Un chiffre d'affaires qui explose, plus de 40 embauches en un an et 6 millions d’€ d’investissements sur 5 ans, le liquoriste de Dijon n’a pas été affecté négativement par la Covid-19. Au contraire, il a su jouer des contraintes pour accroître et diversifier sa production. Un travail de longue haleine.


Avec la fermeture des lieux de restauration et des bars pendant la pandémie de la Covid-19, on pouvait s’attendre à des résultats maussades pour le liquoriste dijonnais. En fait, la maison Gabriel Boudier devrait tripler son chiffre d’affaires d’ici 2022, de 13,5 millions d'€ en 2020 à 40 millions l’an prochain. Les volumes livrés ont explosé : 5,6 millions de cols sur l’exercice 2020-21 (du 1er avril 2020 au 31 mars 2021) contre 3,8 millions l’exercice précédent. Et les dirigeants de l’entreprise familiale font une estimation encore croissante pour le suivant, 8 millions du 1er avril 2021 au 31 mars 2022 !


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On savait l’entreprise en plein développement avec l’annonce en 2018 d’un plan d’investissement de 6 millions d’€ sur 5 ans (Lire ici l’article de Traces Ecrites News) l’obligeant à repenser son organisation. Une partie a été réalisée, l’extension des ateliers de plus de 1.300 m2 étant encore à venir. Le groupe a par ailleurs renforcé ses effectifs de 40 personnes dans le cadre d’un partenariat avec Manpower, passant de 67 à 108 salariés en un an. Mais à l’heure où des entreprises souffrent de la crise sanitaire, comment font-ils ?


D’abord, il faut se souvenir que la diversification des produits, une des clés de la réussite, fait partie de l’histoire de Gabriel Boudier qui a toujours cherché à sortir de la fameuse spécialité dijonnaise, la crème de cassis. Déjà, durant la seconde guerre mondiale, la maison avait remporté le marché de la fourniture de gin à l’armée américaine, en Europe. « Ne pas mettre tous ses oeufs dans le même panier », est convaincue Claire Battault, secrétaire générale.
De ce fait, la gamme des produits s’est étendue : des crèmes, des liqueurs, du gin… aux saveurs multiples dans une production qui se veut toujours « précise et de qualité »… Certains postes restent d’ailleurs manuels pour remplir les exigences d’une production artisanale malgré une industrialisation croissante du groupe.

 

Un « artisan industriel »

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La Maison Gabriel Boudier est dirigée par un trio familial : François Battault, président (à droite), Yves Battault, directeur général et industriel, et leur nièce, Claire Battault, secrétaire générale. © Sabrina Dolidze


La Maison Boudier aime se définir comme un « artisan industriel », un oxymore qui définit bien ce mouton à 5 pattes, hyper-flexible. La fabrication de multiples recettes en quantité raisonnée permet en effet à l’entreprise de changer facilement sa production. Cette approche convient bien aux catégories Premium, à savoir la gamme luxueuse qui se porte très bien même malgré la crise. La série H.Theoria, (du nom de la start-up dans laquelle Boudier a pris des parts en 2017), est composée de pas moins de 17 parfums différents.

La gamme luxe qui prend une part de plus en importante dans la part productive de l’entreprise, ce sont aussi des recettes composées spécifiquement pour le 2 étoiles Michelin Relais Bernard Loiseau de Saulieu (Côte-d'Or), ou encore cette liqueur de pêche et de fleurs de sureau réalisée à la demande d’un faiseur de champagne. « L’enjeu c’est d’aller vers des produits que les autres ne veulent pas faire car trop complexes ; les recettes compliquées induisent un packaging lui aussi compliqué…. » déclare le président de la maison, François Battault.


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La majeure partie de la production de Gabriel Boudier – 80% –, est exportée. Alors que la Covid-19 a progressé inégalement sur la planète, à des périodes différentes, sa présence internationale a permis au liquoriste d’observer les évolutions de consommation et d’y répondre.
Les Français se sont mis à redécouvrir des produits traditionnels et haut de gamme avec une plus grande recherche de qualité, à tel point que le directeur général, Yves Battault, déclare des ventes sur Paris multipliées par trois. Au Japon, l’entreprise a réagi très vite pour s’adapter à une consommation jusque là inexistante dans ce pays : la consommation d’alcool à domicile.

De leur côté, les Américains ont poursuivi la consommation des mignonnettes, développées à grand échelle par l’entreprise. Tous ces exemples illustrent une anticipation des besoins et une adaptation à chaque contrainte, y compris géopolitique comme le Brexit qui, finalement, n’a pas eu d’effet négatif sur les productions en Angleterre, gros pays client.

Activité plus discrète du public, Gabriel Boudier vend aussi des prestations allant de la proposition de recettes à des conseils juridiques. En travaillant avec d’autres entreprises, le liquoriste se positionne comme un laboratoire au carrefour des tendances et évolutions des consommateurs. La maison a l’art de tendre l’oreille vers la nouveauté tant auprès de ses partenaires que de nouveaux intérimaires...


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Certains postes restent manuels. En haut, l'étiquetage, ci-dessous, le remplissage de certains alcools. © Anne-Sophie Cambeur

 

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Une entreprise aux 3 métiers


Gabriel Boudier c’est 3 branches d'activités différentes :
Gabriel Boudier Dijon : les produits traditionnels de la marque dont la célèbre crème de cassis.
Gabriel Boudier Développement : une activité de recherche proposée à d’autres entreprises (bureau d’études, création de nouvelles recettes, tests de produits…)
Gabriel Boudier Solutions : faisabilité technique d’un projet/méthode pour de nouveaux clients, mise en bouteille, gestion des stocks…

 

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Le laboratoire, récemment rénové, qui concocte des recettes "compliquées que les autres ne veulent pas faire" selon François Battault, président. © Anne-Sophie Cambeur

 

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