AVIS D'EXPERT(E). Cristina Brun dirige le cabinet de conseil CCC, pour Challenges Compétences Croissance, installé à Dijon (Côte-d'Or) et qu'elle a créé en septembre 2011.
Son métier : améliorer la performance des entreprises industrielles en Bourgogne et Franche-Comté, principalement des PMI.
Espagnole d'origine - elle est catalane - cette diplômée en sciences économiques et en gestion d'entreprise a un parcours professionnel qui plaide en sa faveur.
Auditrice, directrice des achats, puis responsable du contrôle de gestion au sein de filiales étrangères de grands groupes : Valeo, Moulinex et Seb, elle a aussi exercé les fonctions de directrice administrative et financière (DAF) au sein d'un établissement d'enseignement supérieur.
À l'aune de son expérience, Cristina Brun livre un diagnostic lucide sur les raisons du manque d'accompagnement stratégique extérieur au sein du tissu économique des deux régions.
Elle évoque les principales causes qui pénalisent la rentabilité et dévoile en partie sa méthodologie d'intervention.
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Comment expliquez-vous les freins à l'appel au conseil en stratégie industrielle pour améliorer la performance des PMI de Bourgogne et Franche-Comté ?
La plupart des dirigeants d'entreprise pensent que le recours à quelqu'un d'extérieur ne va pas leur apporter quelque chose de significatif. Ils estiment connaître parfaitement leur société et être les mieux à même pour trouver les bonnes réponses. Rien n'est plus faux. Ils ont la tête dans le guidon ce qui les empêche de prendre du recul. Cela explique la faiblesse du conseil en stratégie industrielle et cela est d'autant plus dommage que bon nombre de ces entreprises ont éliminé ou ne pense pas à créer un poste de contrôleur de gestion. Dans une économie de plus en plus mondialisée, où le facteur temps s'accélère, le regard sans concession d'un tiers favorise généralement une remise en question salutaire. Et, il ne faut pas seulement y penser quand la maison brûle.
Quelles principales causes de dysfonctionnement rencontrez-vous ?
La plus importante concerne la maîtrise des coûts. S'ils ont été évalués au départ, ils évoluent tellement vite que l'entreprise n'en a plus vraiment une vision claire. Le poste achats, le prix de revient des différents produits et les marges imposent en ce sens un suivi constant et une révision souhaitée au minimum tous les deux ans. Une mauvaise organisation humaine pénalise aussi la performance. Les patrons de PMI délèguent trop peu. Ils rechignent la plupart du temps à s'entourer de compétences dans des domaines qu'ils pensent maîtriser, alors que faute de temps, ils ne peuvent pas toujours suivre les évolutions technologiques.
Quelles solutions d'amélioration préconisez-vous la plupart du temps ?
Je n'impose bien évidemment rien. Le management de l'entreprise doit s'approprier les suggestions que je formule. Tout commence pour moi par des entretiens avec le dirigeant, son management et s'il en est d'accord, avec le personnel de l'entreprise. L'important dès le départ est que je m'imprègne de la culture existante, des valeurs exprimées et des objectifs recherchés. Une fois ce travail effectué, en plusieurs temps s'il le faut, et qu'une prise de conscience s'opère, j'analyse les dysfonctionnements, puis précise un plan d'actions. Il diffère en fonction de la situation constatée, mais le plus souvent, il concerne l'arrêt de productions déficitaires; le recentrage sur le coeur de métier, qui est souvent un critère fort de différentiation vis-à-vis de la concurrence; la gestion actuelle et prévisionnelle des emplois et des compétences; l'optimisation des flux de production et la mise en place d'indicateurs fiables.
Combien facturez-vous une journée de consulting ?
Il faut compter 1000 €. J'indique que des aides au conseil, sous forme de subventions, existent dans la plupart des régions pour alléger la facture globale. En Franche-Comté, elles atteignent jusqu'à 50%, avec un montant plafonné à 30 000 €. En Bourgogne, jusqu'à cinq jours, l'aide s'élève au maximum à 4 000 € et, au-delà, l'entreprise peut prétendre toucher 25 000 €.
Sylvain Quidant co-gérant de Cogitech, à Marsannay-la-Côte (Côte-d'Or) témoigne :
«Nous sommes spécialisés dans l'ingénierie, le prototypage de pièces et la production en pré-séries dans le domaine du mobilier haut de gamme qu'il soit minéral, en bois et ses dérivés ou en résine.
Notre savoir-faire, fait de technicité et d'artisanat au sens noble du terme, s'adresse à des galeries d'art, des éditeurs et des hôtels de luxe. Cogitech (1,5 million d'€ de chiffre d'affaires, 15 personnes), co-fondée en 2000 avec mon associé Olivier Mesplomb, bénéficie d'une croissance régulière à deux chiffres.
Si nous avons fait appel à Cristina Brun, c'est que nous voulions une analyse critique afin de passer un nouveau cap, tant en terme d'organisation que de nouvelle stratégie à mettre en oeuvre. Elle a su percevoir nos qualités et nos faiblesses et formaliser des outils de développement. Au final, grâce à ce regard neuf, nous avons appris à mieux nous connaître pour aller à l'essentiel en réaffirmant nos valeurs et notre identité». Crédit photo: Cristina Brun et Cogitech