MÉDICAL. La start-up CellProthera prolonge les recherches nées en milieu hospitalier à Mulhouse pour un traitement révolutionnaire de l’infarctus du myocarde, à partir des cellules du patient.

Pour l’instant, sa progression s’exprime en conclusion d’essais scientifiques et techniques, et en levées de fonds.

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Philippe Hénon aurait pu demeurer l’un de ces brillants médecins-chercheurs qui passent leur vie à sauver ou essayer de sauver celle des autres, sans jamais avoir vocation à remplir la rubrique économique des journaux.

Exerçant à l’hôpital Emile-Muller de Mulhouse (Haut-Rhin) - que toute la population locale continue d’appeler le Moenschberg -, il a franchi depuis quelques années le pas de l’entreprise pour se frotter, un jour au management d’effectifs qu’il espère nombreux, et dans l’immédiat à la chasse aux fonds pour poursuivre et affiner les recherches de sa société : CellProthera.

Il s’est entouré dans ce but de compétences financières et commerciales avec Jean-Claude Jelsch et Christophe Valat, les codirigeants d’une start-up devenue l’une des plus prometteuses d’Alsace.

Lancée en juin 2009, la société a levé 6 millions d’€ dont 4,3 millions en deux opérations rapprochées fin 2011, auprès du Fonds unique interministériel (FSI) de l’Etat d’une part (1,8 million), de la société publique alsacienne de capital-risque Sodiv et d’une société privée d’investissement, R2M, d’autre part (2,5 millions).

Avec CellProthera, Philippe Hénon change de discipline principale. Disciple du professeur Jean Bernard, le ponte de l’hématologie passe à la régénération cardiaque. Le point commun, ce sont les cellules souches adultes, celles qui ne sont pas soumises aux débats bioéthiques.

Elles constituent le point de départ de l’avancée extraordinaire que propose CellProthera : réinjecter ces cellules dans la zone cardiaque lésée d’une personne victime d’un infarctus du myocarde, après les avoir prélevées sur elle par une simple prise de sang.

Une alternative donc, à la transplantation cardiaque - du moins pour les formes les plus sévères - dont on connaît les risques et la difficulté d’occurrence compte tenu de la pénurie de greffons.

Une sorte de centrifugeuse

La transformation de cette découverte exceptionnelle en succès industriel passe par un automate. Unique au monde, cet équipement produit le greffon cellulaire par démultiplication de cellules souches adultes (d’un facteur 20 environ). Une sorte de centrifugeuse, somme toute.

Les perspectives économiques donnent le tournis. «Si nous touchons 15 % du million de patients les plus sévèrement atteints chaque année en Europe occidentale, aux Etats-Unis et au Japon, le chiffre d’affaires potentiel atteint 1,5 milliard d’€ au bout de la cinquième année de production», calcule Jean-Claude Jelsch.

Pour l’heure, CellProthera emploie 8 personnes, un effectif qu’elle compte porter à 25 dans les deux ans, avant de générer une centaine d’emplois induits.

Elle-même ne construit pas l’automate. La tâche incombe à Bertin Technologies en Ile-de-France. Cette société a déjà sorti quatre exemplaires installés chez les partenaires scientifiques: l’Institut de recherche en hématologie et transplantation (IRHT) de Mulhouse que Philippe Hénon continue à diriger en parallèle, les universités Pierre et Marie Curie (Paris) et de Toledo (Etats-Unis).

Un cinquième automate livré en juin lancera la pré-série avant la mise sur marché visée fin 2014. Cette année est consacrée à la validation biologique de l’équipement : «Il s’agit de démontrer que les cellules qui en sortent ont les mêmes caractéristiques que celles qui sont entrées», explicite le professeur Hénon.

Parallèlement, il faut réaliser des essais sur l’Homme. Un premier a porté sur sept patients, dont trois étaient programmés pour subir une transplantation. «Au bout de six ans, ils ont récupéré 50 à 75 % de leur fonction cardiaque et vivent normalement», annonce le fondateur de CellProthera.

Pour confirmer à plus grande échelle, une étude clinique démarre en janvier 2013 sur 150 patients dans le monde. «Cette étape ainsi que le démarrage commercial requièrent une nouvelle levée de 12 millions d’€», indique Jean-Claude Jelsch.

Avis aux intéressés !

Crédit photo: CellProthera

1 commentaire(s) pour cet article
  1. chassonnerydit :

    Bonjour, J'ai été opéré du coeur en 86 : 3 pontages + séquentiel avec un infarctus post opératoire. Depuis, cela ne s’améliore pas : 2 stents en 2010, FE autour de 42. Suis-je un "client" possible pour les cellules souches ? Merci Cordialement

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