DÉCOLLETAGE/DOUBS. Pour continuer à se développer, l’entreprise de Franois, dans le Grand Besançon, élargit son outil industriel pour mieux séduire les trois secteurs qui marchent en France : le médical, l’aérospatial et le luxe.
Avec la reprise de Cuenot Polissage, UND complète son métier de décolleteur par des activités qui lui sont liées comme le polissage.

 

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Une partie des ateliers d'UND sur la zone de Franois, dans le Grand besançon. © B.S.

 

Spécialiste de pièces de précision - vis, écrous, tiges, molettes, etc. - issues du décolletage, un procédé d’usinage sur barres ou fils métalliques très lié à l’industrie horlogère et micromécanique, UND (pour Usine Nouvelle Décolletage) poursuit sa diversification en complètant son savoir-faire et son outil de production.


En deux ans, la société est passée de deux à six sites industriels : elle a successivement racheté trois sites de production sur la zone d’activité de Franois, dans le Grand Besançon (Doubs), où elle est implantée, avant de reprendre, fin 2016, Cuenot Polissage, juste en face de son site principal, qui venait de déposer le bilan.


L’atelier et le matériel sont en place mais l’activité n’a pas encore démarré. « Nous faisons déjà un peu de polissage en interne. L’objectif est de développer cette activité, mais nous prenons notre temps pour voir s’il y a du travail dans ce domaine », explique Gilles Thomas, dirigeant associé d'UND qui emploie 85 personnes.


Lui assure les parties management, logistique et commercialisation. Joseph Gillet, le directeur général, a davantage un profil technique.

 

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Tous deux ont succédé à leur père (voir ci-dessous) au pilotage de cette société née en 1974 et dont l’activité première fut pour les briquets Bic, dont elle fabriquait les molettes. Mais l’arrivée du Bic électronique, au début des années 80, a eu raison de ce marché et, pour UND qui perdit ce gros client, ce fut un coup dur. Puis avec le départ de ses clients de l’horlogerie bisontine en Suisse, elle dût, comme les autres, se diversifier.


Alors, depuis vingt ans, les secteurs de l’aérospatial et du médical ont peu à peu remplacé les activités historiques et représentent aujourd’hui la moitié d’un chiffre d’affaires de 10 millions d’€, dont 30% à l’export.

 

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Exemples de pièces réalissées par UND. © UND.

Le reste est occupé par la connectique et l’électronique (environ 20%), le luxe (10%) ou encore l’automobile (5%) pour des pièces techniques de Formule 1 ou sportives de luxe dans des opérations one shot.


« Le développement de l’entreprise se fait avec la hausse du chiffre d’affaires des marchés aéro et médical, mais nous n’avons pas beaucoup de visibilité », déplore Joseph Gillet.


« L’aéro est un marché compliqué : il y a trois ou quatre gros clients comme Airbus ou Boeing et nous travaillons tous pour eux de manière indirecte », ajoute Gilles Thomas.

 

« Il y a une grosse concurrence et beaucoup d’exigences. On nous demande des choses de plus en plus folles en matière réglementaire. Et au final, le constat, c’est que nous ne sommes pas très avantagés en France, avec le coût du travail et les normes. »

 

Avec la grappe d’entreprises menée par le bisontin Zodiac Aéroelectric

 

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Machine à commande numérique en cours d’usinage.© UND.

 

Pour mieux appréhender ce marché complexe mais porteur, UND a embarqué dans l’une des 69 grappes d’entreprises constituées dans l’Hexagone par le Gifas. Emmenée par le bisontin Zodiac Aéroelectric, cette grappe locale vient de re-signer pour 18 mois, avec les mêmes partenaires et les mêmes clients.

 

Audits, plans d’actions et aides à la mise en place sont au programme. « Cela nous permet de gagner en maturité et nous donne des clés qu’on ne pourrait avoir autrement », admet Joseph Gillet. La première vague a par exemple permis à UND de se certificier EN9100.


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Côté médical, l’entreprise de Franois s’est inscrite dans le nouveau cluster Innov’Health initié par le pôle Microtechniques.


Pour ce secteur où les donneurs d’ordre peuvent être des PME locales, elle fabrique des produits de niche comme des pièces d’implantologie dentaire, tenons, pivots en composite, titane ou inox, forets ou vis en or pour cœurs artificiels.


Troisième marché porteur : le luxe, avec un client historique, Cartier, et d’autres à venir grâce à la nouvelle activité de polissage, espèrent les dirigeants.


Qui sont Gilles Thomas et Joseph Gillet ?

 

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Séance photo sur smartphone pour Gilles Thomas (à gauche) et Joseph Gillet.

 

Ni l’un ni l’autre n’ont appris le management et tous deux sont « fils de ». Gilles Thomas, son CAP de menuisier en poche, a travaillé une douzaine d’années dans le bâtiment avant de se décider, au début des années 2000, à entrer dans l’entreprise dont son père, Daniel Thomas, comptable, avait fini par devenir le directeur général.

Daniel Thomas était associé à Camille Gillet et Claude Gillet, le père de Joseph Gillet, qui à son tour a rejoint l’entreprise en 2010. C’est lui, aujourd’hui, qui assure les fonctions de directeur général.

Polymécanicien formé au CFC, en Suisse, il a fabriqué des machines-outils et a travaillé pour le groupe Swatch. Ils n’ont pas tout à fait le même âge, ont des parcours complémentaires, mais l’un et l’autre ont travaillé très tôt chez UND l’été, pour payer leur mobylette ou leurs vacances.

« J’ai fait tous les postes, et les pires », se souvient Gilles Thomas. « Alors quand je suis revenu pour diriger l’entreprise, il a fallu que je me place, mais ça ne s’est pas trop mal passé. »

Dans cette entreprise vieille de plus de 40 ans, ils insufflent leur stratégie de jeunes dirigeants, que l’on peut résumer à quelques concepts forts : investir 10% chaque année dans l’outil industriel, se doter de logiciels de gestion de la production, continuer à former des apprentis et les garder, et continuer aussi à développer les trois secteurs qui marchent en France : l’aérospatial, le luxe, le médical.

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