Le spécialiste des engins de logistique basé à Héricourt (Haute-Saône) consolide son profil d'acteur de la réindustrialisation française : il mise sur le site de Saint-Vallier, où se trouve déjà sa filiale Métalliance, pour assurer le développement de sa production, notamment celle destinée au marché nord-américain. La création de 150 à 200 emplois devrait en résulter.


Gaussin revient de loin et se sent pousser des ailes. L’entreprise avait connu des difficultés à la fin des années 2000, avant son entrée en bourse sur Euronext Growth en 2010. C’est à cette époque que le groupe basé à Héricourt (Haute-Saône), qui se revendique comme « le leader du transport propre et intelligent de marchandises », était entré au capital de Métalliance, le constructeur, à Saint-Vallier (Saône-et-Loire), de véhicules multiservices pour les secteurs de la route et des énergies.

Depuis 2020, Gaussin a racheté la quasi-totalité du capital de Métalliance, auquel il confie une partie de la production de ses engins. Il connaît une croissance spectaculaire, son chiffre d’affaires ayant bondi de 4 millions d’€ en 2018 à 57,3 millions d'€ en 2022. Et la croissance n’est pas prête de se tarir, grâce au marché nord-américain où le groupe de Haute-Saône envisage un chiffre d’affaires de 200 millions de dollars à l’horizon 2025.

Cette augmentation de l’activité de la filiale Gaussin North America s’explique par la commande de plusieurs centaines de tracteurs de parc électriques – 350 à livrer d’ici à la fin de l’année –, destinés à remplacer les véhicules diesel qui équipent les ports et les parcs logistiques américains.  

 

pvf2023

 

L’activité du groupe sera dopée également par la production des navettes électriques autonomes Arma et EVO, suite au rachat de la société Navya, en association avec le Japonais Macnica Mobility – l’entreprise de Villeurbanne était en liquidation, les repreneurs s’engageant à conserver 143 des 200 salariés.

Enfin, Métalliance continue de connaître le succès sur ses marchés de prédilection : le creusement de tunnels. Inventeur du train sur pneus – des engins permettant d’approvisionner en voussoirs les chantiers de percement grâce à des engins sur pneus plutôt qu’à des trains sur rails –, le fabricant a signé des contrats pour 31 véhicules en 2022. Das cet ensemble, 12 exemplaires sont destinés à la construction du métro de Sydney, trois à celle du métro de Singapour, quatre à la réalisation construction de la ligne à grande vitesse italienne Naples-Bari

L’entreprise de Saône-et-Loire, forte de 140 collaborateurs et qui vient de fêter son centenaire, a vu son chiffre d’affaires grimper de 34 % entre 2021 et 2022, pour atteindre 44,2 millions d'€.  

 

28 000 m2 de bâtiments industriels supplémentaires

tracteur hydrogène
Un véhicule tracteur à l'hydrogène, marque d'identité du groupe Gaussin.

 

L’enjeu pour le groupe Gaussin consiste donc désormais à suivre le rythme de cette production grandissante. Le choix stratégique opéré par Christophe Gaussin, c’est celui du renforcement du site industriel de Saint-Vallier. Le P-DG du groupe a saisi l’opportunité offerte par la fermeture, fin 2020, de l’usine Konecranes (ex-site PPM, Poclain Potain Matériels), à proximité immédiate des locaux de Métalliance. Fin douloureuse pour une histoire industrielle démarrée en 1967.

Mais la friche industrielle n’en sera pas restée une très longtemps. Le projet, conduit en partenariat avec la communauté urbaine Creusot-Montceau et la Société d’économie mixte pour la coopération industrielle en Bourgogne (Semcib), prévoit, sur ce site de 13,6 hectares, de créer 8.000 m2 supplémentaires pour la production des véhicules Métalliance, auxquels s’ajoutent 18.000 mpour les engins portuaires destinés aux États-Unis, et 2.000 m2 pour  les navettes autonomes.

 

salon hydrogene

 

Dès 2024, le site industriel de Saint-Vallier ainsi dynamisé permettra la production de 800 ATM (engins de déplacement des camions en zones logistiques) et de 400 APM (tracteurs pour conteneurs) de plus chaque année. Et l’extension se traduira par 150 à 200 créations d’emplois.

 

Gaussin à l’Élysée

navya
L'entreprise familiale de Haute-Saône a franchi un cap en avril dernier avec la reprise de Navya, le pionnier lyonnais du véhicule autonome qui s'était retrouvé en redressement judiciaire. Elle vise pour sa nouvelle filiale un bond du chiffre d'affaires de 23 millions d'€ cette année à 120 millions dès 2025.

 

Le financement de ce développement passe, pour le groupe Gaussin, par une levée de fonds de 30 millions d'€ dont 8 via un canal original : un appel à l’investissement participatif via la plateforme Lumo, spécialisée dans le financement de projets liés à la transition écologique. L'initiative a rencontré un succès immédiat : la première tranche, d’un montant de 4 millions d'€, a été bouclée en deux jours, auprès de 722 investisseurs ; une seconde de 2 millions d'€, ouverte le 15 juin, a été menée à bien en moins de 24 heures. Signe que Gaussin, qui travaille désormais, tout comme sa filiale Métalliance sur la conception de véhicules électriques et à hydrogène, a le vent en poupe. D’ailleurs, les 1er et 2 juillet prochains, elle sera l’entreprise de Haute-Saône retenue pour présenter ses dernières innovations à Paris dans le cadre de la grande exposition du Fabriqué en France au palais de l’Élysée.

Photos fournies par l'entreprise.

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