SPIRITUEUX. Quand le présent sait détecter l’avenir et judicieusement l’épauler, le résultat ne peut qu’être prometteur.
François et Yves Battault, les dirigeants du liquoriste dijonnais Gabriel Boudier, l’ont fait avec plaisir et empathie lorsque Camille Hedin et Marlène Staiger ont expliqué leur projet.
H.THEORIA, la jeune société qu'elles ont fondée, bouscule les codes des spiritueux et lance samedi 15 avril trois liqueurs aux saveurs détonantes.
L’une est procraste, l’autre perfide et la troisième, un tantinet hystérique. Naissance d’une histoire et début d’une aventure aux émotions fortes.

Si l’on emprunte à son dossier de presse, les liqueurs proposées par la nouvelle marque de spiritueux H.THEORIA et lancées officiellement ce samedi 15 avril, se veulent effrontément savoureuses, autant que personnelles, séduisantes et transgressives.
A l’image de leurs créatrices, deux jeunes femmes qui aiment à bousculer les codes, et jouer sur les émotions en titillant les sens.
Le fruit de leur cogitation qui aura mis trois années pour arriver à maturité le prouve. « Procrastination » (*), la première d’une gamme de trois, invite à profiter du moment présent. Assez dur et boisé de prime abord, le breuvage désarme ensuite avec des notes subtiles de jasmin, d’orange et de romarin.
« Hystérie », la seconde liqueur, est une mutine dans le sens rebelle, avec l’excitation des saveurs qu’elle procure, - cranberry, cardamone et violette tutoient le piment et l’estragon - pour s’achever par une floralité et une séduction toute féminine.
« Perfidie » enfin donne un cocktail inattendu. Cela gratte, pique, explose et se termine en roue libre. « Ici le poivre accompagné du gingembre, s’immisce dans un dialogue inattendu entre la cannelle et la tomate », avoue Marlène Staiger. On croit la jeune femme sur parole tant son jeune pédigrée invite au respect.
Diplômée de l’Institut Supérieur International du Parfum de la Cosmétique et de l'Aromatique Alimentaire, école supérieure de référence pour former des nez, Marlène Staiger a d’abord travaillé au Laboratoire (**), lieu conceptuel où se mélangent artistes et scientifiques pour ensuite devenir free lance spécialise en olfaction et formulation du goût.
Cibler les hauts lieux de la mixologie
Camille Hedin, son associée, la complète à merveille avec son diplôme de l’Edhec, école de commerce de Lille et son expérience de cinq ans chez le traiteur Gaston Lenôtre.
Elle a l’audace commerciale à fleur de peau. « Nous ciblons la clientèle des mixologues, des bartenders, mais également les boutiques spécialisées et les duty free des grandes villes comme Paris et Londres, l'un des hauts lieux de la mixologie », explique-t-elle.
La rencontre avec la maison Gabriel Boudier s’est faite à l’occasion d’un stage, il y a quelques années de Marlène durant trois mois au service R&D du liquoriste.
Le courant est si bien passé que François et Yves Battault ont tout de suite adhéré à l’idée d’accompagner les deux jeunes femmes dans leur projet. Au point même de prendre une participation à leur capital.
« Nous mettons aussi à disposition nos équipements de production et verrons pas la suite comment faire plus et mieux », souligne François Battault, président des établissements Gabriel Boudier.
H.THEORIA, fondée en juin 2016, vise cette première année les 420.000 € de chiffre d’affaires et la commercialisation de 15.000 bouteilles.
(*) Tendance à remettre systématiquement au lendemain des actions surtout lorsqu’elles ne procurent pas de satisfaction immédiate.
(**) Créé en 2007 par le chercheur, écrivain et inventeur David Edwards, en premier lieu à Paris (France) et désormais à Cambridge (USA), Le Laboratoire est un centre d'expérimentation artistique, d'innovation et de design.
• Gabriel Boudier en dates, chiffres et projets.

La fondation du liquoriste dijonnais remonte à l’année 1874. A l’époque, il s’appelle Fontbonne Fils - et avant encore Paul Rouvère et Cie -. Gabriel Boudier le rachète en 1909. Il est alors situé Boulevard de Strasbourg. Marcel Battault, le grand oncle des dirigeants actuels, reprend l’entreprise en 1936 qui emménage en 1968 par décision de Pierre Battault dans ses locaux actuels de la zone d’activité Cap Nord.
Jean Battault, fils de Pierre et président de Dijon Congrexpo, l’intègre en 1972 et la dirige jusqu’à fin 2014. Ses frères Yves et François, aujourd’hui aux commandes, y entrent respectivement en 1982 et 1988.
Très distingué pour ses productions, le liquoriste fabrique une gamme pour le restaurateur étoilé bourguignon Loiseau. En 2013 et 2014, sa crème de cassis de Dijon remporte le titre du meilleur spiritueux au monde lors de l’International Spirits Challenge. Le 16 novembre 2016 Gabriel Boudier devient le meilleur producteur mondial de liqueur pour l’ensemble de sa gamme.
Parmi ses dernières nouveautés, Kapsi Boudier, une série de sept doses de 2 cl de cassis, soit le nombre exact de verre pour un faire un véritable blanc-cassis, selon la recette du chanoine Kir, avec une bouteille d'aligoté.
La PME de 59 personnes réalise 13 millions d’€ de chiffre d’affaires, dont 65% à l’exportation, pour 3.2 millions de cols et 11350 hl de vrac vendus. Une extension de 1.300 m2 du site est prévue cette année pour un investissement de 2 millions d’€. Elle permettra notamment une meilleure organisation des flux et l’installation d’un nouveau laboratoire.
