BÉTON/ALSACE/BOURGOGNE/LORRAINE. Spécialiste des produits préfabriqués en béton précontraint, le groupe français KP1 a célébré cet automne les 40 ans de son usine de Ciel (Saône-et-Loire), quelques mois après les 50 ans de son site d’Ensisheim (Haut-Rhin).
Avec une troisième usine à Louvigny (Moselle), ils forment une entité Est qui s’est réorganisée ces dernières années pour rendre les sites complémentaires les uns des autres.

Ciel, en Saône-et-Loire est le plus gros des trois sites que possède le groupe français KP1 dans l'Est, spécialisé dans des produits préfabriqués en béton précontraint. L'unité bourguignonne emploie 50 permanents (et une dizaine d’intérimaires), Ensisheim dans le Haut-Rhin et Louvigny en Moselle, 30 chacun, soit un total de 110 CDI.
« Si l’on raisonne à l’échelle de ce trio, la première activité, représentant environ 45 %, du volume est constituée de produits spécifiques pour le tertiaire, l’habitat collectif, les parkings ou des équipements particuliers, que nous livrons directement aux entreprises du bâtiment », décrit Patrick Burdy, le directeur commun aux trois sites, implantés en Bourgogne, Alsace et Lorraine.
Les 42 000 m2 de dalles alvéolées fabriquées par Ciel pour le Grand stade de Lyon en font partie. Le programme de logements Bruckhof à Strasbourg, l’hôpital Emile-Muller de Mulhouse ou le centre commercial Muse à Metz comptent aussi parmi des réalisations récentes.
Viennent ensuite, à 40 %, les produits « de stock » pour le négoce, appliqués aux maisons individuelles ou à de petits ensembles par les maçons voire les particuliers eux-mêmes.
KP 1 déploie une troisième activité, des solutions complètes en clos-couverts, notamment pour des magasins et entrepôts - Ikéa compte parmi ses clients -. Mais ce pôle est marginal dans les sites de l’Est.
Ce groupe KP1 est détenu par ses cadres dirigeants. Basé à Avignon, il emploie 1 400 salariés pour 258 millions d'€ de chiffre d’affaires en 2014. Il a été connu sous plusieurs autres appellations par le passé, conséquence de changements successifs d’actionnaires.

A Ciel, le site a succédé à la tuilerie-briqueterie familiale Gabin-Jacob, lorsque le gisement d’argile s’est épuisé et qu’il a fallu trouver une nouvelle activité. Ce fut la fabrication alors en plein essor de poutrelles en béton précontraint (*), à partir des années 1960, sous licence PPB.
L’actuelle usine a été aménagée sur 11 hectares en 1975. Deux ans plus tard, la société Gabin-Jacob a été rachetée par Doras Matériaux. Puis le négociant s’est retiré de l’activité industrielle. Le bal des dénominations a alors commencé : Feder Béton, BDI, puis enfin KP1 depuis 2003.
A Ensisheim, l’usine a été créée en 1965 par la Société industrielle de planchers précontraints de l’Est (SIPPE). Elle a également rejoint le giron de Doras, quelques années après Ciel, avant de connaître les évolutions parallèles jusqu’à KP1.
Une réunion de PME du béton précontraint

« Les trois sites de l’Est sont en fait la réunion de PME qui ont évolué un temps chacune de leur côté dans le béton précontraint », résume Patrick Burdy. Depuis quelques années, ils se sont réorganisés pour devenir complémentaires les uns des autres, compte tenu aussi d’un marché plutôt en berne.
Ils gardent en commun la fabrication des prédalles « un marché reposant sur la proximité entre fournisseurs et clients ».
Ensuite, les différents sites développent des spécialités. Ainsi, Ciel concentre l’activité régionale de KP1 en dalles alvéolées, avec une capacité de 1 000 m2 par jour.
Ensisheim fabrique des poutres de charpente, activité qui va être relancée après une mise en veilleuse de quelques années.
Quant à Louvigny, il a bénéficié d’un investissement de près d’1 million d’€ pour développer depuis deux ans une nouvelle gamme de poutrelles, lancée pour réagir à la baisse du marché des planchers de maisons individuelles.
Egalement dédié aux prélinteaux, Ciel est le site-pilote pour le lancement depuis quelques mois de la « Thermoprédalle », une prédalle qui intègre un dispositif de traitement des ponts thermiques périphériques.
« A l’époque des carrières d’argile, Ciel jouissait d’un emplacement idéal, le long du Doubs et près de la gare de Verdun-sur-le-Doubs », commente Patrick Burdy. Aujourd’hui, le site bourguignon est éloigné des centres urbains.

Mais il compense ce handicap par ses moyens logistiques (deux parcs de stockage de 4 500 m2 et 2 400 m2 à ponts roulants), des investissements récurrents, et surtout la compétence, l’expérience des équipes et leur prédisposition à expérimenter les innovations.
(*) Inventée en 1933 par l’ingénieur Eugène Freyssinet, la précontrainte consiste à tendre des fils d’acier pour maintenir le béton en compression et renforcer la résistance des éléments préfabriqués.