RECRUTEMENT/BAS-RHIN. Face au problème récurrent d’embauche, la famille Walter, à la tête d’une entreprise de tôlerie, a créé sa propre agence de travail temporaire à Strasbourg.
Viwamétal a également fondé une société de logiciels pour accompagner sa transformation digitale. L’une et l’autre peuvent s’adresser à d’autres industriels locaux.

Sur les 18 derniers mois, l’effectif de Viwamétal est passé de 33 à 40 salariés. « La hausse d’activité nous a forcé à trouver des solutions au niveau des stratégies d’embauche et de l’organisation de l’espace dans nos locaux », explique Grégory Walter, le directeur de l’entreprise. Sous-traitant en tôlerie basé près de Strasbourg, l’entreprise travaille tous types de métaux : acier, inox, aluminium, cuivre, laiton et assure de multiples prestations : découpe, pliage, parachèvement, soudure, montage… Des métiers pour les lesquels les demandeurs d’emploi ne sont pas ou peu formés.
« Dans la région, il existe une formation Bac Pro métallerie au lycée Louis Marchal à Molsheim, mais une fois que les grands donneurs d’ordres du secteur automobile sont passés, moi je n’intéresse plus personne », déplore Grégory Walter. Un casse-tête devenu tellement régulier que l’entreprise a fini par créer, en janvier 2018, Elsass Emploi, une agence de travail temporaire à Strasbourg.
Alors que les agences traditionnelles privilégient les compétences et le niveau de formation des candidats, Viwamétal a choisi de sélectionner trois critères d’embauche : le savoir-être, le potentiel et la volonté de s’investir. Les candidats qui réunissent ces capacités intègrent l’entreprise et sont intégralement formés au sein de celle-ci. « La volonté de s’investir chez nous est importante car si on forme une personne pendant un an et qu’elle quitte ensuite l’entreprise, nous avons tout perdu », fait remarquer le directeur.
En ayant sa propre agence d’intérim, la société cible clairement ses besoins et les meilleurs candidats lui sont envoyés en priorité. Car Elsass Emploi n’a pas vocation à servir uniquement Viwamétal. Forte de son « expérience utilisateurs », l’objectif est de proposer ses compétences à d’autres entreprises industrielles.
Pour suivre une croissance de 18% entre 2016 et 2017, le sous-traitant en tôlerie a réussi à créer des postes en CDI. Sur cette période, le chiffre d’affaires est passé de 6 à 7 millions d’€ et en 2018, il atteindra 7,2 millions. Cependant, explique le chef d’entreprise, le niveau d’activité peut varier de 30% d'un mois à l'autre. C’est pourquoi il n’a donc d’autre choix que de faire appel à l’intérim. Il a également recours aux heures supplémentaires : l’atelier est souvent ouvert le samedi, sur la base du volontariat.
A la veille d’un choix stratégique important

A force de recruter, même en réorganisant l’espace, Viwamétal n’a plus un mètre carré disponible dans ses locaux d’Ostwald qui s’étendent sur 3.600 m2. Afin de poursuivre son développement, la société aurait besoin d’un deuxième site. « Nous devons bien peser notre décision car il s’agit de très gros investissements », observe Grégory Walter.
Pour l’aider dans ses choix, le dirigeant compte sur le dispositif Accélérateur PME Grand Est, un programme lancé par la Région Grand Est, en partenariat avec Bpifrance, qui vise à faire grandir les PME régionales et à les rendre plus compétitives. Durant huit formations de deux jours sur deux ans, les dirigeants de 18 PME sélectionnées pour leur fort potentiel, bénéficient de conseils, d’un suivi personnalisé et du réseau des promotions Accélérateurs déployées sur tout le territoire national et de Bpifrance Excellence.
« Nous allons attendre la fin de la formation pour prendre une décision sur la nouvelle usine », prévient le directeur. Ces quatre dernières années, Viwamétal a déjà maintenu un programme d’investissement soutenu, de 3 millions d’€ dans des équipements plus modernes et performants. En 2019, la dernière machine qui n’a pas été encore remplacée – une poinçonneuse –, devrait l’être pour un montant de 800 000 €.
Viwamétal s’est également diversifiée dans la transformation digitale. En juin dernier, ses dirigeants ont créé C-Koya Tech, une agence qui développe des applications mobiles et des logiciels à destination des PME locales. Sous l’impulsion de Gaël Walter, le frère de Grégory, l'entreprise a acquis de solides compétences en matière d’organisation et d’outils digitaux en phase avec l’enjeu « Usine du Futur ».
« L’idée est de conserver notre avance dans le domaine digital et de commercialiser nos compétences auprès des PME. On sent qu’il existe un gros marché », confie le directeur. L’entreprise avait déjà participé aux diagnostics « Usine du futur » lancés et financés par la Région Grand Est en 2017.
