
INNOVATION. Editeur de solutions informatiques à Saint-Vit (Doubs), For-Age a de grandes ambitions.
Son projet de solveur de tournées, destiné à assurer une parfaite traçabilité des prélèvements sanguins pendant leur transport jusqu’au laboratoire de biologie médicale, esquisse un marché estimé à plus de 13 millions d'€.
Car la logistique représente aujourd'hui le 2ème poste de dépenses des laboratoires d'analyses médicales.
Labellisée par le Pôle Véhicule du futur, et soutenue par l’institut Femto-ST, l'innovation a été présentée hier à Besançon.
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Officiellement lancé le 1er septembre à Besançon en présence de ses partenaires - l'institut Femto-ST, le Pôle Véhicule du Futur et BpiFrance -, le projet Biosolveur, piloté par la start-up For-Age, esquisse d'intéressantes perspectives économiques pour les laboratoires d'analyses médicales.
Gérard Vanca, le dirigeant de la start-up informatique de Saint-Vit (Doubs), a imaginé un « solveur de tournées ».
L'idée est d’optimiser les déplacements des coursiers en charge de ramener les échantillons au laboratoire, mais également aux infirmières libérales et préleveurs des laboratoires.
Déjà l'an dernier, dans la perspective de l’obligation réglementaire, dès 2016, de traçabilité des prélèvements de santé pour les laboratoires de biologie médicale, la SSII née en 1989 et spécialisée dans les solutions de santé, avait mis au point une solution baptisée Graal-Biotrack qui garantissait le suivi des prélèvements et le respect des contraintes (heure de prélèvement, température, délai, etc.).
Réalisé par un sous-traitant britannique, un petit bouchon capteur placé dans les mêmes conditions que les prélèvements signale tout dépassement de délai ou tout écart trop important de température.
« Et nous, au niveau du logiciel, nous associons le résultat aux dossiers », explique Gérard Vanca.

Un algorithme à l’étude
Cette innovation sera d’ailleurs présentée aux journées internationales de la biologie (JIB) à Paris, du 8 au 10 octobre.
« Nos clients, qui sont des groupements de laboratoires en France et désormais en Suisse, attendent cette solution qu’ils vont pouvoir tester », assure le chef d’entreprise.
Mais Gérard Vanca est persuadé que l’on peut aller plus loin encore, en organisant les tournées de collecte de façon optimale.
C’est de cette volonté de systématiser et d’industrialiser une tâche réalisée humainement qu’est né le projet Biosolver, labellisé par le pôle Véhicule du Futur au titre de « service de mobilité », programmé sur 12 à 14 mois et doté d’un budget de 350 000 €, avec des aides de Bpifrance et des collectivités locales.
Cette labellisation a aussi permis à l’entreprise de bénéficier de conseils, de contacts et notamment de la collaboration de l’institut Femto-ST.
L'unité pluridisciplinaire de recherche du CNRS et de l'Université de Franche-Comté planche sur un algorithme de calcul pour développer et tester le fameux « solveur de tournée ».
Un marché de 13,2 millions d’€
Pour les laboratoires d'analyses, les perspectives économiques sont intéressantes.
Le gain en coûts de logistique est estimé à 30%, sans compter une réduction des rejets de CO2.
Car aujourd'hui, on estime que 30 à 50% des analyses réalisées par les laboratoires proviennent d'une zone géographique éloignée.
« Les laboratoires se sont regroupés pour mutualiser leurs investissements mais, paradoxalement, ces regroupements ont fait exploser les coûts logistiques. Le transport est devenu leur deuxième poste de dépenses. Le projet Biosolver va non seulement permettre de réduire les coûts de transport mais aussi d’augmenter la qualité des échantillons », explique Gérard Vanca.
Sur ce marché de niche estimé à 13,2 millions d’€ en France, For-Age n'a pas de concurrent. Le dirigeant affirme avoir déjà des contacts commerciaux avec d’autres pays d’Europe.
Si le projet montre toute sa pertinence, l'éditeur de solutions informatiques pourrait doubler son effectif pour atteindre 10 salariés d’ici trois à cinq ans.
Sur ses cinq salariés actuels, trois sont des ingénieurs R&D qui traduisent, en solutions techniques, les idées de Gérard Vanca.

Qui est Gérard Vanca ?
Son petit accent trahit ses origines hollandaises. Mais Gérard Vanca vit en France depuis 1979 et maîtrise parfaitement la langue de Victor Hugo, comme il maîtrise celle de Shakespeare, celle des affaires et des innovations médicales mondiales.
Ingénieur en télécommunications, il a travaillé pour le CHU Jean-Minjoz à Besançon avant de créer son propre cabinet de conseil puis, en 1989, de lancer For-Age, SSII qui s’est recentrée, en 2010, sur le développement des applications innovantes basées sur les mobilités et la traçabilité.
« Avec une particularité », précise-t-il : « l’application en temps réel ».
Gérard Vanca a toujours travaillé dans le monde médical qui le passionne, et avait créé For-Age après avoir détecté un besoin social - son autre dada - celui d’une solution facilitant le maintien à domicile des personnes âgées.
Trop tôt par rapport au marché, on ne parlait pas encore de la « silver économy ».
L'idée n’est pas abandonnée mais c’est le contexte de regroupement des laboratoires de biologie médicale qui a fourni l’opportunité d’une autre application qui a abouti au projet Biosolver.