Selon l’enquête annuelle de la Banque de France réalisée auprès des chefs d’entreprises, en 2018, l’industrie en Bourgogne-Franche-Comté s’est nettement mieux portée que dans le Grand Est où elle a connu un ralentissement sensible avant de repartir en 2019. En revanche, les investissements vont ralentir alors que dans le Grand Est, ils vont augmenter de manière significative. Dans les deux régions, les effectifs de l’industrie vont stagner.
L’industrie s’est bien portée en Bourgogne-Franche-Comté et elle prévoit un bond en avant cette année, mais les effectifs ne suivent pas. Sont-ce les investissements de productivité réalisés de manière soutenue dans l’industrie (remplacement de machines par de plus performantes) ou le manque de main d’oeuvre qualifiée ? Les deux à la fois, résume François Bavay, directeur régional de la Banque de France de Bourgogne-Franche-Comté qui présentait hier, 12 février à Dijon, le bilan 2018 et les perspectives 2019 de l’activité économique, par le filtre des entreprises. Ce sont les chefs d’entreprises eux-mêmes (1.496) qui analysent leurs résultats et exposent leurs prévisions dans un questionnaire élaboré par la Banque de France.
Tous secteurs confondus, en 2018, l’activité économique en Bourgogne-Franche-Comté a été soutenue – bien qu’il faille mettre des bémols selon les secteurs –, certes moins qu’en 2017 qui avait été « excellente », et elle le restera encore cette année. Mais les investissements, dynamiques en 2018, sont en baisse.

• Industrie : bonne activité, mais peu d’embauches
A part le secteur de l’électronique (recul de 14%) qui a subi des revers à l’exportation, l’industrie s’est bien portée en 2018 avec des chiffres d’affaires en progression allant de 5% dans l’agro-alimentaire jusqu’à 13% pour le secteur des matériels de transport (en moyenne, 2,7%). 2019 sera encore meilleure. Les chefs d’entreprises prévoient une hausse globale de leur chiffre d’affaires, de 6,9%, trois fois plus importante que'en 2018. Mais il y aura moins d’embauches que l’an passé, marqué par des effectifs en faible progression.
L’an dernier, l’industrie a continué d’investir sur sa lancée de 2017 (+4,8%) mais cette progression s’arrêtera là. Les intentions d’investissement seront en recul : il semble que la modernisation des équipements et les gains de productivité ou de capacité qui en découlent soient pour l’instant suffisants pour suivre le rythme des commandes.
• Transport et logistique : les embauches ralentissent
Le secteur a beaucoup embauché en 2018 (les effectifs ont cru de 9,7% par rapport à l’année précédente) pour répondre à une activité en hausse (+5,5%). Les recrutements vont ralentir cette année (+1,1%), alors que l’activité suivra la même progression en valeur (+5,3%). La branche du transport et de la logistique avait par ailleurs fortement investi (+11,8%). Elle fait une pause en 2019.
• Bâtiment et travaux publics : toujours de l’embauche
Ce sont les travaux publics qui ont accompagné le mieux la croissance du secteur en 2018, avec une hausse du chiffre d’affaires de 8,2%. Principalement en raison de marchés décrochés en dehors de la région Bourgogne-Franche-Comté, commente la Banque de France. Les entrepreneurs des TP prévoyaient en début d’année, seulement 2% ! Leurs prévisions pour 2019 sont plus optimistes qu’il y a un an avec +5,5%. Les embauches vont se poursuivre sur la même lancée, autour de 1,5%. En revanche, les investissements sont stoppés pour l’instant.
La construction a été moins dynamique avec +1,9% pour le gros oeuvre et 2,6% pour le second oeuvre et ce secteur prévoit à nouveau une croissance cette année, mais de moindre ampleur.
Dans le Grand Est (**), après une nette embellie en 2017, l’activité économique a marqué le pas au tournant de l’année 2018. La tendance la plus marquante est le ralentissement sensible dans l’industrie. La dégradation du climat des affaires a en revanche été plus modérée dans le secteur des services marchands et de la construction. Pour 2019, une embellie se profile et les investissements reprennent.
• Industrie : une hausse des investissements de 16,6%

Les 720 entreprises industrielles qui ont rempli le questionnaire de la Banque de France, représentant 62,6% des effectifs de l’industrie manufacturière, ont constaté une croissance modérée de leur chiffre d’affaires en 2018 (+1,5%), en-deçà des prévisions formulées un an plus tôt à 3,5%. Les équipementiers automobile sont les premiers à avoir senti cette inflexion. Dans l’agroalimentaire où le chiffre d’affaires a été stable, seul le secteur de la transformation de la viande affiche une progression significative de 3,2%.
Pour 2019, les voyants sont au vert dans tous les secteurs de l’industrie. Les 1.792 chefs d’entreprise interrogés par la Banque de France affichent leur optimiste avec des prévisions en hausse de 4,2% qui atteindraient même 13,1% dans le matériel de transport, en réponse aux projections de commandes des constructeurs automobile.
La fabrication d’équipements électriques et autres machines reste dynamique avec une croissance de 5,7%, tirée par les exportations. Les transports et l’entreposage progressent eux aussi (+5%), ainsi que, mais dans une moindre mesure, les fabricants d’équipements et de machines, et l’industrie agroalimentaire (+2,6%).
La progression de l’activité s’accompagnerait d’une reprise significative des investissements (+ 16,6% contre 1,9% en 2018), surtout dans l’industrie chimique, pharmaceutique, automobile et la métallurgie. Cependant dans tous les secteurs industriels, les effectifs resteront peu ou prou au niveau d’aujourd’hui.
BTP : hausse modérée du chiffre d’affaires et des effectifs

En 2018, la construction poursuit sa croissance amorcée en 2017 avec une production en hausse de 2,1%. Les métiers du second oeuvre en ont le plus profité grâce à la rénovation de logements. Les travaux publics ont vu leur chiffre d’affaires progresser de seulement 1,9% après un fort rebond en 2017 (+9,2%). Les effectifs ont globalement progressé (+ 2,9%), malgré des difficultés de recrutement que les chefs d’entreprise ont compensé par de la main d’œuvre intérimaire (+ 5,9%), notamment dans les travaux publics (+ 12,7%).
En 2019, le bâtiment prévoit une progression du volume d’affaires de même niveau que 2018, de 2,4%. Pour les travaux publics, elle est évaluée à 2,8%. Le gros oeuvre se distingue avec de meilleures prévisons (+ 4,1%), mais les embauches ne suivront pas : « La diminution d’effectifs attendue dans le gros oeuvre (- 1,7%) s’explique notamment par la volonté des dirigeants de réduire leur volant d’intérimaires en 2019 (- 13,9%) », explique la Banque de France.
• Transport et logistique : nouvelle progression de l’activité et des embauches
Grâce aux croissances attendues dans l’industrie et la construction, la branche du transport et de l’entreposage prévoit une nouvelle hausse d’activité (+ 4%), cependant en-dessous de celle de l’année passée (5%). Elle s’accompagnera d’embauches, en hausse de 3,4% par rapport aux effectifs actuels. Quant aux investissements à venir, les chefs d’entreprise du secteur adoptent une attitude prudente. Ceci s’explique par le renchérissement du coût de l’énergie. 42,1% des entreprises de la branche des transports et de l’entreposage ont vu leur profitabilité se dégrader en 2018.

(*) Cette enquête présentée aux acteurs économiques le 12 février à Dijon le sera ce mercredi 13 dans l’Yonne, à Sens à partir de 16h45, au Village d’Entreprises du Sénonais, ZAC Les Vauguillettes - 1Bd des Noyers Pompons et à Auxerre à partir de 8h45, à la Pépinière d’Entreprises de l’Auxerrois , 105 rue des Mignottes. Puis le 15 février, à Chalon-sur-Saône, 12h et à Belfort, 8h30 à 10h dans les locaux de la CCI 90, 1 rue du Dr Fréry - Enfin, le 8 mars à Morteau (Doubs), 08h30 Salle des fêtes.
(**) Le bilan 2018 et Perspectives 2019 dans le Grand Est est téléchargeable sur le site de la Banque de France ici.