CONNECTIVITÉ/DOUBS. Opérateur télécom alternatif ayant fait le choix de disposer de sa propre infrastructure, Netalis a déjà investi près d’un million d’euros dans le déploiement de la fibre et les nœuds de raccordement.
Face à la position dominante des gros opérateurs, la petite entreprise qui passera bientôt la barre des dix salariés veut démontrer que les opérateurs régionaux n’ont rien à leur envier. La Chine et New-York font partie de ses nouvelles destinations.

Pour rejoindre la Chine, l’opérateur bisontin Netalis passe par Paris, Francfort, les pays de l’Est et le Kazakhstan. Pour ce vaste pays lointain avec lequel les entreprises doivent compter, il existe aussi des câbles sous-marins qui partent de Marseille mais Nicolas Guillaume a fait le choix d’utiliser des routes terrestres plus courtes pour transporter ses « paquets numériques ».
Pour New York, en revanche, il s’agit bien de câbles marins après un début de voyage par Paris et la Bretagne. « Nous faisons le choix de routes connues et fiables, celles d’opérateurs internationaux qui nous louent leur capacité technique », explique le fondateur de Netalis.
Moins de trois ans après sa création, mi-2015, l’opérateur implanté à Besançon compte une centaine d’entreprises clientes – dont la moitié en Franche-Comté –, auxquelles il propose différentes formules, selon leurs besoins, et parmi elles une connectivité d’un gigabit pour « un tarif digne d’une grande métropole. »
Son positionnement est celui d’un opérateur de proximité, avec un support technique local, disposant de sa propre infrastructure et qui investit donc dans la fibre optique, les points de raccordements et de l’espace dans les datacenters. Depuis le lancement, Netalis a ainsi investi près d’1 million d’€ à Besançon, essentiellement, mais également à Dijon, Paris et d’autres villes de France, selon la demande de ses clients.
C’est d’ailleurs pour suivre un client franc-comtois en Chine, où cet industriel dispose de sites de production, que l’opérateur a noué un partenariat pour une interconnexion avec China Unicom, le deuxième opérateur du pays.
« La demande du client nous a boostés. C’est jouable, même s’il y a des barrières réglementaires, techniques et économiques. Accompagner un client à l’international, c’est un complément logique à la couverture d’un opérateur franco-français », poursuit Nicolas Guillaume, qui a maintenant d’autres clients intéressés par sa route vers la Chine. Celle vers New York, là aussi pour suivre un client, est en cours de finalisation.
Le marché bourguignon avec le réseau radio 4G et Paris
Une façon de montrer, pour la petite entreprise qui passera bientôt la barre des dix salariés (ils sont sept aujourd’hui, dans leurs locaux de Palente et dans un bureau parisien), que les opérateurs régionaux n’ont rien à envier aux géants du secteur, les Orange, Bouygues et SFR qui raflent 95% du marché des entreprises.
Leur domination écrasante, estime le dirigeant, masque la compétence de ces « petits » opérateurs. « A côté des supermarchés, il y a des épiceries qui offrent des relations de proximité au cœur du territoire. On connaît le monde économique, on connaît les zones qui fonctionnent, les boîtes à fort potentiel, et on s’implique. »
Les perspectives 2018 sont bonnes et Netalis prend le temps de trouver les ingénieurs systèmes et réseaux, développeurs et commerciaux dont elle a besoin. « Nos contrats sont des contrats longs, ce qui nous offre une stabilité par rapport aux autres start-up. Notre clientèle est fidèle, c’est rassurant. Au départ, notre cible étaient les TPE, PME et les collectivités, mais maintenant des ETI viennent nous chercher, qui ont compris l’avantage d’être de gros clients chez des petits opérateurs plutôt que l’inverse. »
Netalis espère pouvoir réaliser 1 million d’€ de chiffre d’affaires à court terme. La start-up attaque maintenant le marché bourguignon, avec le réseau radio 4G Air Cube, et Paris, où elle vient de décrocher un contrat avec « une grosse institution francilienne de transport ». Netalis est aussi en cours de déploiement d’infrastructures de connectivité à Vesoul, qui mêle sa propre fibre à celle de Haute-Saône numérique.
Et fin 2018, elle disposera d’une trentaine de kilomètres de fibre propre. Son réseau relie Lyon à Strasbourg en passant par Besançon, Montbéliard, et maintenant Dijon, Paris et Vesoul. Dans ses cartons également, du côté de sa casquette d’hébergeur – un peu laissée de côté pour se concentrer sur le nerf de la guerre, la connectivité –, un projet de cloud. Les entreprises sont demandeuses.
Qui est Nicolas Guillaume ?
Depuis qu’il a 15 ans, Nicolas Guillaume a toujours voulu être entrepreneur. Elève au lycée Jules Haag, à Besançon, il séchait les cours pour aller suivre les conseils de la CCI du Doubs, juste en face, pour créer son entreprise.
Après un premier projet de start-up avorté (il avait moins de 18 ans et, avec du recul, pense que cet échec n’en était finalement pas un), cet autodidacte a travaillé pendant dix ans comme consultant pour la gestion de projets d’infrastructures Internet et télécom, les médias, le marketing interactif… avant de se faire recruter par Julien Coulon, le co-fondateur de la pépite franco-américaine Cedexis.
Là, entre 2011 et 2013, comme directeur des affaires publiques et de la communication, il s’est promené entre les deux continents et a peaufiné sa culture numérique. « Je suis sorti de là avec une expérience très positive », raconte-t-il.
Le projet Netalis a pris forme fin 2013. Homme de réseau et passionné de médias, il a participé à la fondation de l’association Silicon Comté, dont il fut le vice-président de février 2014 à novembre 2016, et il est aujourd’hui le secrétaire général de l’Aota (Association des opérateurs télécoms alternatifs), qui regroupe 45 opérateurs régionaux ou de proximité et a réussi à se faire entendre de l’Arcep, le régulateur télécom, face à la domination écrasante des « gros » opérateurs.
Nicolas Guillaume est aussi, depuis 2016, membre associé de la CCI du Doubs… toujours en face du lycée Jules Haag. « J’aime connecter les gens », résume-t-il simplement.
je peux confirmer! Super opérateur régional qui joue la proximité et la qualité. On a une fibre chez eux au boulot et c'est top du top!! Continuez les gars