INNOVATION/ ALSACE. Dans l’univers assez impitoyable de l’emballage des aliments, Can Packaging se fait doucement sa place. La PME de Habsheim (Haut-Rhin) a mis au point un emballage tout (ou quasi-tout) en carton, la Green Can®.
Pour le fils du fondateur de cette petite boîte écolo et familale, la Green Can consacre sa conviction « qu’il faudrait un jour sortir de la dépendance aux produits dérivés de cette ressource épuisable qu’est le pétrole ».

Avec la Green Can®, la PME alsacienne entend bousculer les us et coutumes du secteur qui ne jure que par la boîte composite, à savoir la réunion du carton, du métal et du plastique. Dans cette alliance, le carton compose en général le corps de la boîte. Les deux autres matériaux forment le fond et le couvercle. Ils apportent la résistance et surtout la parfaite barrière à l’air, à l’humidité et à la lumière, afin de protéger le contenu : chips, biscuits, café, chocolat, lait, fromage, etc…
A force de recherches internes, Can Packaging estime avoir trouvé l’alternative en carton qui procure les mêmes garanties. Seul un film plastique ou aluminium vient encore se glisser pour apporter la précaution maximale. « Au final, nos boîtes sont composées de carton entre 92 et 98 %, c’est sans équivalent en Europe », annonce Guillaume Sireix, directeur général et fils du fondateur, Georges Sireix.
Recyclable, ce carton est également d’origine recyclée pour sa majorité, soit 60 à 80 % de la boîte, en fonction de son diamètre. La Green Can résulte d’un savant mariage de bobines de cartons de différentes sortes, bien préservé des regards extérieurs dans le bâtiment de Habsheim. La PME conçoit et construit elles-mêmes les machines qui produiront ces boîtes.
Cet effort écologique vers le « mono matériau » n’est évidemment pas que philanthropique. Can Packaging parie sur la sensibilité environnementale croissante des consommateurs. Et certains pays la poussent par leur réglementation. En Allemagne, l’écotaxe Grüne Punkt « frappe beaucoup moins les produits contenant moins de 5 % de plastique, comme la Green Can, que les boîtes classiques », relève Guillaume Sireix.

3 millions d'€ d'investissements à Habsheim et dans le site jumeau d'Ancenis.
Après plusieurs années de mise au point et de début de commercialisation, la Green Can rencontre son marché. Elle déclenche du coup une série d’investissements sur les deux sites de son inventeur : Habsheim le siège, et Ancenis en Loire-Atlantique, où la PME a créé une unité en 2010 afin de se rapprocher de la prolifique industrie agro-alimentaire de l’Ouest de la France.
Au total, Can Packaging investit un peu plus de 3 millions d’€ dans des projets jumeaux. Jusqu’au début du printemps, elle a commencé par étendre les deux bâtiments de 1 000 m2 pour faire plus de place au stockage et optimiser les flux.
A présent, elle prépare la mise en service d’une nouvelle ligne plus moderne, capable de monter son débit à 120 boîtes à la minute. L’équipement sera opérationnel respectivement dès le début de l’été à Ancenis et au début de l’année prochaine à Habsheim.
Can Packaging emploie au cumul 45 salariés. Elle a produit 100 millions de boîtes en 2014. Le chiffre d’affaires a grimpé à 16 millions d’€ … et ne devrait pas en rester là. « Nous maintenons jusqu’à présent un rythme de croissance de 20 à 25 % par an », indique le directeur général.
Ce développement est d’abord porté par la France et l’Allemagne qui représentent chacun 40 % des débouchés. La croissance outre-Rhin amène d’ailleurs la PME à travailler à y implanter une troisième unité d’emballage.
La liste des marchés se complète d’une dizaine de pays d’Europe de l’Ouest et du Nord. Ceux connus justement pour la sensibilité écologique de leur population, comme la Norvège ou le Danemark. Les clients de Can Packaging doivent en tenir compte. La PME écoule ses Green Can auprès des industriels agro-alimentaires, qu’ils soient fabricants de leur propre marque ou de MDD (marques de distributeurs).
La PME ne se repose pas sur ce succès naissant. Son bureau d’études continue à travailler aux améliorations, notamment pour toujours mieux garantir l’absence de risque de contamination.
Guillaume Sireix peut donc continuer à phosphorer… pour son plus grand bonheur. « Dès que j’ai eu une minute, je dessine des projets, c’est comme cela depuis que je suis tout petit ! », avoue-t-il.
Un gène probablement hérité de son père Georges, fondateur de la PME en 1989, et toujours bien présent dans les locaux. Pour son fils Guillaume, la Green Can consacre « sa conviction déjà marquée il y a un quart de siècle qu’il faudrait un jour sortir de la dépendance aux produits dérivés de cette ressource épuisable qu’est le pétrole ».