ARTICLES CULINAIRES. Le numéro un français des articles de cuisson haut de gamme en inox investit 4 millions d’€ sur son site de Fesches-le-Châtel (Doubs).
L’inventeur du concept «cuisson service» renforce une intégration industrielle déjà très poussée et mise parallèlement sur un fort développement à l’international.
L’histoire de l’entreprise se conjugue avec celle de Bernadette et Paul Dodane qui, à leur corps défendant, la sauve en 1987 pour en faire progressivement l’un des plus beaux fleurons de l’industrie franc-comtoise.
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Si un jour, vous avez la grande chance de visiter l’entreprise Cristel, numéro un français des articles de cuisson haut de gamme en inox (70% de parts de marché) implanté à Fesches-le-Châtel (Doubs), prenez votre temps et goûtez votre bonheur.
Les propriétaires des lieux ont beaucoup à montrer et surtout à raconter. Notamment Bernadette Dodane, la présidente, intarissable sur l’histoire d’une renaissance industrielle, dont elle est avec son mari Paul l’actrice principale.
Mais parlons déjà de l’avenir de ce fabricant autour de l’une des ses valeurs immuables : une production locale complètement intégrée. Pas question, en effet, chez Cristel (100 salariés) de délocaliser le moindre composant qui entre dans la composition de ses 1000 références.
Mis à part le verre des couvercles, confié à un sous-traitant français, et les petits outils de cuisine, toutes les pièces sont réalisées en interne dans les 12 000 m2 d’ateliers. Cette intégration imposée afin d’assurer une parfaite maîtrise de la qualité, se renforce chaque année.
Aux 20 millions d’€ déjà investis en 25 ans pour réhabiliter l’ancienne usine des frères Japy, qui lancèrent en 1830 la première casserole emboutie en fer battu, s’ajoutent pour 2012 et 2013 une enveloppe de 4 millions.
Une nouvelle machine de thermo-frappe (2,5 millions) viendra compléter un parc d’équipement déjà conséquent. «Nous achèterons également du matériel de polissage et d’emboutissage», précise Emmanuel Brugger, le directeur général, entré dans l’entreprise en 1990.
Que de chemin parcouru depuis que Bernadette et Paul Dodane font en 1987, à leur corps défendant et sur la double insistance de la justice et du District urbain du Pays de Montbéliard, une proposition de reprise par défaut de candidats pour éviter la liquidation judiciaire des derniers lambeaux d’un empire industriel qu’ils conseillaient pour éviter la faillite.
«On est parti d’une ruine avec 32 salariés et cela n’a pas toujours été évident, nous avons même dû hypothéquer notre maison», souligne Bernadette. Comptable et spécialisée en organisation d’entreprise, elle épaulait déjà depuis quelque temps la coopérative ouvrière de production, qui luttait bec et ongles pour survivre, en jugeant toutefois, lucide, tout venir impossible.
Cristel, contraction des mots cristal et Châtel, disposait pourtant d’une autre carte maîtresse en la personne de Paul Dodane. Ce technicien concepteur chez Peugeot, affecté au service qualité, aidait lui aussi sur son temps libre, puis à mi-temps, la coopérative.
Inventeur de génie, il imagine en 1986 le concept «cuisson service» qui veut qu’un article culinaire maison se métamorphose en un plat pour servir les plats sur table. «Cela a tout de suite plu et a sans doute joué inconsciemment dans notre décision finale de franchir le pas», glisse avec malice Paul Dodane.
En 1991, grande première, il rend compatible l’inox avec le mode de cuisson par induction. Aujourd’hui, Cristel qui réalise 12 millions d’€ de chiffre d’affaires (*), dont 20 % à l’export, hume le vent du large en partant à la conquête de grands marchés étrangers. Le Japon représente déjà 10 % de l’activité.
Une filiale de commercialisation vient d’être créée aux États-Unis, où les perspectives de croissance s’avèrent exponentielles. Elle est dirigée par Damien Dodane, le fils de Bernadette et Paul. Cet ancien acteur de théâtre, qui a définitivement rejoint Cristel en 2000, assure la direction commerciale et celle du marketing.
Une manière pour lui d’écrire quelques actes d’une saga familiale loin d’être achevée.
(*) Cristel dispose de 22 millions d’€ de fonds propres qui lui permet d’autofinancer son développement.
Crédit photo: Traces Écrites