RECYCLAGE. Bourgogne Recyclage inaugure aujourd'hui à Ruffey-lès-Beaune (Côte-d'Or), une unité de production de combustibles solides de récupération (CSR), issus des déchets non recyclables.
Le recycleur implanté en Bourgogne et en Franche-Comté investit 6,5 millions sur un marché naissant en France qui peut exploser si le législateur lui donne un coup de pouce.

Sur les 450 000 tonnes de déchets ménagers et industriels que traite annuellement Bourgogne Recyclage, 60 000 tonnes ne sont pas recyclables et sont enfouies en décharges ou incinérés.
Avec l'usine qu'elle inaugure ce matin, sur le site de son siège à Ruffey-lès-Beaune (Côte-d'Or), l'entreprise va réduire cette portion de 70% en les transformant en nouvelle source d’énergie : le combustible solide de récupération appelé CSR.
A l'issue de la chaîne de fabrication, la moitié des déchets traités devient du combustible, 20% sont réutilisables et 30% restent des déchets ultimes, détaille Pascal Secula, le P-DG. L'usine de 3000 m2 offre une capacité de 42 000 tonnes par an, moyennant un investissement de 6,5 millions d'€. Douze emplois ont été créés.
Concrètement, le combustible solide de récupération se fabrique avec des plastiques mélangés issus de l'activité industrielle, mais aussi des cartons, tissus et bois souillés et, du côté de la poubelle des ménages, des emballages non recyclables comme le polystyrène et toutes sortes d'encombrants (comme de vieux canapés).
Il se présente sous la forme d'une sorte de confetti contenant principalement du plastique et du tissu. Les matériaux de base sont broyés une première fois, puis criblés et triés à travers divers outils (tri optique, aéraulique, magnétique) pour les débarrasser de matières non désirables (comme le métal ou le PVC contenant du chlore), et à nouveau broyés pour obtenir des pastilles d'une granulométrie de 20-25 mm. Son pouvoir calorifique est situé entre 17 000 et 24 000 kilojoules.
En fonctionnement depuis juin, l'usine qui a déjà produit un millier de tonnes, a trouvé ses premiers marchés chez les cimentiers implantés à 250 km à la ronde. « Nous faisons aussi des tests dans les fours à chaux », indique Pascal Secula.

L'enjeu des chaufferies urbaines
Des débouchés beaucoup plus vastes pourraient s'ouvrir avec l'évolution de la législation, en particulier les chaufferies urbaines.
« L'enjeu est de faire passer le CSR du statut de déchet en produit commercialisable ; une volonté politique pourrait non seulement favoriser un marché porteur, mais aussi développer une économie circulaire en alimentant les chaufferies de proximité », affirme le P-DG.
La Fédération des entreprises du recyclage (Federec) s'emploie à faire avancer le sujet auprès des parlementaires. Avec le soutien de l'Ademe, elle travaille sur une caractérisation du produit pour déboucher sur un cahier des charges. L'intérêt de l'Ademe se traduit d'ailleurs par une aide de près d'un million d'€. Le conseil régional de Bourgogne a ajouté une somme de 150 000 €.
La nouvelle installation qui compte parmi une dizaine de ce type en France, apporte un autre avantage non négligeable au recycleur. « Nous maîtrisons désormais le prix de traitement des déchets non recyclables dans un contexte de hausse des taxes liées à l’enfouissement. »

Une entreprise familiale
Bourgogne Recyclage a été créée en 1949 par Etienne Secula, le grand-père de Pascal, l'actuel P-DG. Son fils Geoffroy est également de la partie avec la responsabilité de l'exploitation.
Au fil du temps, un petit groupe s'est constitué avec des filiales géographiques et par produits. Bourgogne Recyclage est présent sur sept sites en Bourgogne et en Franche-Comté : Auxerre, Dijon, Beaune, Allériot (près de Chalon-sur-Saône), Lons-le-Saunier, Besançon et Pontarlier.
La collecte et le traitement de 450 000 tonnes de déchets industriels et ménagers devrait générer un chiffre d’affaire consolidé d’environ 45 millions d’€ en 2014 avec 242 salariés. Chaque année, l'entreprise investit 6 millions d'€ en moyenne pour améliorer ses équipements et les adapter aux évolutions technologiques du recyclage.
En 2013, un site de déconstruction automobile a été installé à Longvic, dans l'agglomération de Dijon, « premier de ce genre en Bourgogne Franche-Comté », selon le P-DG. Des travaux son en cours pour porter la capacité de la plateforme de compostage d'Allériot (Saône-et-Loire) à 20 000 tonnes.