RECYCLAGE/ STRASBOURG. L’industrie du déchet change de paradigme, de leur élimination à leur réemploi. Cela suppose une collecte de plus en plus fine de toutes les diversités de matériaux, auprès du grand public comme des professionnels.
En Alsace et en Lorraine, le groupe familial Schroll investit dans de nouveaux moyens de collecte et de tri comme au Port de Strasbourg, désormais adapté à de nouvelles variétés de plastiques, et un conteneur aérien ou semi-enterré pour les biodéchets.

Schroll continue à tisser sa toile. Le groupe familial de collecte et traitement de déchets va ouvrir un nouveau site à Toul (Meurthe-et-Moselle) où elle possède déjà une base logistique. Les travaux d'aménagement ont démarré en février pour une mise en service dans les prochains mois qui repousse la “frontière ouest” de l'entreprise strasbourgeoise née à la fin du XIXème siècle.
Celle-ci compte 20 implantations en Alsace et en Lorraine. La carte des sites dans sa région d'origine s'est enrichie depuis deux ans de Haguenau et Molsheim (Bas-Rhin), qui s'ajoutent aux différentes unités de Strasbourg, Colmar et Pfastatt. Ceux de Lorraine sont gérés par la filiale Citraval.
Chaque implantation est régulièrement modernisée afin d'accueillir des flux de matériaux de nature de plus en plus variée ou améliorer le tri. Un exemple récent vient de Strasbourg où son gros centre de tri, Altem, dans la zone portuaire (50.000 tonnes/an) s'est adapté à de nouvelles variétés de plastiques dans le cadre de l'extension du tri des ménages, moyennant un investissement de 6 millions d’€ ces trois dernières années.
Ce travail d'affinement est jugé indispensable pour répondre à l'évolution du monde du déchet. Car Vincent Schroll, PDG, codirigeant du groupe avec son frère Pascal, en est convaincu : cet univers a cette fois-ci définitivement changé de dimension et tourné la page de son image de secteur sale et désordonné.
Le but du zéro déchet ultime

« La notion d'économie circulaire se fait de plus en plus sa place, y compris dans le grand public. Nous nous affichons comme un représentant de son troisième pôle, la gestion positive des déchets grâce au réemploi et à la valorisation de la matière, biologique et énergétique », énonce Vincent Schroll.
Le groupe de 470 salariés s'est fixé le but d'approcher le zéro déchet ultime, celui qui finit dans les décharges rebaptisées centres d'enfouissement et mieux (?) encore aujourd'hui, installations de stockage de déchets non-dangereux (ISDND).
Dans le “match” entre le porte-à-porte (le ramassage des déchets en camions au pied des habitations) et l'apport volontaire (le particulier vient déposer dans des bennes fixes), Schroll joue la seconde carte. Avec des réussites, mais pas systématiques.
Pour les biodéchets son “Tube”, conteneur aérien ou semi-enterré, a remporté quelques marchés : la communauté de communes du Pays de Brisach, deux autres en Moselle et à Brive, et suscite « beaucoup d'intérêt » selon Vincent Schroll, mais il n'a pas encore pas percé significativement sur le marché.
Parmi les nouveautés des dernières années, le “Recyparc” multiplie ses implantations, au nombre de huit désormais. Ce type de site est dédié aux artisans, commerçants, PME et administrations, auxquels il offre de regrouper la plus grande partie de leurs déchets, et de les répartir en plus 30 familles, moyennant un badge d’accès valable sur tous les sites. Le service “Neutralis” de destruction de documents confidentiels est également bien prisé.
Au total, les volumes traités par le groupe Schroll croissent d'année en année. Ils se sont établis à 850.000 tonnes l'an dernier, générant un chiffre d'affaires de 110 millions d’€.
Compte tenu de sa taille et de la concentration que son marché connaît, Schroll aurait le profil pour acquérir des PME. Il avait d'ailleurs racheté Geboplast en 2010, ce qui l'a diversifié vers le recyclage, par régénération, des matières plastiques. Mais il reste prudent. « Notre priorité est de renforcer le maillage de nos propres implantations », souligne Vincent Schroll.

Photos fournies par l'entreprise.