Sur le site antique d’Alésia, lieux incontesté du fameux siège qui opposa Vercingétorix et César, les archéologues révèlent chaque année de nouveaux trésors. Les vestiges se visitent désormais en réalité augmentée avec une tablette tactile qui restitue les principaux bâtiments tels qu’ils étaient à l’époque gallo-romaine.
Comprendre une cité antique où ne subsistent que des vestiges n’est pas chose facile pour le grand public. Le Conseil départemental de la Côte-d’Or, propriétaire du site de la ville antique d'Alésia, contourne l’obstacle depuis cette année avec des dispositifs de réalité augmentée en trois dimensions. Il y a un an, le Muséoparc, situé en contrebas du village d’Alise-Saint-Reine (Côte-d’Or), avait expérimenté une tablette tactile afin de restituer les bâtiments et l'ambiance d'origine. Désormais, le visiteur peut se promener dans l'ancienne ville d'Alésia, tablette tactile en main (fournie par le Muséoparc) et se plonger au coeur de l’histoire, sur la place centrale avec les villageois.
Il peut aussi jouer les archéologues en herbe grâce aux jeux intégrés dans le parcours de visite. Fort de cette réussite, le Muséoparc s'est dernièrement doté d'un autre outil numérique conçu pour les plus jeunes : un espace game dans l'esprit punk antique « La fureur d’Alésia». Le Pr Stokowski les accompagnent dans une énigme de 90 minutes à résoudre. Ces nouveaux guides seront encore plus appréciables lorsque le temps n'est pas trop lumineux pour éviter les reflets sur la tablette.
Le site archéologique d’Alésia situé sur l’oppidum habité par les Gaulois avant la fameuse bataille, est connu depuis longtemps. Grand admirateur de Jules César, Napoléon III fut le premier à initier des fouilles dans ce lieu désormais authentifié par la communauté scientifique comme le siège qui obligea le chef des Gaulois Vercingétorix à déposer les armes devant le général romain, en l’an 52 avant J.-C.
En mai 1861, Napoléon III confie cette mission à la Commission de Topographie des Gaules (CTG) et décide la création d’un musée pour restituer le mobilier archéologique découvert sur place. C’est lui aussi qui commande à Aimé Millet la statue de Vercingétorix qui, de ses 6,60 mètres de hauteur, surplombe le Mont-Auxois.
Quelques vestiges bien conservés

Depuis, les fouilles n’ont quasiment jamais cessé. Aujourd’hui, elle se poursuivent sous la direction de l’Université de Bourgogne, au sein du département Artehis (archéologie, terre, histoire, société). Chaque année, une équipe de 20 étudiants se prêtent à l’exercice dirigés dernièrement par Mathieu Ribolet, docteur en archéologie. Depuis l'an dernier, ils viennent de toute la France.
Les fouilles permettent encore de découvrir de véritables trésors qui contribuent à apporter un éclairage supplémentaire sur l’histoire de la ville antique. Alésia est « le site archéologique qui a délivré le plus grand arsenal militaire antique et où l’on a découvert les plus beaux objets de la vie quotidienne », affirme Jean-Louis Grapin, conservateur départemental.
En particulier de nombreuses céramiques fines. Fait rare, car l’empreinte du temps laisse peu de chance aux objets généralement éclatés en multiples et infimes morceaux, une céramique quasiment complète du 1er siècle après Jésus-Christ, découverte en l’an dernier, est visible dans la coursive du MuséoParc.
Les découvertes des archéologues permettent d’avoir une idée assez précise de ce qu’était la ville d’Alésia à l’époque gallo- romaine. Selon Jean Louis Grapin, on sait que l’influence de la ville reposait sur deux moteurs principaux : l’économie et la religion, les deux se mêlant parfois entre eux. Alésia était une ville d’artisans, transformateurs de métaux. Les vestiges relativement bien conservés du monument d’Ucuetis en témoignent : il servait de siège à la corporation des bronziers et était aussi un lieu divinatoire.

Tout comme la pierre de Martialis, une stèle en langue gauloise sur laquelle est écrit « Martialis, fils de Dannotalos a offert à Ucuetis ce bâtiment, et cela, avec les forgerons qui honorent Ucuetis à Alise ». A proximité du bâtiment, ont été mis au jour des fours à bronziers (photo ci-dessus) et les restes de ce qui furent autrefois des commerces.
Le site antique conserve également un patrimoine religieux qui démontre son occupation jusqu’au 5e siècle et qui compta jusqu’à un millier d’habitants : la basilique Sainte-Reine construite au 3e siècle pour abriter le corps de la jeune martyre Reine et qui attirait des pèlerins, et un sanctuaire avec des eaux guérisseuses.
Les objets les plus anciens mis au jour datent de 4000 avant Jésus-Christ. 600 d’entre eux sont exposés au MuséoParc, mais la majeure partie se trouvent au musée d’archéologie nationale de Saint-Germain-en-Laye. Certaines pièces étaient auparavant montrées dans l'ancien musée anciennement géré par la société des sciences de Semur-en-Auxois qui l’a fermé au début des années 2000, après avoir fait don de ses biens au Département de la Côte-d’Or.
Il faudra attendre environ 20 ans, jusqu'à aujourd’hui, pour que ces pièces sortent du placard et soient intégrées dans la nouvelle scénographie du MuséoParc. Car désormais, le musée ne s'intéresse plus seulement au siège de la bataille, mais à l'ensemble de la période gallo-romaine. Autre témoignage de la présence dans l’Antiquité d’une activité de forge : la "Pierre de Martialis", stèle en langue gauloise, trouvée en 1839 dans le monument d'Ucuetis. © Sabrina Dolidze


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