ECOLOGIE/EST. L'écopâture a le vent en poupe, même dans les usines.
Sur le site de Mefro Wheels France, près de Troyes, des vaches de race écossaise remplacent la tondeuse et le débroussailleur.
En Bourgogne et en Franche-Comté, des moutons paissent sur les talus des voies de chemin de fer. En regardant passer les trains.

Spectacle insolite que celui offert par cinq vaches de race Highland Cattle en train de paître tranquillement aux abords de l’usine Mefro Wheels France, à La Chapelle-Saint-Luc, près de Troyes (Aube).
Le fabricant de roues a fait appel à ces bovins à poils longs d’origine écossaise pour tondre et débroussailler 3,6 ha d’herbe et de bois situés dans l’enceinte de l’usine. Un moyen jugé plus écologique et plus économique (d’environ 20 %) que l’entretien mécanique traditionnel.
Un contrat de prestation a été signé avec La Ferme des Cattle, à Aix-en-Othe (Aube), qui loue ses animaux aux particuliers comme aux collectivités ou aux sociétés. Hervé Caron a notamment déjà fait pâturer son troupeau sous une ligne électrique de RTE et sur une ancienne carrière remise en état par Lafarge Granulats France.
Les collectivités locales trouvent un attrait dans cette méthode de débroussaillage écologique, à l'instar de la ville de Gron, près de Sens (Yonne) où les vaches sont aussi un but de promenade dans un site classé Natura 2000.

Technicien dans une entreprise d'andouillettes de Troyes, Hervé Caron retrouve ses racines, dans cette activité complémentaire. Fils d'éleveur, il possède aujourd'hui un troupeau de 36 bêtes. Il se positionne sur le créneau de la prestation de services, au même titre que les entreprises d'entretien du paysage.
« L'aspect écologique plaît beaucoup et les tarifs sont attractifs par rapport à un débroussaillage avec des engins », affirme Hervé Caron.
Le tarif varie en fonction de la distance du site à entretenir avec sa ferme (en général une centaine de kilomètres), englobe la mise en place d'une clôture - si elle n'existe pas - , l'installation d'une auge, d'une cuve pour l'eau, d'un abri si nécessaire et toutes les assurances contre les risques et recours des voisins et tiers.
Le prestataire annonce un coût variant de 1 à 10 centimes d' € le m² par an (soit de 100 à 1000 € l'hectare par an), selon la configuration du terrain (superficie, emplacement, clotûre existante ou pas, point d'eau présent ou pas, type de végétation...). « A titre de comparaison, un entretien mécanique est estimé à 12 centimes d'€ le m² par an soit 1.200 € l'hectare », assure Hervé Caron.
En Alsace, Thurmelec prolonge à l'extérieur sa démarche environnementale
Concepteur et fabricant de systèmes électroniques, Thurmelec à Pulversheim (Haut-Rhin) a déjà planté des arbres fruitiers, projette d'installer des ruches et confie depuis ce printemps, l'entretien de son hectare d'espaces verts à 6 moutons.
L'entreprise dit ainsi prolonger une démarche environnementale couronnée par une certification 14001 pour l'organisation de sa production, avec notamment le tri des déchets et une utilisation plus modérée d'énergie et de fluides.
Les animaux sont prêtés par Alternature, éleveurs de moutons à Petit-Landau, dans le Haut-Rhin.
En Bourgogne et Franche-Comté, ce sont les moutons qui regardent passer les trains

L'écopâturage a décidément le vent en poupe. Durant tout le mois de juin, SNCF Réseau (ex-RFF) a fait paître une trentaine de moutons et un poney mini Shetland le long de la voie ferrée à Dijon. 13 000 m2 de talus ferroviaires dotés de clôtures électrifiées ont ainsi été tondus, en plusieurs sections afin d'assurer la présence d'un berger 24h sur 24 et 7 jours sur 7.
Pendant l’été, les moutons seront transférés sur deux sites à Dole (le dépôt de Dolet et le talus de Rochefort-sur-Nenon) avant de revenir en septembre sur les trois sites initiaux de Dijon. Au terme de cette expérimentation, la société prestataire, Ecozoone, fera un bilan de la biodiversité des sites.
Ce n'est pas une première pour le gestionnaire des voies de chemins de fer en Bourgogne et Franche-Comté. Sur le site de triage de Vesoul (Haute-Saône), les moutons en totale liberté au milieu des trains circulant à faible vitesse ont de quoi faire : une superficie de 150 000 km2.
Depuis deux ans, sur la ligne à grande vitesse Paris-Lyon, des moutons remplacent les engins mécaniques sur les talus qui ont tendance à être envahis par les robiniers faux acacias. « On observe le retour d’une flore diversifiée », assure SNCF Réseau.
Photos fournies par les entreprises.