BIOTECHNOLOGIES/DOUBS. Guérir ou améliorer son apparence avec sa propre graisse, ce n’est pas une idée farfelue mais une solution scientifique et médicale prometteuse développée par les deux fondateurs de Stemcis.
Attiré par l’écosystème local, le petit groupe créé sur l’île de La Réunion s’est implanté à Besançon en 2014, s’est fait racheter un an plus tard par DMS, coté sur le 3e marché Euronext,

Aujourd'hui, il poursuit ses recherches scientifiques sur l’arthrose en particulier et part à la conquête des marchés export.

 

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Stemcis s’est rapprochée d’Alcis, sur le pôle santé de Temis à Besançon, qui lui fait bénéficier de sa salle blanche pour fabriquer ses produits.

 

La start-up est arrivée à Besançon en 2014, sans faire de bruit. Créée en 2006 à La Réunion par le biais de sa première filiale, Adip’Sculpt, elle travaillait en collaboration avec Alcis et Statice depuis 2008 pour la fabrication de ses prototypes et produits et, a fini par s’en rapprocher en installant une partie de son équipe sur le Pôle Santé, à l’entrée de la ville.


Ici, cette entreprise de biotechnologies compte aujourd’hui 7 personnes, des ingénieurs ou docteurs issus de l’ISIFC ou formés à la biologie et à la pharmacie, et une assistance de direction. A La Réunion, où son siège est resté, avec Franck Festy, l’un de ses deux cofondateurs, Stemcis compte 4 personnes.


Franck Festy est le président et l’associé de Régis Roche qui copilote depuis Besançon le petit groupe Stemcis créé en 2009 pour poursuivre les travaux de R&D d’Adip’Sculpt, devenue filiale de distribution. Enfin, Stemcis compte aussi 2 personnes en Australie pour l’aspect commercial.


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Le credo du petit groupe, ce sont les produits biologiques avec dispositifs médicaux utilisant le tissu adipeux pour des applications esthétiques ou de reconstruction, mais aussi pour des applications médicales, en régénération pour le traitement de l’arthrose ou des tendinites, ou encore en urologie.


« Nos produits permettent la lipoaspiration et la réinjection dans le même temps opératoire. Nous fournissons les outils qui permettent de traiter le tissu adipeux. Nos produits servent à le préparer d’une certaine façon, et son utilisation permet le traitement », explique simplement Régis Roche.

 

Essais cliniques en cours pour l’arthrose

 

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Ce kit contient tout ce qu’il faut pour la reconstruction mammaire : canules d’infiltration, de prélèvement et d’injection à usage unique.

Franck Festy et Régis Roche ont un parcours universitaire proche : tous deux docteurs en biologie cellulaire, ils ont travaillé ensemble dans l’équipe « tissu adipeux, immunité innée et inflammation » du laboratoire GEICO, au sein de l’Université de la Réunion, que Régis Roche a dirigée pendant six ans.


Mais c’est Franck Festy qui est à l’initiative de ces recherches, et il fut le premier de sa spécialité à se rapprocher des chirurgiens esthétiques et à s’interroger sur leurs besoins. Validées par un dépôt de brevet, ce sont ses travaux sur l’amélioration des techniques de greffe adipocytaires qui avaient conduit à la création d’Adip’Sculpt.


La technologie maîtrisée et les recherches menées aujourd’hui laissent entrevoir des interventions et thérapies si prometteuses qu’en 2015, le petit groupe s’était fait racheter par le groupe français DMS, implanté du côté de Montpellier et coté sur le 3e marché Euronext.

 

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La centrifugeuse permet de séparer la graisse de l’eau des tissus adipeux.

« Ce n’était pas le but mais c’est clairement très intéressant », confie Régis Roche. « Nous avons maintenant beaucoup de moyens, une structuration, un cadre fort et je n’oublie pas le Crédit impôt recherche ni, ici, le soutien de Bpifrance et du Grand Besançon. »


Le chiffre d’affaires 2016 était de 0,5 million d’€, celui de 2017 devrait doubler pour atteindre 1 million, notamment grâce au développement commercial à l’export, en Asie, en Australie, en Europe et bientôt en Amérique du Sud.

 

Les kits et dispositifs pour la chirurgie plastique et reconstructive représentent encore 90% de l’activité, avec un petit 5% pour des applications vétérinaires, pour les tendinites des chevaux de course, notamment.

 

« Mais on se sert des applications vétérinaires pour développer les produits chez l’humain. Nos recherches portent beaucoup sur l’arthrose, avec des essais cliniques en cours. Nous travaillons aussi sur l’incontinence urinaire de l’effort chez la femme, le dysfonctionnement érectile chez l’homme, le traitement du pied diabétique avec peut-être une solution pour améliorer la vascularisation. » Tout ça avec la propre graisse du patient. Prometteur !

 

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Qui est Régis Roche ?


Sa vision, c’est l’écosystème. « Aujourd’hui, ici, il y a tout : un CHU, des entreprises orientées medtech, un incubateur, un conseil régional avec des fonds européens et du Feder, des acteurs du financement, l’ISIFC, l’Etablissement français du sang, BGE… Si on faisait le lien entre tout, on serait déjà à 100% », estime-t-il.


regisrocheLe dirigeant fondateur de Stemcis est un homme de réseau, passionné d’entreprenariat et d’innovation. « Le réseau, ça permet de sortir la tête du guidon », dit-il. Impliqué très tôt dans la French Tech, il est persuadé qu’il faut privilégier la communication entre tous les acteurs et accompagner les start-up en les rapprochant d’autres réseaux, comme le réseau Entreprendre, l’incubateur de Franche-Comté ou encore le Village by CA.


Impliqué aussi dans le nouveau cluster Innov’Health, impulsé par le pôle de compétitivité Microtechniques, il se définit comme un « gentil organisateur ». « Je suis plus spécifiquement chargé des opérations challenges, une idée que j’ai ramenée de La Réunion ».


Il aurait sans doute fallu commencer par là : docteur en biologie cellulaire passé par Marseille, où il a soutenu sa thèse, il a fait l’essentiel de ses travaux de recherche à la Réunion où il a rencontré Franck Festy, son associé. Là-bas, il fut président de la jeune chambre économique de l’Océan Indien puis vice-président du pôle de compétitivité de La Réunion.

Photos fournies par l'entreprise.

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