Le spécialiste de l’insertion des personnes éloignées de l’emploi Valo’ à Florange (Moselle), entame un prodigieux changement d’échelle. A l’horizon 2025, cette PME de 50 salariés compte avoir quadruplé ses effectifs en parcours d’insertion et avoir atteint 22 millions d’€ de chiffre d’affaires. La pertinence de son modèle, soutenu par les fonds du Plan de relance et une levée de fonds de plus de 2 millions d’€, est confirmée par les besoins en recrutement des entreprises.
« Nous avons fait le pari de l’inclusion par l’activité économique en investissant dans la formation des personnes en contrat d’insertion », résume Philippe Lerouvillois, le président de Valo’ à Florange (Moselle). En cette période de relance, la PME spécialisée dans l’insertion des personnes éloignées de l’emploi (50 salariés) donne un sérieux coup d’accélérateur à sa stratégie. A l’horizon 2025, elle ambitionne rien moins que d’atteindre 440 équivalents temps-plein en parcours d’insertion, contre 95 à l’heure actuelle. Sur le même intervalle, son chiffre d’affaires devrait selon ses projections passer de 4 millions d’€ en 2020 à 22 millions d’€.
Pas d’appétit démesuré du côté de cette société coopérative, mais la nécessité d’atteindre une taille critique, indique la direction qui a pour références les groupes Demain (Doubs) ou encore Trait d’Union (Vendée). Afin de concrétiser ses objectifs, une levée de fonds de 2,1 millions d’€ est en cours de bouclage. Les 495.000 € collectés cet été sur la plateforme de financement participatif Lita.co devraient être abondés par le fonds NovESS, la Banque des Territoires (Caisse des dépôts) et la Caisse d’Epargne Grand Est Europe.
Parallèlement l’entreprise a obtenu 1,6 million d’€ de subventions d’investissement dans le cadre du Plan France relance. Des financements qui devraient permettre à l’entreprise de mener à bien ses projets dans ses trois champs d’activité : l’intérim, la propreté et le traitement des déchets.
Dans les fonds débloqués en raison de la pandémie, Philippe Lerouvillois identifie une opportunité « historique » de changer d’échelle. Il cite également le pacte signé en février 2020 entre l'État et les acteurs de l'insertion en vue de doubler des offres en intérim d'insertion d'ici 2022. L’entreprise a ainsi commencé à mailler le Grand Est d’un réseau d’agences spécialisées. En complément de Florange, elle a ouvert Nancy (Meurthe-et-Moselle), Reims (Marne) et Saint-Avold (Moselle) au premier semestre et s’implante à Epinal (Vosges) cet automne.
« Le nombre de contrats à durée déterminée d’insertion (CDDI) était très contingenté. Mais la délégation générale à l’emploi et à la formation professionnelle a ouvert les vannes pour ce type de contrat aidé de 24 mois maximum », commente le président de Valo’. « Parallèlement, le regard sociétal sur les problématiques d’inclusion a changé dans un contexte où les entreprises peinent à recruter. Il n’est pas pour autant plus simple de recruter des personnes éloignées de l’emploi. Nous prospectons tous azimuts dans les centres d’hébergement et de réinsertion sociale, auprès des missions locales, sur les places de marché, etc. »
Parallèlement à sa croissance, l’entreprise espère maintenir sa vitesse de croisière de 80% de « sorties dynamiques », autrement dit de salariés décrochant un emploi conventionnel (60%) ou une formation (20%) à l’issue de leur passage dans l’entreprise d’insertion.
Une filiale de collecte des plastiques en déchetterie

Second étage du projet de développement, l’activité de traitement des déchets (polystyrènes, fenêtres, huiles usagées) monte en puissance. Cet automne, Valo’ lance sa filiale Triplast, spécialisée dans la collecte des plastiques (PVC, PE, PP, etc.) dans les déchetteries. Un investissement de 550.000 € en équipements (camion ampliroll, bennes, ligne de tri manuel) prépare le démarrage de cette activité sur un terrain de 8.000 m² mitoyen de son site.
L’entreprise qui espère valoriser 70% des matières collectées conduira les premiers tests avec Haganis, la régie de l’Eurométropole de Metz, avant de l’étendre aux déchetteries de Moselle, Meurthe-et-Moselle et Meuse. Elle mobilise également 4 millions d’€ dans la création, d’ici le printemps 2022, d’une plateforme de tri des déchets du BTP sur la communauté de communes du Pays Haut Val d’Alzette, théâtre de l’opération d’urbanisme d’intérêt national Alzette-Belval, une friche à la frontière avec le Luxembourg.
L’entreprise fondée en 2000 a parallèlement engagé sa restructuration. Sa structure juridique complexe comprenant six entités, pourrait en effet susciter des difficultés de pilotage. Dans ce changement d’échelle, Valo’ est accompagné par les consultants de l’association Utopreneurs (créée par l'Union Nationale des Entreprises Adaptées et la fédération des entreprises d'insertion). Elle est également associée au groupement d’employeurs Mutascala en vue de négocier des contrats avec des grands comptes parisiens.

Le président de Valo’ a mis un pied dans l’insertion par l’activité économique il y a sept ans à l’époque où il conjuguait les activités de consultant indépendant et de professeur associé à l’école d’ingénieurs en agronomie et alimentaire Ensaia à Nancy. Philippe Lerouvillois avait été sollicité par la Fédération des entreprises d’insertion, mais aussi par Valo’. L’homme ignorait à l’époque tout de cet univers qu’il décrit comme un métier de services essentiels, à faibles marges.
« L’entreprise allait dans le mur. Je l’ai redressée, puis cédée à 19 salariés et anciens salariés sous la forme d’une société coopérative. » Parallèlement, l’entrepreneur a cofondé dernièrement Ambition Inclusion en vue de fédérer les petites agences d’intérim d’insertion et leur donner du poids face au géant du secteur comme Humando (groupe Adecco) ou encore Eureka Intérim.