La troisième édition du concours « Les Idées inspirées de la Haute-Marne » a rendu son verdict ce jeudi 8 décembre, au Mémorial Charles-de-Gaulle à Colombey-les-Deux-Eglises. Déclinaison de la marque de territoire « La Haute-Marne respire et inspire », elle a dévoilé les foisonnantes idées nouvelles et innovations qui émergent des habitants du département, en matière d'environnement, de tourisme, d'agriculture, d'artisanat, de culture, de numérique... Dix vainqueurs ont été désignés par un jury de professionnels et plus de 30.000 votes du grand public. Parmi eux :la marque d’outils de maroquinerie Marrick, qui doit son origine à Pierrick Jammas, un jeune artisan d’art passionné.
Avec son premier couteau demi-lune, Pierrick Jammas, 26 ans, espère toucher les étoiles. Le projet du jeune entrepreneur installé à Mandres-la-Côte, en Haute-Marne, a d’ores et déjà décroché un prix, celui du savoir-faire décerné à l’occasion de la 3e édition du concours d’innovation « Les Idées inspirées » organisé par le Conseil départemental de la Haute-Marne.
Cette distinction va l’aider à lancer début 2023 la fabrication en série de ses premiers outillages à main pour le travail du cuir. Il imagine déjà commercialiser plusieurs tailles de demi-lune, mais aussi des lames à parer, un matériel indispensable pour tout artisan du cuir ou encore des gabarits de maroquinerie, voire des machines à affûter ou finir les outils.
Le nom de sa marque « Marrick » est issu de la contraction de Mathilde, sa compagne, et de Pierrick. L’idée a germé lors de ses études de maroquinerie d’art à l’Ecole Boudard à Bethoncourt, près de Montbéliard (Doubs). Embauché en alternance dans une manufacture franc-comtoise sous-traitante de grandes maisons parmi lesquelles Vuitton, le jeune homme constate alors le faible degré de qualité des outils. « A l’école, nous devions acquérir notre propre matériel. Je me suis alors équipé avec celui disponible sur le marché, à bas prix synonyme de basse qualité, malgré la réputation de la marque », note le jeune artisan d’art.
Une découverte fortuite lors d’un vide grenier conforte le maroquinier en herbe dans ses observations. Pierrick Jammas tombe sur un ancien demi-lune de la même marque que ses outils d’apprentis. La comparaison avec les versions modernes est sans appel. L’acier est plus robuste et la qualité de l’alliage favorise davantage son affûtage.
La première intention du jeune homme, à sa sortie de l’école, était de s’installer à son compte comme artisan maroquinier d’art comme sa tante Nadège Plubel, sellière maroquinière en Nouvelle-Aquitaine. Mais son projet prend un virage inattendu lorsque, instruit par sa précédente expérience, Pierrick Jammas décide de dessiner lui-même ses outils et se tourne vers son père, Emmanuel Jammas, ciselier d’art (Les Ciseaux d’Emmanuel), pour les réaliser.
« Le résultat était bluffant. Il n’y avait aucune raison que tous les maroquiniers ne puissent pas profiter d’une telle qualité. Avec l'équipement actuel, les artisans passent beaucoup trop de temps à réaffûter leurs outils. C’est une perte de productivité pour les manufactures », analyse le créateur de la marque Marrick.

Pierrick Jammas se lance alors corps et âme dans le challenge, celui de fabriquer et commercialiser des outils à main pour le travail du cuir, une manière de faire revivre un savoir-faire ancestral, celui de l’art de la coutellerie en Haute-Marne. Pour mémoire, le département comptait à la fin du XIXe siècle plus de 10.000 ouvriers-paysans qui vivaient au rythme de la forge manuelle, du meulage à la pierre et du polissage à la toile.
Au-delà de la perpétuation de cette tradition, le jeune homme entend aussi valoriser les métiers de la métallurgie sur le territoire. Le tout en assurant ses arrières. En effet, Pierrick Jammas a passé un CAP de carrossier et de peintre, une activité qu’il exerce en parallèle, en attendant que le projet Marrick monte en puissance.
Machine à dupliquer les manches en bois
Avec Marrick, l’ouvrier d’art concrétise le désir de se lancer à son compte, un projet qu’il nourrit depuis ses 19 ans. « De nombreux artisans français, mais aussi étrangers m’ont écrit. Ils attendent impatiemment de pouvoir tester mes outils. Avec l’engouement suscité autour du projet, je me dis que je n’ai pas le choix : je dois aller au bout ! », glisse-t-il.
Dans sa stratégie, le Haut-marnais imaginait initialement sous-traiter une part importante des étapes de fabrication. Mais il s’est rapidement rendu compte de l’avantage de maîtriser au maximum le procédé de fabrication pour des questions de qualité et de délais. Il a fait appel à un prestataire local pour la découpe de l’acier. « Nous avons tâtonné. La découpe laser ne nous donnait pas entière satisfaction dans son rendu esthétique. Nous avons donc privilégié celle au jet d’eau. Même chose pour la lettre « M » de la marque Marrick. Sa découpe s’est avérée plus nette au coupe-fil », précise le jeune homme.
Avec son père, il met au point une machine à dupliquer les manches en bois de chêne, une essence emblématique du territoire, mais aussi une machine pour l’affûtage et une autre pour la finition sur la base d’une ancienne fraiseuse. Ces développements dans la réalisation de machines ont nourri l’idée d’élargir le projet entrepreneurial à la fabrication et la commercialisation de matériels d’affûtage et de finition. Dans un premier temps, l’artisan d’art à l’esprit bien charpenté prévoit d’avancer au rythme de 300 outils à main par an, en vitesse de croisière.
Catégorie Nature : Herbastic (1er prix) – La ruche « Pour une Bee’z Meilleure » (2éme prix) – « Une ruche connectée » (3ème prix)
Catégorie Savoir-Faire : Marrick (1er prix) – luminaires écologiques « Calba Terra » (2éme prix) – Lutherie Made in Haute-Marne (3éme prix)
Catégorie Animation du territoire : Planétarium Camille Flammarion (1er prix) – « Ecole d’âme nature et ses apprentis sages » (2éme prix) – Maison des fromages de Langres et de Haute-Marne (3éme prix)
Prix du public : Hébergements insolites « Là-Haut » à Poinson-lès-Fayl.
Les prix sont dotés d’une aide financière de 500 à 1.500 € (du troisième au premier prix, dont 1.000 € pour le prix du public) du conseil départemental de la Haute-Marne. Trois prix spéciaux de 1.000 € chacun sont offerts par la CCI Meuse Haute-Marne, la Chambre de métiers et de l’artisanat et la Chambre d’agriculture de la Haute-Marne.
Membre du jury et partenaire média du concours, Traces Écrites News a attribué son « coup de cœur » à Herbastic.