RELATION CLIENT/FRANCHE-COMTÉ. La start-up bisontine a doublé son effectif entre 2013 et 2014. Elle a passé le cap du million d’€ de chiffre d’affaires et vient de s’installer dans des locaux plus grands.
Erdil a mis au point un logiciel de traitement automatique des langues, qui permet d’extraire de millions de messages, des informations pertinentes et utiles au plan commercial.

Leroy-Merlin fut le premier client d’Erdil, en 2007, et la responsable des relations clients du groupe de bricolage est aujourd’hui la meilleure ambassadrice de la société bisontine spécialisée dans l’analyse des messages clients, raconte Séverine Vienney, P-DG de la start-up, basée à Besançon. Erdil avait été créée cette année-là pour exploiter une solution logicielle d’extraction d’informations développée avec le laboratoire de traitement automatique de langues de l'Université de Franche-Comté.
Son logiciel réalise « une analyse sémantique de texte plus poussée et plus pointue que nos concurrents du textmining », assure t-elle. « Il ne se contente pas de repérer des mots-clés, mais décrypte le langage naturel et automatise sa compréhension à partir d’une grammaire linguistique à la carte ».
Concrètement, la solution d’Erdil analyse les messages des clients d’une entreprise (réponses à des sondages, e-mails spontanés, notifications Facebook ou Twitter, messages téléphoniques) qui, passés au filtre de leur propre grammaire, va procéder à une analyse automatique et livrer des informations utiles sur la satisfaction ou l’insatisfaction des clients, le risque de perte de clients, l’imminence de ce risque...
Digérés dans la nuit
D’autres grandes entreprises ont rapidement rejoint Leroy-Merlin. « Nous comptons 13 grands comptes parmi nos clients aujourd’hui », assure la dirigeante. Grande distribution, banque, assurance, téléphonie mobile… : la chef d'entreprise vise en particulier les grands comptes.
« La plus grosse volumétrie, ce sont les opérateurs télécoms qui reçoivent jusqu’à 3 000 messages par jour, que nous analysons dans la nuit pour que nos clients trouvent les résultats en arrivant au bureau le matin », ajoute Guillaume Robardet, directeur adjoint de la petite entreprise.
Orange, SFR, LCL, PSA, Groupama, Cofinoga, Pierre et Vacances, Allianz… puis, Promod et Savelys en 2014, sont devenus des clients réguliers d’Erdil qui explique ce succès « par le fait que nous sommes force de proposition ; nous ne les laissons pas jouer tous seuls avec les résultats ».
La petite entreprise avait passé quelques mois en incubateur avant d’intégrer la pépinière d’entreprise de Temis Innovation, dans les mêmes lieux, puis de déménager dans des locaux propres en 2009, dans le bâtiment voisin de Temis Center 2.
L’effectif ayant doublé en un an, Erdil a récemmement a pris possession de locaux plus vastes - 330 m2 -, toujours sur le technopole bisontin.
Des clubs utilisateurs
L'effectif de 18 personnes est constitué de linguistes formés au laboratoire Lucien Tesnière de l'Université de Franche-Comté et d'informaticiens dont certains dédiés à l’interface graphique.
Les recrutements continuent : un directeur commercial qui sera basé à Lille ou Paris, devrait prochainement rejoindre l’équipe. Quant au chiffre d’affaires, il a dépassé la barre symbolique du million d’€ en 2014.
Pour animer son réseau et créer une émulation, Erdil organise deux fois par an, à Paris, des petits événements pour ses deux clubs utilisateurs (treize entreprises pour une centaine d’utilisateurs) qui, chacun, apportent leur expérience. « C’est multisectoriel, du coup les utilisateurs montrent leurs résultats sans problème », raconte Séverine Vienney.
La start-up initie aussi des tables rondes, deux fois par an, toujours à Paris. Ces ateliers privés où elle invite des prospects ont lieu au salon Ladurée, sur les Champs Elysées. Car relation client et macarons font bon ménage, constate avec gourmandise la jeune femme.
Qui sont Séverine Vienney et Guillaume Robardet ?
Séverine Vienney et Elena Morgadinho, deux jeunes chercheuses du laboratoire Lucien Tesnière de traitement automatique des langues (Université de Franche-Comté), ont fondé Erdil après avoir développé, dans le cadre de leurs recherches, une solution d’analyse fine des verbatim pour Nestlé.
C'est d'ailleurs le groupe alimentaire qui a soufflé aux deux linguistes de se lancer dans la création d’entreprise, considérant que leur solution était une pépite à explorer.
Les deux jeunes femmes ont embarqué avec elles une bonne partie de l’équipe des huit chercheurs qui avaient planché avec elles sur le projet. La majeure partie est toujours dans l’entreprise.
C’est le cas de Guillaume Robardet, qui a été de toute l’aventure et est le directeur adjoint depuis juin 2013. Linguiste, il est un bras droit idéal pour Séverine Vienney dans le cadre du développement de l’activité et de l’effectif. Elena Morgadinho, elle, est partie pour d’autres aventures quelques années après le lancement, laissant Séverine Vienney au pilotage.
Photos fournies par l'entreprise.
Merci reçu à la rédaction : Madame, Je me permets de vous écrire car j'ai lu avec intérêt votre article intitulé « La linguistique d'Erdil fait recette » mais souhaitais cependant faire une remarque concernant l'emploi de l'anglicisme e-mail. En effet, il serait plus correct d'utiliser courriel, largement répandu sur les sites internet français et employé quotidiennement dans la presse francophone internationale. Serait-il donc possible de l'employer également dans vos prochains articles ? Cela améliorerait indéniablement la qualité de langue et aurait donné dans le cas présent la phrase suivante : « Concrètement, la solution d’Erdil analyse les messages des clients d’une entreprise (réponses à des sondages, courriels spontanés, notifications Facebook ou Twitter, messages téléphoniques) (...). » L'anglicisme est à éviter dans tous les cas, ce pour plusieurs raisons : 1) Il est condamné par tous les organismes traitant de la langue française, de l'Académie française à l'Office québécois pour la langue française. Même Le Petit Robert recommande de l'éviter (mention ANGLIC. devant sa définition). 2) Il ne respecte aucunement les règles d'orthographe et de prononciation de notre langue car il devrait normalement rimer avec rail, bail ou émail, ce qui n'est pas le cas, et le préfixe « e- » n'existe pas en français. 3) Il fait double emploi avec courriel, qui est maintenant largement répandu dans les pays francophones d'Europe. À tel point que d'innombrables étrangers l'emploient également sur leurs versions en français, comme on peut le constater sur des centaines de milliers de sites internet anglais et allemands : https://www.google.fr/#q=site:.de+courriel https://www.google.fr/#q=site:.uk+courriel Je profite de l'occasion pour vous transmettre le lien du grand dictionnaire terminologique (qui contient tous les équivalents français des anglicismes). À utiliser lors de la rédaction des prochains articles : http://www.granddictionnaire.com Bien à vous Daniel De Poli