ÉNERGIE/BAS-RHIN. Pure coïncidence. Le lendemain des déclarations du gouvernement sur son intention de voir disparaître les chaudières au fioul dans les dix ans, De Dietrich BDR Thermea inaugurait, ce 15 novembre à Mertzwiller (Bas-Rhin), son centre de pièces de rechanges… de chaudières. Ce fut l’occasion aussi d’annoncer un investissement majeur de 50 millions d’€ dans les pompes à chaleur.

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La zone dite « supermarché » du nouveau centre de rechange,
qui concentre les pièces les plus demandées. © BDR thermea

 

Objet premier de la manifestation du 15 novembre 2018 à Mertzwiller (Bas-Rhin), le centre de pièces de rechange (CPR) a mobilisé un investissement de 6,4 millions d’€ pour la construction de 6.600 m2, à la place de locaux qui assuraient cette activité dans la commune voisine de Reichshoffen. Il emploie 70 des 800 salariés du site, pour la réception et le traitement de plus de 2.000 commandes quotidiennes des clients professionnels et pour le stockage-convoyage de 22.000 références actuellement, 32.000 dans quelques mois.

Les 80 % de pièces les plus demandées sont regroupées dans ce que l’entreprise appelle le « supermarché », dont le rayonnage évoque effectivement celui de la grande distribution. Les autres de plus faible rotation occupent une zone de racks plus classiques. « Nous sommes organisés de façon à ce qu’une commande reçue avant 13 heures arrive le lendemain en tout point du territoire français », précise Bernard Flesch, directeur régional Est du SAV (service après-vente) de BDR Thermea France.

 

 

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Majoritairement dédié à l’Hexagone, le centre de pièces de rechange assure également des acheminements ailleurs en Europe, conformément au statut international du site qui l’abrite. L'unité de Mertzwiller fabrique des équipements de chauffage pour le monde entier : « Allemagne, Italie, Pays-Bas, Europe de l’Est, Etats-Unis, Chine sont autant de marchés porteurs pour nous », énumère Bernard Flesch.

 

L’usine De Dietrich de Mertzwiller constitue, de ce fait, un pilier du dispositif industriel de son groupe d’appartenance, le hollandais BDR Thermea dont les trois initiales renvoient aux entreprises qui ont fusionné il y a 9 ans pour lui donner naissance -  Baxi, De Dietrich et Remeha (*) - et en faire un géant du secteur, fort de 6.300 salariés et 1,7 milliard d’€ de chiffre d’affaires en 2017.

A Mertzwiller, les 141.300 unités fabriquées l’an dernier se sont réparties en des préparateurs d’eau chaude sanitaire (46 %), des chaudières au sol alimentées au fioul ou au gaz (41 %), des chauffe-eau thermodynamiques (8 %) et des pompes à chaleur. Ces deux postes sont minoritaires en volume, mais porteurs d’avenir : « L’an prochain, ils représenteront plus de la moitié de notre croissance », annonce Thierry Leroy, président de BDR Thermea France.

 

De 36 à une centaine de collaborateurs au laboratoire dans les 2 à 3 ans

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BDR Thermea France qui fabrique des chaudières, va muter vers les pompes à chaleur au prix d'un investissement de 50 millions d'€. © Traces Écrites.

 

Or le groupe a décidé d’y investir en masse : il va consacrer 50 millions d’€ jusqu’en 2021 au site alsacien pour le développement des pompes à chaleur, à la fois en production avec une nouvelle ligne qui répondra aux petites séries dès début 2019, et en recherche-développement. Cet effort doit lui permettre d’augmenter de 175 % son chiffre d’affaires dans les pompes à chaleur dans les trois ans, de façon à occuper alors 8 % du marché européen.  

Le laboratoire qui leur est consacré est unique en son genre dans le groupe. Il vient également de bénéficier de 2,4 millions d’€ d’investissements et va augmenter fortement en taille, puisque ses effectifs vont passer de 36 à une centaine de personnes dans les deux à trois ans.

 

 

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« Nous y procédons à des tests acoustiques, à des essais climatiques dans des chambres qui reproduisent les situations de température les plus diverses dans le monde, de – 15 à + 40 °C, idem pour l’hygrométrie où nous poussons jusqu’à des conditions tropicales à 90 % », décrit son responsable Philippe Petit.


Le groupe adapte ainsi son usine aux changements de marché. « Ceux-ci ne datent pas de l’annonce d’hier [14 novembre, NDLR] », glisse Thierry Leroy : la demande de chaudières fioul diminue, donc leur production qui est devenue désormais minoritaire en proportion à Mertzwiller. Mais des pages tournées pour repartir vers autre chose, la saga industrielle des De Dietrich en Alsace du Nord en a plein son histoire.

 

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Thierry Leroy : « L'usine s'adapte aux changements du marché ». © Traces Écrites.

Dans le cas de Mertzwiller, les poêles à bois de l’origine en 1838 ont cédé la place aux chaudières traditionnelles, puis aux radiateurs. La reconstruction après la destruction quasi-totale en 1945 a réorienté vers les cuisines avant que l’ère des chaudières à condensation déclenche le chapitre d’aujourd’hui.


(*) L’offre du groupe comprend également les marques Chappée, Sofath et Oertli avec, pour cette dernière, une unité de fabrication de brûleurs à Vieux-Thann (Haut-Rhin).

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