L’opérateur indépendant de services et d’infrastructures de télécommunications est un petit acteur de 30 personnes qui joue dans la cour des grands. Avec une arme : le très très haut débit développé à partir de ses propres réseaux de câbles de fibre optique. Il lance une offre à 25 gigabits par seconde, centrée sur ses deux fiefs de Bourgogne-Franche-Comté et de la région PACA suite à la fusion avec un confrère en 2022.


La raison d’être de Netalis peut se résumer ainsi depuis la création en 2015 à Besançon (Doubs) de l’opérateur de services et d’infrastructures de télécommunications : offrir aux territoires « décentrés » les mêmes qualités de connexion que les grandes métropoles habituées à truster les débits les plus élevés du moment.

Pour la dernière version de ce feuilleton, la PME fait fort. Pionnière il y a quelques années du 10 gigabits par seconde, elle annonce la mise au point, ce printemps, d’une offre à la vitesse supersonique de 25 gigabits (soit 25.000 mégabits) par seconde pour le raccordement des entreprises et institutions publiques à la fibre optique dédiée, la Ftto (fiber to the office).

« Les lieux en France et même en Europe qui parviennent à un tel débit sont encore rares », souligne Nicolas Guillaume, le président de Netalis. Pour réussir la prouesse, l’opérateur régional s’est allié sur le plan technique à l’équipementier américain de télécommunications Ciena dont il utilise des routeurs pour monter sa plateforme technique, « résultat de plusieurs centaines de milliers d’euros d’investissement. »

 

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Fidèle à ses convictions, Nicolas Guillaume servira « sa » région en premier. « L’offre sera déployée en Bourgogne-Franche-Comté pour commencer, entre ce printemps 2023 et début 2024 », annonce-t-il. Le privilège sera partagé avec la région PACA (Provence-Alpes-Côte d'Azur) devenu l’autre fief de Netalis : la société bisontine a fusionné, début 2022, avec sa consoeur ASC de Nice-Sophia-Antipolis pour former le petit groupe Nasca de 30 salariés (dont 20 pour Netalis) prévoyant un chiffre d’affaires d’un peu plus de 5 millions d'€ cette année. A deux, ces opérateurs dits « alternatifs » espèrent peser mieux face aux géants des télécommunications, le quatuor Orange-SFR-Bouygues Télécom-Free qui domine le marché.

Pour Netalis, la discrimination entre les territoires n’existe pas : la PME affirme vouloir et pouvoir déployer d’emblée sa fibre à la mode giga dans la plupart des secteurs de Bourgogne-Franche-Comté, dès lors qu’ils restent proches de ses routeurs. « Dole, Vesoul, Pontarlier, Sens… tous ces bassins font partie de notre plan de déploiement, au même titre que les métropoles de Dijon et Besançon. Nous visons aussi l’Alsace dès l’année prochaine », précise son dirigeant.

Dans son costume d’opératrice d’infrastructures, la société franc-comtois construit et exploite ses propres réseaux physiques de fibre. « Nos équipements se situent sur tout ce qui passe derrière le routeur », résume son dirigeant.

 

Pour la consommation massive de données

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L'opérateur de services et d'infrastructures s'appuie sur les équipements de l'Américain Ciena pour déployer sa solution.


Au-delà de la performance technologique, quel intérêt y-a-t-il à enclencher une telle vitesse ? Nicolas Guillaume en convient, elle est surdimensionnée pour le particulier qui surfe chez lui sur les sites web ou télécharge des films ou de la musique. Pour les « gamers », les graphistes et tous les usages gourmands en données, en revanche, l’enjeu est significatif.

Il en va de même pour les entreprises : « De tels débits deviennent rapidement indispensables pour supporter le transfert de données massives, en continu ou de façon ponctuelel, depuis et vers les services hébergés dans le cloud et/ou au sein d’infrastructures privées en data center », décrit le président de Nasca Group et Netalis. Nicolas Guillaume y voit ainsi un facteur de développement pour les utilisateurs, mais aussi de résistance aux cyber- attaques.

 

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Concernant le prix, l'offre tarifaire est actuellement conçue sur-mesure, mais « elle débouchera sur une offre catalogue courant 2024 si la demande s'accroît rapidement », énonce le dirigeant. A ses clients, l’opérateur promet également des « contrats de longue durée. »

Et pour convaincre les entreprises de faire appel à lui, il brandit aussi la corde sensible. « Nous appartenons au même monde que les PME ancrées dans leur territoire. Nous parlons le même langage qu’elles. » Au-delà du jargon technologique. 

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Nicolas Guillaume a fondé en 2015 Netalis, qu'il préside ainsi que Nasca Group, la société issue du rapprochement avec ASC
dans le sud de la France.

 

Franchissement de la frontière suisse 

En matière de réseau de télécommunications aussi, franchir la frontière entre la France et la Suisse n'est pas qu'une formalité. Pas de douanier à l’horizon, mais des réseaux qui contournent la Franche-Comté et ses cantons romands voisins. « Leurs points d’interconnexion en Suisse passent par Bâle en direction de Strasbourg et Francfort, ou par Genève en direction de Lyon », expose Nicolas Guillaume. Or une brèche s’est ouverte, que Netalis s’empresse d’exploiter. Dans le cadre du déploiement de la fibre très haut débit (THD) dans le département, le syndicat mixte Doubs THD a créé, l’an dernier, un « passage frontière fibre optique » à hauteur de Jougne. Il restait alors à trouver un partenaire helvétique pour prolonger le câble et créer ainsi une interconnexion binationale : ce fut Gas & Com, un autre opérateur indépendant. Cette liaison est en place depuis l’été 2022 avec un débit annoncé garanti d’un minimum de 10 gigabits par seconde. Netalis a lancé l'implantation de « points de présence » (Pop) assurant la connexion entre deux réseaux, notamment à Lausanne et Zurich, ce qui permettra encore d'améliorer la connectivité des utilisateurs dans la zone frontalière du haut-Doubs et de ses cantons helvétiques limitrophes.

 
Photos fournies par l'entreprise

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