ÉLECTRONIQUE/HAUT-RHIN. Parce qu’il considère que les start-up sont ses clients de demain, Thurmelec a créé un accélérateur d’innovation qui accueille ses cinq premiers lauréats.
L’électronicien s’est doté d’une ligne de prototypage rapide où les jeunes pousses qu’il sélectionne testent leurs produits jusqu’à la certification.
La PME leur ouvre également son réseau pour stimuler les investisseurs, en complément de son soutien financier.

Devenue une valeur sûre de l'électronique après avoir bénéficié d'un écosystème pour s'épanouir – elle est issue de la galaxie du mulhousien Clemessy –, Thurmelec souhaite à présent se transformer elle-même en mentor de jeunes pousses. « Les start-up sont nos clients de demain », appuie Guillaume Maurer, le responsable de la stratégie de l'intégrateur d'ensembles électroniques, et fils du fondateur et toujours président Michel.
Animée par cet esprit, la PME de 54 salariés de Pulversheim (Haut-Rhin) a créé son « clubster ». Terme qu'elle traduit par « accélérateur privé d’innovation », le premier de l'industrie électronique. « Sa vocation reste régionale, l'Alsace, les Vosges et le Nord Franche-Comté forment son territoire naturel », poursuit le jeune dirigeant.
Le principe est clair : aux porteurs de projet sélectionnés, Thurmelec apporte avant tout une aide technique pour l'étude et l'industrialisation, notamment par la mise à disposition de sa flambant neuve ligne de prototypage rapide, puis pour la certification.
« Au-delà de l'appui technologique, nous donnons un coup de pouce à la maturation économique des projets, en ouvrant les portes de notre réseau : consultants en communication et marketing, experts-comptables, clubs d'investisseurs, les partenaires institutionnels que sont les collectivités, l'Adira (agence de développement), les CCI... Il nous faut désormais aussi stimuler davantage l'accès aux financements, auprès d'investisseurs privés ».
Le soutien financier direct par Thurmelec n'est donc pas la clé de voûte du clubster, mais il n'est pas exclu, au demeurant pour des montants modestes, jusqu'à 10 000 voire 15 000 €.
Un bureau d'études de 19 personnes

Novateur, Thurmelec a essuyé les plâtres : les trois premiers bénéficiaires, à partir de mi-2017, ont fait long feu, échouant à passer de la conception à la concrétisation. « Les produits étaient prometteurs, mais nous nous étions trop focalisés sur le projet, et pas assez sur le porteur de projet, or c'est là que se trouvait la faille », se rappelle Guillaume Maurer. Les critères revus en conséquence, le millésime 2018, deuxième du genre, mis en fût en juin, présente des bases plus solides, avec de meilleurs gages de maturité selon Thurmelec.
Les cinq lauréats sont : Inman pour des douches intelligentes, Sporthopéo pour sa pédale de vélo connectée pour personnes portant des prothèses, Wavens pour un gyropode amphibie, InSolem (tracker scolaire) et un dernier à l'identité non dévoilée de cadenas innovants de vélo. Les projets ne relèvent donc pas directement de l'électronique, mais ont fortement besoin d'elle pour devenir réalité.
Dans sa propre activité, Thurmelec prolonge les deux axes forts définis ces dernières années pour franchir un cap : réorientation du portefeuille clientèle depuis les grands comptes vers les PME locales ; intensification des investissements technologiques. Le premier point permet de maintenir le chiffre d'affaires, à 7 millions d’€ annuels environ, malgré la baisse du secteur médical, le principal débouché.
Le médical reste le plus important en volume, mais petit à petit, la sécurité et les applications industrielles grignotent le terrain, ainsi que, plus récemment, l'énergie : gaz, électricité, nucléaire dont un marché de composants de pilotage de centrale pour l'EPR de Flamanville.
Au chapitre des investissements, le programme en cours « Innov+ » de 300.000 € succède à « ID Tech » qui avait mobilisé 400.000 € de 2014 à 2016. L'objectif reste grosso modo le même : se doter d'oscilloscopes plus performants, de nouveaux outils de CAO, de composants haut de gamme, continuer à acquérir des licences de logiciels pointus, etc. Le prochain « chantier » va consister à changer d'ERP.

L'ensemble doit conforter Thurmelec comme l'une PME porte-drapeau de l'usine du futur dans le Grand Est. « Avec 19 personnes, notre bureau d'études est devenu le plus important de la nouvelle région en électronique, doté notamment d'une compétence certification très rare en France », souligne Guillaume Maurer. Il n'y a pas que le clubster qui fait de Thurmelec une entreprise à part dans son milieu.
Sauf indication contraire, photos fournies par l'entreprise.