Experte pour les autres de la microencapsulation, la technique qui enferme les molécules dans une membrane, la PME d’Héricourt se lance à présent dans la production en propre. Elle innove et investit dans des solutions végétales qui intéressent au plus haut point l’industrie cosmétique, soucieuse de « verdir » ses produits et procédés. Une quinzaine d’emplois devrait en découler.


L’industrie de la cosmétique est engagée dans son virage vers les produits « naturels », et Creathes entend bien l’aider à le prendre.
La petite entreprise d’Héricourt (Haute-Saône) commence à changer de dimension en se positionnant comme un fournisseur de référence du secteur concerné, pour une étape précise du process : la microencapsulation. A savoir l’insertion d’une molécule dans une membrane qui forme son enveloppe, dans le but de la protéger puis de la libérer au moment opportun afin qu’elle puisse diffuser au mieux son principe actif.

Pour ce développement, Creathes a entamé depuis quelques semaines un programme d’investissement de 450.000 € - avec le soutien de la région Bourgogne-Franche-Comté et de Bpifrance – qui doit la faire passer « de la petite série à une échelle plus industrielle », selon son président Hervé Huilier : soit 120 tonnes par an, contre 20 dans la configuration actuelle de la société héritée de sa création en 2008.

Depuis près de quinze ans en effet, sous l’impulsion d’Hervé Huilier, Creathes évolue dans cette technologie de la microencapsulation. « Nous avons commencé par de la recherche-développement, avant de franchir en 2019 le cap de la fabrication, mais à façon, pour le compte de tiers dans les domaines de l’agroalimentaire, de la cosmétique, de la chimie ou encore du médical-pharma, pour ce dernier en vue de l’administration par voie orale de médicaments à effet prolongé », décrit le dirigeant-fondateur.

 

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Désormais, l’équipe d’Héricourt se positionne aussi sur la production en propre. Pour y parvenir de façon réaliste, il lui fallait faire un choix parmi ses débouchés actuels, et c’est donc vers la cosmétique qu’elle s’est tournée. « Il s’agit du secteur le plus avancé en matière de développement et de vente de produits à base naturelle par rapport à ceux d’origine chimique », expose Hervé Huilier.

Creathes planche ainsi depuis toujours sur le contenant et ses nouveaux développements l'amènent également à confectionner ses propres principes actifs. Elle a déposé plusieurs brevets sur des microencapsulations d’origine végétale. L’une d’elles aboutit par exemple à confectionner une « coque » à base d’olive. Le gel aqueux, pauvre en sel et peu gras qu’elle contient, procure un toucher particulièrement agréable lorsqu’il s’applique sur la peau, et dégage une odeur qui l’est tout autant. Plus généralement, les développements de la PME portent sur l’emprisonnement puis la libération de lotions, baumes, poudres – l’une d’elle devient liquide une fois libérée et appliquée sur le corps – et autres crèmes et shampooings. « Nous allons progressivement appliquer à nos références le certificat de biodégradabilité. Toutes devront en disposer à terme. Nous garantissons l’absence de micro-plastiques », poursuit le dirigeant.

 

Des développements à l’export

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L'une des poudres mise au point récemment et  microencapsulée par Creathes devient liquide une fois qu'elle s'applique sur la peau. © Mathieu Noyer

 
L’augmentation de la production doit pouvoir s’opérer à l’intérieur des 1.000 m2 d’ateliers, laboratoire et entrepôt que Creathes occupe actuellement dans la zone d’activités d’Héricourt. Elle vise à faire passer le chiffre d’affaires annuel de son niveau actuel d’un peu d’1 million d’€ à 3 millions d’€ en 2025. « Le facteur qui peut  significativement faire varier cette évolution, c’est le répondant à l’export », souligne Hervé Huilier. De premiers marchés sont conclus ou en bonne voie en Israël, Corée du Sud, Italie, Indonésie…

 

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Le développement qui s’amorce implique aussi d’étoffer les effectifs. De façon importante à l’échelle de cette société : actuellement constituée de 6 personnes, elle en recrute 5 supplémentaires en ce moment, dans le cadre d’une quinzaine d’embauches (qualité, R&D, vente…) devant la mener à environ 20 salariés fin 2024.

Comme pour de nombreux employeurs, tous secteurs confondus, trouver cette ressource humaine et la faire venir à Héricourt ne constituera pas la plus aisée des missions. « Parmi divers arguments, nous pouvons mettre en avant celui de se mettre au service de la chimie verte, d’une façon très concrète », avance Hervé Huilier.

 

Qui est Hervé Huilier ?

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Hervé Huilier, fondateur de Creathes en 2008, accompagné de Adeline Callet (à gauche), responsable innovation, et Gaëlle Grandjean, technicienne de laboratoire. © Mathieu Noyer

 Docteur en physique et chimie de l’université de Franche-Comté, Hervé Huilier a débuté sa carrière dans la R&D dans ces domaines, avant de changer de cap : il a intégré le groupe textile Chargeurs. Après un détour par la Normandie qui lui a procuré ses premiers contacts avec le monde de la cosmétique, il s’est installé professionnellemment à Belfort où il a quitté le statut de cadre salarié pour endosser celui d’entrepreneur : ce fut la création de Creathes, en 2008 dans d’anciens locaux d’Alstom. La société a déménagé par la suite à Héricourt, en 2019 à l'occasion de son passage en mode production. Elle poursuit désormais ses développements sur son site haut-saônois.

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