MÉCANIQUE/BAS-RHIN. Reprise en 2014 par Stéphane Dedieu, le société Caddie Les Ateliers Réunis à Drusenheim dans le Bas-Rhin a de nouveau ses carnets de commande remplis et un chiffre d’affaires en progression.
Après deux dépôts de bilan en 2012 et 2014, l’entreprise dont le produit phare, le chariot de supermarché, est devenu un nom commun s’est redimensionnée et modernisée.

Les nuages noirs qui obscurcissaient sérieusement l’avenir de Caddie il n’y a pas si longtemps, ne sont plus qu’un mauvais souvenir. Désormais, la célèbre entreprise de Drusenheim évolue sous des cieux plus radieux.
En 2015, elle a réalisé un chiffre d’affaires de 26 millions d’€, alors que Stéphane Dedieu, le repreneur sur dépôt de bilan, avait fixé un objectif à 17 millions. Le résultat d’exploitation a été positif dès la première année de relance. Et pour 2016, le dirigeant vise une croissance à 7%.
« Notre carnet de commande est plus que plein. Nous devons rester vigilants pour respecter les délais. Nous travaillons à nouveau avec tous les grands groupes de la distribution », assure-t-il. Une performance quand on sait que l’entreprise a connu un arrêt complet de sa production pendant six mois en 2014.
La reprise par le groupe Altia Industry en 2012 s’est soldée par un échec au bout de deux ans. Cet actionnaire est lui-même placé en redressement judiciaire en 2014.
Stéphane Dedieu, ancien directeur général, reprend alors l’entreprise en novembre. Il focalise la production sur le produit phare de Caddie : le chariot de supermarché, et il réduit la taille de l’entreprise en reprenant seulement 128 salariés sur 400. Depuis, il a réembauché.
Caddie emploie aujourd’hui 200 personnes, dont une trentaine d’intérimaires. C’est beaucoup moins que dans les années 1980, où la société a employé jusqu’à 1.300 salariés, mais le contexte économique n’est plus le même…
Des investissements dans l’outil de production et des innovations

Caddie a également renoué avec les investissements. Depuis 2014, le nouveau P-DG a investi 1,2 million d’€ pour réduire les coûts de production de l’usine.
Il a installé une nouvelle machine à commande numérique pour plier les tubes en acier des chariots d’aéroport, une ligne robotisée qui produit des corbeilles métalliques et il prévoit l’achat d’une ligne de peinture pour améliorer l’esthétique des chariots.
Car la nouvelle direction a travaillé à moderniser les produits au niveau des formes et des matériaux utilisés.
Le catalogue s’est enrichi d’un chariot hybride composé de parois en plastique et d’un fond en métal. « Ce sont des chariots plus légers et plus ergonomiques », fait remarquer le dirigeant. Les éléments en plastique sont fabriqués par la société Hebeco à Colmar, dont Stéphane Dedieu est aussi le patron et par un sous-traitant en région lyonnaise.
D’ici à la fin de l’année, Caddie proposera aussi un chariot plus petit, plus maniable et plus ergonomique, destiné aux magasins de centre-ville.
L’entreprise a également breveté le Caddie Wind, un chariot permettant de déposer directement ses sacs pour trier ses achats au fur et à mesure. En l’équipant d’un scanner, ce chariot évite au client de décharger ses achats : une fois tous ses produits scannés et mis dans les sacs, il lui suffit de donner le scanner à la caissière et de payer. Ce « chariot du futur » sera disponible à la fin 2016.
Des marchés dynamiques à l’export
Aujourd’hui, Caddie est le numéro 2 mondial du chariot de supermarché et du chariot d’aéroport. La société exporte la moitié de sa production. « Notre objectif est de nous focaliser sur l’Europe, jusqu’en Russie, et en Afrique et Moyen-Orient. En Asie, les droits de douane sont trop chers », affirme Stéphane Dedieu.
Pour contrer ce problème, deux usines en Chine et en Malaisie, ont noué un partenariat avec Caddie pour fabriquer les chariots sous licence. Pour l’instant, il n’est pas question de procéder à des opérations de croissance externe.
« Nous voulons consolider nos ventes et concentrer nos forces en interne. Nous avançons pas à pas avec nos moyens », précise le dirigeant.
L’entreprise profite de la croissance du secteur aéroportuaire. Elle a équipé des aéroports en Polynésie, au Moyen-Orient, en Asie où, dans ces deux dernières régions du monde, le nombre d’aéroports augmente chaque année. D’ici à fin 2016, la société alsacienne proposera également un nouveau chariot pour ce marché.
Baptisé Flylight, il sera doté d’un design moderne et de zones de dépose supplémentaires pour les bagages à main. Les chariots d’aéroport représentent 10% du chiffre d’affaires de Caddie.
Aujourd’hui, Caddie est redevenue une société familiale. Stéphane Dedieu en détient 65% du capital, l’italien Bertoldi qui distribue la marque depuis 1961 en détient 25% et la société allemande Shopbox, spécialisée dans l’entretien des chariots, possède les 10% restants. Le nom originel de 1928 « Les Ateliers Réunis » a également fait son retour sur les logos de l’entreprise.
Qui est Stéphane Dedieu ?

Diplômé d’une école de commerce à Paris, Stéphane Dedieu, 48 ans, a réalisé presque toute sa carrière chez Caddie. Son premier emploi, il le décroche au sein de la société alsacienne en 1992 comme vendeur, d’abord à Paris, puis à Bordeaux.
En 1995, il s’installe en Alsace pour travailler au département export. Il est chargé de développer les ventes dans les pays anglo-saxons, puis dans les pays latins. En 2000, il est nommé directeur export et en 2009, il devient directeur général.
En 2012, lors du premier dépôt de bilan, Stéphane Dedieu quitte l’entreprise et rachète la société Hebeco Plastiques à Colmar. Lors du second dépôt de bilan en 2014, il revient avec une offre de reprise et devient alors P-DG de Caddie.