Malgré les difficultés conjoncturelles, le fabricant de produits de construction en acier Fimurex Planchers adopte une stratégie résolument offensive. L’entreprise de 178 salariés, filiale à Woippy (Moselle) du groupe Saintex, œuvre à renforcer l’attractivité de ses métiers en misant notamment sur l’amélioration de l’environnement de travail.


Fimurex Planchers n’a pas réinventé la poudre pour attirer les dix profils qui manquent à ses ateliers de Woippy (Moselle), au nord de l’agglomération messine où est également implanté son siège. L’entreprise de métallurgie de 178 salariés (chiffre d’affaires de 89 millions d’€ en 2021) préfère déployer une palette de solutions de bon sens.

« Miser sur la qualité de vie au travail est essentiel pour renforcer l’attractivité. En effet, notre PME doit rivaliser au quotidien avec les gros employeurs du territoire qui se nomment Amazon, Stellantis ou encore ThyssenKrupp Presta. Ces difficultés de recrutement sont encore renforcées par la proximité géographique du Luxembourg et ses niveaux de rémunération très attrayants », résume le directeur, Pierre Lambert.

Dès lors, Fimurex Planchers consacre des moyens financiers à l’amélioration des conditions de travail. L’industriel a récemment investi 273.000 € dans un système d’aspiration des poussières irritantes issues des savons de laminage et il planche sur leur réintégration dans son process. Il applique des solutions techniques pour réduire le port de charges ou encore la méthode des 5S pour améliorer la productivité et diminuer l’accidentologie. Il annonce avoir consacré 1,2 million d’€ en six ans dans l’organisation d’une semaine annuelle de la sécurité au travail. Il prépare pour 2023 une nouvelle gamme de produits plus performante sur le plan du bilan carbone.

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L’entreprise a investi 273.000 € dans un système d’aspiration des poussières de savons de laminage. © Fimurex Planchers


Autre objectif : fidéliser le personnel féminin, mais aussi ses travailleurs temporaires. « Cet été, j’ai créé un poste d’entretien afin de maintenir dans l’entreprise deux intérimaires pendant les deux semaines de fermeture d’août et éviter ainsi qu’ils aillent signer des contrats ailleurs », détaille Pierre Lambert. 

L’alternance constitue le principal levier du site de Woippy pour recruter - une douzaine de jeunes ont été intégrés ces dernières années. Parmi eux, Clément Dufour, 23 ans, signera son CDI au 1er octobre prochain au poste de responsable hygiène, sécurité et environnement (HSE) après trois années de formation en alternance.

Le diplômé d’un master de l’École des métiers de l'environnement et de la qualité (ISEQ) à Metz aura notamment pour mission de développer la politique RSE (responsabilité sociétale de l’entreprise). « De plus en plus de PME s’y mettent ! C’est d’autant plus important qu’en matière de biodiversité par exemple, les recommandations actuelles vont se transformer à terme en règlementations », explique le jeune diplômé.

 

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 Répondre à deux défis

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Pierre Lambert (à gauche), directeur et Clément Dufour, futur responsable hygiène, sécurité et environnement. © Philippe Bohlinger


En parallèle, la société est aux prises avec un double défi : la contraction de son principal marché, la construction de pavillons individuels ; et la hausse des prix des matières premières. Elle répond au premier par une stratégie de diversification dans le marché des prémurs et des prédalles (8% du chiffre d’affaires aujourd’hui) afin d’être davantage présente sur les chantiers de grands ensembles résidentiels ou tertiaires.

La PME dispose de moins de marges de manœuvre en revanche sur le second volet. Elle subit les variations des prix des bobines de fil machine dont elle achète 42.000 tonnes chaque année, principalement auprès de Riva à Neuves-Maisons (Meurthe-et-Moselle).

« Alors que nous vendions la tonne de fil cranté pour armature de structures en béton à 685 € en avril 2021, nous avons porté le tarif à 1.350 € un an plus tard. Actuellement, j’ai dix jours de visibilité sur les prix de l’acier... J’anticipe du mieux possible en commandant un surplus de 10% sur mes besoins réels d’octobre, mais si les prix fluctuent de 100 € à la baisse, je démarrerai le mois avec 100.000 € de pertes… Nous ne sommes pas des traders, notre métier n’est pas de spéculer. »

 

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Reste à voir aussi comment l’aciérie électrique de Neuves-Maisons qui le fournit s’adaptera elle-même au renchérissement des coûts énergétiques et jusqu’à quel point elle le répercutera. 

 

Le groupe Saintex à la manœuvre

Née avec la sidérurgique lorraine sous le nom de Davum, l’entreprise a participé dans les années 1980, sous la propriété du géant Usinor-Sacilor, à l’élaboration de standards dans les produits de construction. Fimurex Planchers produit de nombreuses gammes d’aciers (ronds à béton, treillis soudés, poutrelles, raidisseurs, etc.) et collabore avec 70 partenaires pour l’enrobage béton de ses produits. La société est constituée de cinq établissements : le siège et les ateliers de Woippy, le site d’enrobage de Maizières-lès-Metz (Moselle), les ateliers de métallurgie de Laudaul (Morbihan), l’entrepôt de Fos-sur-Mer (Bouches-du-Rhône) et les ateliers de Villers-Cotterêts (Aisne).

La cession en juillet 2021 du groupe familiale Experton, auquel elle appartenait, à six cadres a ouvert un nouveau chapitre de son histoire séculaire. Les nouveaux propriétaires ont formé le groupe Saintex, fort d’un effectif de 1.600 personnes.

 

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