OBJETS CONNECTES/MEURTHE-ET-MOSELLE. La chaussure connectée au laçage automatique de la start-up Digitsole basée à Nancy (Meurthe-et-Moselle) a fait le buzz en janvier à l’occasion du Consumer electronic show, la grand-messe de Las Vegas.
Son inventeur, Karim Oumnia, qui a également lancé une gamme de semelles connectées et chauffantes fin 2015, annonce pour la fin de l’année une basket connectée « made in France ».

C’est depuis ses locaux de la place Stanislas à Nancy, un bâtiment construit en 1751, que la start-up Digitsole part à la conquête du 21e siècle armée de son concept innovant de « smartshoes », des semelles et chaussures connectées permettant de suivre l’activité de leur utilisateur, mais surtout de réchauffer ses pieds.
Avec une ambition affichée : être à la chaussure ce que le smartphone a été au téléphone mobile. « J’aimerais qu’on puisse dire dans quelques années que la France a inventé la chaussure connectée et ainsi laisser une empreinte », rêve Karim Oumnia, président de Digitsole (20 salariés), une société qu’il a créée en 2009 sous le nom de Glagla Shoes.
Bon connaisseur du marché, l’entrepreneur de 48 ans revendique le caractère utile - pas gadget - de sa technologie. Equipée d’un thermostat modulable via une application iOS et Androïd, elle pourrait séduire les professionnels du bâtiment ou encore les forces de l’ordre, les cyclistes, voire les personnes souffrant de diabète ou de problèmes de circulation veineuse.
« Le challenge a été de positionner des composants électroniques dans une semelle ; des éléments qui par nature n’aiment pas les chocs, l’humidité ou encore la poussière », résume le dirigeant. Pour la partie électronique, sa société a signé un accord exclusif de fabrication avec Chicony Electronics, l’industriel taïwanais producteur des caméras GoPro, mais elle travaille également avec un industriel basé en Alsace.
Remarqué à la grand-messe de l'électronique de Las Vegas

Continuer à innover tout en lançant la commercialisation à grande échelle de ses produits les plus aboutis, c’est tout le défi de la start-up. En octobre 2015, elle a commencé la distribution en Europe, en Amérique du nord et en Asie de sa semelle connectée chauffante « warm serie » : 50 000 paires ont été vendues en quatre mois.
En France, les enseignes Darty, Boulanger ou encore Le Vieux Campeur vont proposer ce produit dont la fabrication en Asie est pilotée par le bureau de Digitsole à Shenzhen (Chine).
Pas en panne de créativité, la jeune pousse a fait le buzz en janvier au dernier Consumer Electronic Show, la grand-messe de Las Vegas, grâce à une chaussure à laçage automatique qui a rappelé aux nostalgiques de Retour vers le futur les baskets de son héro Marty McFly.
Digitsole compte profiter de la Coupe d’Europe de football pour lancer une version « non chauffante » de sa semelle. Karim Oumnia la présente comme le « podomètre le plus précis au monde, idéal pour recueillir des données dans le football où les joueurs professionnels ne peuvent aujourd’hui plus porter la moindre bague, le moindre bracelet, etc. »
Une levée de fonds de 2 millions d'€ cette année

Désireuse de ne pas se faire marcher sur les pieds par d’éventuels concurrents, l’entreprise veut profiter à fond de son avance technologique. Elle va lancer fin 2016 la basket « Stanislas » intégrant sa technologie de semelle connectée et chauffante dans la chaussure elle-même. Une manière d’augmenter les capacités de la batterie et de proposer un modèle « made in France ».
Pour ce faire, Digitsole compte s’associer à la Compagnie vosgienne de la chaussure à Champigneulles (Meurthe-et-Moselle), dernier site de fabrication en France du groupe Vivarte (André, La Halle, Minelli) actuellement en quête d’un repreneur.
Surtout, Karim Oumnia ambitionne de vendre sa technologie à d’autres fabricants sur le modèle de Gore-Tex. Pour ce faire, il a créé l’an dernier la société Zhor-Tech et la holding Epsilon pour chapeauter ces différentes activités.
Aujourd’hui, pour son développement, le dirigeant a besoin de lever des fonds. Il table sur 2 millions d’€ cette année et vraisemblablement 20 millions d’€ en 2017.

Qui est Karim Oumnia ?
Formé à l’école nationale Polytechnique d’Alger, Karim Oumnia, 48 ans, a posé ses valises à Nancy en 1990 pour parfaire son bagage à l’Ecole des Mines (Université de Lorraine). Depuis, l’ingénieur franco-algérien n’a plus quitté la cité ducale.
Il y a créé la marque Baliston dans les années 90 et gagné en notoriété en commercialisant une chaussure de football ultralégère.
L’entrepreneur a revendu sa société en 2011 après la rupture de son contrat avec l’AS Nancy-Lorraine. Interrogé sur ses visées avec Digitsole, il évoque « le projet le plus ambitieux de (sa) vie ».
Le petit hic c'est que quand on gagne une de leur fameuse paire de semelle chauffante sur un concours organisé à Noël pour faire la promotion des entreprises innovantes, ils ne soient pas capables de livrer pour des raisons techniques. Depuis pas de son pas d'image, c'est un peu décevant ..