La société danoise qui s’est spécialisée dans le recyclage des terrains de sport synthétiques choisit Erstein (Bas-Rhin) pour implanter son usine française. Le projet se soumet à une enquête publique jusqu’à début avril pour une mise en service en mai 2023.


C’est à Erstein (Bas-Rhin) que Re-Match posera ses valises. Ou plutôt, les vieux terrains de sport synthétiques que cette société danoise qui s’est spécialisée dans ce créneau, recyclera. Elle a opté pour le Parc d’activités du Pays d’Erstein pour implanter son usine française, après avoir prospecté trois autres sites au nord de Strasbourg, dans la région mulhousienne et dans le Nord Franche-Comté.

Les 4,2 hectares qu’elle y a trouvé abriteront 8.000 m2 de bâtiments dont Re-Match espère obtenir le permis d’ici à la fin de ce premier semestre, dans le but de démarrer les travaux cet automne pour une mise en service en mai 2023. Le projet se soumet à une enquête publique d’un mois, depuis le 9 mars. « Notre implantation représente la création de 38 emplois dès sa mise en service et il mobilise un investissement supérieur à 15 millions d’€ », indique Eric Levresse, le dirigeant de Re-Match France.


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Le dossier alsacien – et la constitution du capital de Re-Match France - résultent en effet de la rencontre entre Eric Levresse (Lire encadré) passé par plusieurs étapes professionnelles, quelques investisseurs français qu’il a réunis, et les dirigeants danois de Re-Match. Ceux-ci ont alors mis en haut de la pile l’hypothèse d’une déclinaison de leur procédé dans l’Hexagone qui ne figurait pas dans les priorités premières. Finalement, la mise en service en Alsace devrait coïncider dans le temps avec celle de l’unité américaine en Pennsylvanie et suivre celle aux Pays-Bas prévue dans le second semestre 2022.

Tous ces sites appliqueront le process lancé dans l’unité-pilote de Herning au Danemark depuis 2016, mais à cadence rendue plus industrielle - 20.000 m2 par an, l’équivalent de 200 terrains de football avec ses abords par l’entrée de fonds d’investissements dans la société danoise.

 

Un taux de recyclage de 95 %

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Les gazons synthétiques usagés sont enroulés dans des sacs plastiques (eux-mêmes d’origine recyclée) vers le centre de recyclage.
En photo, celui de Herning au Danemark.


Re-Match démonte les terrains synthétiques usagés, les enroule pour les emmener en sacs plastiques (eux-mêmes d’origine recyclée) vers l’unité qui va séparer ses composants pour leur dédier à chacune leur nouvelle vie. « La fibre synthétique formant la surface ne représente que 6 % du total. L’essentiel est constitué, en couches inférieures, de sable (60 %) puis de granulés de caoutchouc eux-mêmes issus de différentes matières plastiques comme l’EPDM [sigle de éthylène-propylène-diène monomère, Ndlr] ou de pneus usagés », décrit Eric Levresse.

Les rouleaux sont déchiquetés, séchés et séparés par densimétrie. Le sable peut repartir en sous-couche de nouveaux terrains ou être revendu aux filières de la construction en fonction de sa qualité, de même que le caoutchouc usagé qui peut servir au mobilier urbain, à des tapis de sols sportifs (gymnastique) ou en industrie. « Autant de substituts à la matière vierge. Le procédé, qui dure environ 36 heures, parvient à un taux de recyclage de 95 % », ajoute le dirigeant français de Re-Match.


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Le procédé bénéfice de certifications internationales de recyclage (ETV et Eucerplast). La société danoise est pratiquement seule à œuvrer sur ce « terrain », si bien qu’en guise de concurrence, elle indique rencontrer surtout celle des pratiques traditionnelles d’élimination des vieux gazons en décharge, plus ou moins autorisées, et en incinération.

Moins vertueuses sur le plan environnemental, elles sont par contre moins coûteuses, mais selon Re-Match France, l’écart se réduit, par l’effet de l’augmentation des coûts d’élimination d’une part, sa propre capacité à réduire les siens au fil de son industrialisation d’autre part. « Nous parvenons à un niveau de 200 € la tonne qui nous rend tout à fait compétitifs », annonce Eric Levresse.

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Esquisse de la future usine de 8.000 m2 qui sera construite sur le Parc d’activités du Pays d’Erstein.

 

Re-Match entend récupérer les terrains dans un rayon jusqu’à 800-1.000 kilomètres qu’elle estime encore justifiable en terme de bilan carbone, ce qui localise son périmètre de clientèle dans « la quasi-totalité de la France, une moitié sud de l’Allemagne, la Suisse et l’Autriche principalement. Plus au nord, ce sera le champ d’action de l’usine des Pays-Bas », précise Eric Levresse.

Il s’agit donc pour la filiale française de convaincre les détenteurs des surfaces (collectivités, clubs, autres associations…) de rentrer dans sa logique d’économie circulaire. Le chemin est pris : elle annonce avoir déjà collecté par anticipation quelque 70 terrains qu’elle stocke provisoirement en attendant de les emmener à Erstein. « Cela signifie que l’unité montera en puissance dès son démarrage, avec la totalité des effectifs prévus. »

Qui est Eric Levresse ?

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Le dirigeant de Re-Match France, porteur principal du projet à Erstein, a derrière lui trois décennies de carrière professionnelle en plusieurs étapes qui l’ont rapproché du sport in fine. Il a exercé pendant près de vingt ans au sein du groupe PSA dans des fonctions de commercial et marketing surtout à l’étranger.
Ayant quitté le constructeur en 2008, il a dirigé l’agence de Strasbourg du loueur de matériel de chantier Locarest. Il a ensuite exercé dans le monde du sport, dans une société d’études pour la mesure de l’efficacité des actions de sponsoring de marques et de clubs. Le projet Re-Match a rencontré sa volonté de diriger ou reprendre une PME.

 

Photos fournies par l’entreprise.

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