieur à 10 millions d’€ », souligne le directeur général. Le navire à voile rigides et à énergie hybride (gaz ou hydrogène), sera ensuite affrété avec une garantie d’espaces loués, comme sur un porte-conteneurs classique à énergie purement fossile.
Délais et tarifs équivalents

Un autre projet sérieux et concurrentiel du même type est dans les cartons. Et qui dit sérieux, ne dit pas voilier reconverti pour trois ballots de coton et quatre barriques de vin… « Nous voulons de notre côté organiser un transport digne de ce nom, respectant les mêmes délais et à des tarifs équivalents à ce qui existe sur le marché », assure Yvan Astier.
L’homme est plus que crédible dans son propos et dirige sur Beaune (Côte-d’Or) et Bordeaux, la filiale française d’un « paquebot » international, anciennement présidé par le Bourguignon Gérard Desbois, qui pèse 1,2 milliard de chiffre d’affaires, emploie 2.700 salariés et dispose de 50 implantations internationales.
Version française, ce sont 320 personnes qui assoient pour Hillebrand une activité de 150 millions d’€, dont 25% de transport routier pour relier les ports ou finaliser le dernier kilomètre de livraison et moins de 10% dans la gestion de stocks sur 23.000 m2 d’entrepôts, parfois dédiée à des collectionneurs de nectars vintages.
Tous les négociants viticoles exportateurs de France et de Navarre, ou presque, font appel à ce commissionnaire de transport, qui revendique 0,50 % de non qualité. « Mais vous savez, dans notre métier, ce sont les seuls défauts que l’on remarque », note avec humour le patron national d’Hillebrand.

L’entreprise française a subi elle aussi la crise sanitaire (- 8% d’activité), surtout entre mi-mars et mi-mai 2020, mais repart du bon pied, sauf à considérer qu’à chaque instant il faut trouver la bonne solution comme on peut, les Etats-Unis mettant le prix et lessivant le marché des porte-conteneurs. Et que dire des conséquences du Brexit, le Royaume-Uni étant grand consommateur de vins blancs français.
« De 72 heures avant cette rupture, nous sommes passés à 15 jours d’acheminement en raison de véhicules bloqués à une douane britannique qui se reconstruit petit à petit », pointe amer le dirigeant. Pour se diversifier, l’opérateur logistique vient de racheter VignobleExport, une PME d’Orléans (2 millions d’€ de chiffre d’affaires), spécialisée dans le transport de petites quantités, de l’échantillon, au caisson de six flacons, à la bouteille hors-norme pour un événementiel ou un collectionneur averti.
Qui est Yvan Astier ?

Formé à l’expertise comptable et à l’audit financier, métier qu’il exerce cinq années, ce polyglotte et globe-trotter dans l’âme rejoint le logisticien Excel (repris par DHL) comme directeur financier. Un poste qui le conduit un temps à Dublin dans le cadre d’un service partagé. Yvan Astier décide ensuite en 2005 de voler de ses propres ailes et reprend avec un associé une société informatique.
L’appel du grand large et, ce n’est pas un mauvais jeu de mots, le fait rencontrer courant 2008 Gérard Desbois, le président du groupe Hillebrand. Les deux hommes se comprennent immédiatement et le voilà directeur financier France et Espagne. Quelques années plus tard, en 2012, cet homme de 54 ans prend la direction d’Hillebrand France.
Mieux connaître la filière viti-vinicole en cliquant sur le logo
Merci à Hillebrand et M. Astier de mettre en lumière les efforts visant à concilier les besoins logistiques et un meilleur respect de l'environnement.