Gilles Penet veut rompre avec trente ans de déclin de fabrication dans l'ameublement en France, qu'il a vécus durant sa carrière professionnelle. Il a créé la société Canapé-Tissu pour développer la marque du même nom, en s'appuyant sur son entreprise OPS en Saône-et-Loire et un réseau de partenaires industriels, français ou européens proches.
Motivé par un certain patriotisme, l’industriel de Chalon-sur-Saône (Saône-et-Loire) Gilles Penet lance une gamme de canapés éco-responsables, produits localement à partir de matières premières innovantes et à 98 % françaises.
Avec ses trente années d’expérience dans le secteur de l’ameublement, Gilles Penet a vu fermer nombre d’entreprises françaises du secteur. « Dans le segment du canapé milieu de gamme, nous ne sommes plus que quatre producteurs tricolores, qui fabriquons pour les distributeurs. Aujourd’hui, neuf sièges sur dix rembourrés vendus en France sont d’importation. Dans le meilleur des cas, la production dans notre pays sert de faire-valoir », décrit-il.
À la tête du fabricant de canapés OPS, une SAS d'environ 40 salariés qu’il a fondée en 2001 et qui réalise 95 % de son chiffre d’affaires (non communiqué) avec les grands distributeurs d’ameublement, Gilles Penet exprime la « conviction profonde » que le made in France reste porteur. Joignant les actes à la parole, il a décidé de créer, en juillet 2021, Canapé-Tissu, afin de vendre une collection sous ce nom.
« Nous créons une marque française, qui vend des canapés fabriqués en France, à partir de matières premières éco-responsables, très majoritairement françaises », résume l’entrepreneur.
Le pari est audacieux, d’autant qu’il ne s’agit pas, pour Gilles Penet, d’apparaître comme trop frontalement concurrent de ses principaux donneurs d’ordre. La conception et la réalisation des meubles sont assurées par les salariés d’OPS, dans les ateliers de cette entreprise, à Saint-Vallier (Saône-et-Loire).
À en croire le dirigeant, l’équipe adhère à ce projet. « Il s’agit d’un élément moteur pour l’entreprise, dont nos collaborateurs tirent une vraie fierté. Plus de la moitié d'entre eux sont venus lors de l’inauguration de notre boutique de vente, en mars 2022 », détaille-t-il.
De la bouteille en plastique au tissu

Outre un canal de distribution en ligne associé à un puissant configurateur pour personnaliser les achats, l’entreprise a en effet installé un premier point de vente physique à Châtenoy-le-Royal, aux portes de Chalon-sur-Saône. Cette boutique, ouverte en collaboration avec une autre marque française, Maliterie.com (Neuville-sur-Sarthe), constitue un galop d’essai.
« Le consommateur demande à voir le produit. Notre boutique chalonnaise est un laboratoire, pour la perception de nos canapés. Les premiers résultats sont très encourageants et nous espérons étendre rapidement notre réseau », précise le responsable. Maliterie.com compte une cinquantaine de boutiques en France, susceptibles d’accueillir les gammes de Canapé Tissu.
Pour réaliser ses canapés de moyenne gamme, vendus entre 600 et 1 400 €, l’entrepreneur utilise des matériaux locaux si possible. Le bois certifié PEFC provient de forêts régionales éloignées au maximum de 350 kilomètres du site de production. Le tissu, lui, est espagnol, mais issu du recyclage : les 10 mètres nécessaires à la confection d’un canapé donnent une nouvelle vie à 370 bouteilles en plastique.
Enfin, et surtout, la mousse de rembourrage est une innovation technologique française, qui connaît là sa première application industrielle. Ce produit Orbis de l'entreprise Icoa (groupe Vita) a été développée durant plusieurs années par quatre industriels français et elle est réalisée à partir d’anciens matelas recyclés.
« Ces articles usagés sont collectés dans l'hexagone, puis leur mousse est dépolymérisée, à haute température afin de donner une nouvelle matière, le polyol Rénuva, à partir duquel est produite la mousse Orbis », détaille Gilles Penet.
C’est au sein du groupe Parisot (siège à Saint-Loup-sur-Semouse, en Haute-Saône) que Gilles Penet se découvre une passion pour l’ameublement et les canapés. « J'y ai travaillé 10 ans, avant de fonder OPS, en association avec mon ancien patron, Michel Parisot », précise-t-il. Natif de Tournus, le chef d’entreprise de 57 ans est revenu dans son département de naissance « un peu par hasard, beaucoup pour sa position géographique centrale. » L’enfant du pays s’implique fortement dans la vie économique locale, à travers plusieurs mandats au sein de la chambre de commerce et d’industrie de Saône-et-Loire, puis de la régionale (Bourgogne-Franche-Comté).
Photos fournies par l'entreprise.