Avec la nouvelle version de son logiciel pour microscopes, Digital Surf ne révèle plus seulement la forme et la texture des surfaces, mais aussi leurs propriétés actives habituellement révélées par l’analyse chimique.
L’éditeur bisontin de logiciels de visualisation pour microscopes sort la version 9 de son logiciel phare, baptisé Mountains, qui équipe les microscopes des plus grands constructeurs afin de visualiser et augmenter les images obtenues. La nouvelle version a été entièrement développée à distance en raison des contraintes sanitaires. « La grosse nouveauté c’est l’arrivée de l’analyse spectrale, qui permet de mettre en évidence les propriétés actives des surfaces visualisées », explique Christophe Mignot, dirigeant et fondateur de Digital Surf.
« Nous avons longtemps travaillé sur la description et l'analyse de la forme et de la texture des surfaces, ce qui correspondrait, en médecine, à l'anatomie de celles-ci. Les nouveaux outils de la version 9 permettent de passer de "l'anatomie" des surfaces à leur "physiologie", c’est-à-dire comprendre non plus seulement leur forme microscopique mais leurs nouvelles propriétés actives. »
Les propriétés fonctionnelles recherchées peuvent être, par exemple, la capacité d'une matière à conduire le courant électrique, repousser l'humidité, émettre ou absorber de la lumière, stocker de l'énergie ou retenir des matériaux actifs, voire ou au contraire leur donner une action antimicrobienne.
L’arrivée de l’analyse spectrale correspond à une mutation des besoins d’un client historique de l’entreprise, le secteur automobile. « Notre métier, c’est la topographie à l’échelle microscopique. Nous avons toujours beaucoup travaillé avec le secteur automobile, à travers l’optimisation surfacique des pièces mécaniques, qui permettent d’optimiser leur rendement, limiter leur usure et réduire la pollution.
Ce marché décline, désormais les constructeurs se concentrent notamment sur les bio-carburants, aussi nos fonctions d’analyses spectrales répondent précisément à cette demande », note-t-il. L’industrie en général, constate le dirigeant, demande de plus en plus aux surfaces microscopiques, aux nano-dispositifs ou aux micro-organismes d'être capables de réaliser des fonctions de plus en plus sophistiquées.
Devenir le Windows des microscopes

Digital Surf a commencé son activité en 1989, en fabriquant ses propres instruments et en développant un logiciel pour en visualiser les images, avant d’abandonner le matériel pour se concentrer sur le seul logiciel. Avec une ambition poursuivie depuis : faire de Mountains le Windows – le logiciel standard – des profilomètres, des microscopes électroniques, et des microscopes à force atomique.
L’entreprise travaille directement ou indirectement avec Hitachi, Zeiss, Nikon, la NASA et mêmes les GAFAM. « Nous avons 55 clients fabricants d’appareils qui intègrent Mountains, mais nos parts de marché varient selon les instruments. Nous sommes présents sur 90 % des profilomètres et chez les quatre leaders mondiaux de la microscopie électronique. Notre pénétration est plus faible sur la microscopie à force atomique, et nous arrivons dorénavant sur le marché du spectral », précise le dirigeant fondateur.
Une arrivée préparée en amont. Avant la mise sur le marché de Mountains 9, Digital Surf avait conclu des accords commerciaux avec deux poids lourds de l’analyseur spectral, notamment le britannique Oxford Instruments, qui ont pu bénéficier d’une version de développement.
Digital Surf qui emploie 50 personnes a réalisé sur son dernier exercice 2020-2021 (clos au 30 juin) un chiffre d’affaires de près de 5 millions d’€. Une croissance de 25 % qui fait suite à une année 2019 difficile, où la SARL a enregistré la première baisse de chiffre d’affaires de cette décennie, moins 7 %. Dans les prochains mois, l’éditeur compte recruter pour renforcer son équipe de développeurs, tout comme son équipe commerciale.


Digital Surf développe une nouvelle offre commerciale. Jusqu’alors, son logiciel Mountains était intégré, en standard ou en option, aux appareils de mesure. L’éditeur aimerait développer une politique de licence sur site, où il permettrait une confluence des données issue de tous les instruments d’un laboratoire.
« Nous sommes les seuls à proposer ces compétences sur toute cette variété d’instruments. L’idée de la licence MountainsLab est de permettre à nos clients de fédérer leurs appareils autour de l’utilisation de Mountains, d’en faire la plateforme de visualisation unique. Nous avons déjà mis en place ce système de licence sur site avec le CEA-Leti de Grenoble », explique Christophe Mignot. Un pas de plus pour faire de Mountains le Windows des microscopes.