Une grue de 50 tonnes hisse le toit sur le clocher.
Une grue de 50 tonnes hisse le toit sur le clocher.

PATRIMOINE. La pose du clocher de l'église d'Arc-sur-Tille, hier, résulte d'une mobilisation sans pareille des habitants, paroissiens et mécènes de cette petite ville de la périphérie de Dijon.

Avec le renfort de la Fondation du patrimoine, l'association Une Eglise Pour Arc-sur-Tille (U.E.P.A) a réuni à ce jour plus de 375 000 € pour rénover l'édifice dont le conseil municipal avait en 2005 voté la démolition.

En raison du sous-sol alluvial, l'édifice s'affaissait : il a donc fallu consolider ses fondations.

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En 2016, les paroissiens d'Arc-sur-Tille pourront reprendre le chemin de leur église Saint-Martin pour célébrer un office religieux. Un événement qui n'a pas eu lieu depuis 30 ans !

En novembre 1989, suite à la chute d'une pierre, le maire décide de sa fermeture pour des raisons de sécurité. Commence alors une longue quête (dans les deux sens du terme) menée par l'association Une Eglise Pour Arc-sur-Tille (U.E.P.A).

En 2005, au grand dam de l'archevêque, des architectes du patrimoine et des habitants, le conseil municipal rejette le projet de rénovation et vote même la démolition de l'édifice non classé datant du 19ème siècle, de surcroît sans envisager une reconstruction.

Suit alors toute une période judiciaire qui se solde, au grand bonheur des habitants, par un rejet de la décision du conseil municipal par la cour administrative d’appel de Lyon.

L'église est couverte d'un toit d'une inclinaison de 30 degrés.
L'église est couverte d'un toit d'une inclinaison de 30 degrés.

Et en 2008, une nouvelle équipe municipale s'installe, décidée à sauvegarder ce patrimoine.

Les fondations prises en étau

Voilà pour l'histoire. Entrepris en avril dernier, le chantier conduit par Olivier Juffard, architecte à Seurre (Côte-d'Or), est très technique en raison du sous-sol alluvial, par nature peu stable.

La pose du toit du clocher, ce mardi 21 janvier, n'en est que la partie visible et spectaculaire.

Fabriqué par deux Compagnons du Devoir, le charpentier Richard (Dijon) et le couvreur Is Couverture (Is-sur-Tille, Côte-d'Or), le toit recouvert d'ardoises et d'une croix a été hissé au-dessus du clocher par une grue.

Guère plus d'un quart d'heure a été nécessaire pour soulever l'ensemble pesant environ 5 tonnes. L'opération s'est prolongée par la fixation du toit avec des attaches métalliques.

Les étapes antérieures ont consisté à ceinturer l'église d'une armature en béton armé afin de consolider les fondations qui s'affaissait dans le sol alluvial et de redresser les murs.

Renforcement des fondations. (Photo: Olivier Buffard)
Renforcement des fondations.
(Photo: Olivier Juffard)

Une affaire prise en main par des spécialistes, l'entreprise Aquitaine Fondations Rénovation (Gironde). Deux longrines (barres de béton) prennent les fondations en étau aux endroits les plus fragilisés : à la base du clocher, des piliers et des colonnes.

Elles reposent sur 80 micropieux enfoncés dans le sous-sol depuis une tranchée extérieure creusée à hauteur d'homme sur le pourtour de l'édifice. Fixées avec des écrous, des tiges en métal rendent solidaires les longrines et les fondations.

Le chantier va se prolonger jusqu'en 2015. Ce printemps, démarreront les travaux de consolidation de la nef, sur le même principe que ce qui a été fait l'an dernier. D'un montant de 880 000 €, la seconde tranche comprend aussi la rénovation de la charpente.

Restera une 3ème et dernière tranche d'embellissement et de confort (chauffage, électricité) pour que les paroissiens puissent prendre possession du lieu. Et quelques actions de générosité pour compléter le budget que la commune accompagne à hauteur de 20%. Hier, l’UEPA a remis à la Fondation du patrimoine la recette de la dernière collecte, un chèque de 50 000 €.

Le toit en place, les ouvriers l'ajuste avant de le fixer.
Le toit en place, les ouvriers l'ajustent avant de le fixer.

Le financement de la 1ère tranche

- Etat : 101 263 € -  Fondation du patrimoine, y compris les dons des particuliers et de mécènes : 77 000 € - Commune d'Arc-sur-Tille : 73 403 € - Conseil général de la Côte-d'Or : 65 000 € -  Ministère de la Culture : 50 000 €.

Photos : Traces Ecrites et Olivier Juffard, architecte.

2 commentaire(s) pour cet article
  1. CHEVALIERdit :

    Pour info, conférence du CEMB (Centre d'Etudes Musicales de Bourgogne) : "La représentation des musiciens et des instruments de musique à cordes dans nos églises romanes et gothiques " par Christian RAULT, luthier et organologue. Le samedi 4 avril 2020 à 15 heures, Maison des Associations (4e étage), rue Poterne, Beaune. Entrée libre. Né en 1952, ancien élève de l’Institut International de Lutherie de Cremona (Italie), Christian Rault est luthier, spécialisé dans la construction des instruments à archet anciens (baroques) et très anciens (Renaissance et médiévaux). Membre fondateur du laboratoire européen d’archéologie musicale 'proLyra', il a publié des livres et de nombreux articles traitant d’organologie et donne aujourd'hui des cours et des conférences dans le monde. La conférence "Représentation des musiciens et des instruments de musique à cordes dans nos églises romanes et gothiques" sera l’occasion de (re)découvrir les grandes thématiques musicales chrétiennes à travers les musiciens bibliques que sont notamment le Roi David et les Vieillards de l’Apocalypse. Nous observerons de façon détaillée leurs instruments du point de vue de la pratique musicale mais nous nous intéresserons aussi à leurs puissants contenus symboliques. Après avoir abordé ces représentations laudatives témoins de l’importance de la musique sacrée au Moyen-Âge, la conférence aborde les instruments plus populaires et les images beaucoup moins révérencieuses de pratiques clairement condamnées par l’Église et le plus souvent reléguées à l’arrière et à l’extérieur des édifices, sur les modillons des absides. Contact: cembbourgogne1@gmail.com

  2. CHEVALIER Pierredit :

    Merci pour ce bel exemple d'abnégation et de technicité !

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