Sorte de contractant général dans le domaine de l’efficacité énergétique pour l’industrie, la jeune entreprise du Bas-Rhin a décollé grâce à l’équipement du site de production de la brasserie La Licorne où elle vient de terminer ses derniers travaux. L’an dernier, le chiffre d’affaires a légèrement franchi le cap de 1 million d’€ et 2021 laisse entrevoir « des perspectives bien largement supérieures », selon ses co-fondateurs Benjamin Schaub et Lucas Bauer.
Quand la Licorne devient la figure de proue d’une jeune entreprise… La marque de bière alsacienne ainsi dénommée procure à Si-Nergie sa référence majeure, démonstratrice de tout son savoir-faire dans l’efficacité énergétique, dans son site de production de Saverne (Bas-Rhin). Celui-ci s’était déjà équipé d’une nouvelle installation frigorifique à récupération d’énergie intégrée telle que conçue par la TPE de moins de 10 salariés d’Entzheim (Bas-Rhin). Une autre récupération, d’eau chaude à partir de la cuisson de la bière, avait suivi.
Puis en mars dernier, une étape supplémentaire de collaboration a été franchie, avec la mise en place d’une cheminée dernier cri en inox, au lieu de la brique. Elle intègre un récupérateur d’énergie sur les fumées de la chaudière vapeur du site. Ce système consiste en fait en un échangeur de chaleur qui est à la fois économiseur et condenseur pour exploiter la haute température des fumées (220 degrés) et la condensation de la vapeur d’eau que celles-ci renferment. Compte tenu de son positionnement sur le site, le nouvel équipement de 27 mètres de haut a déclenché une mise en place spectaculaire, de haut en bas, au-dessus du bâtiment existant au moyen d’une grande grue (photo ci-dessous).
Le directeur général et technique de Brasserie Licorne, Fabrice Schnell, ne tarit pas d’éloges sur Si-Nergie. « Leur équipe est costaud sur le plan technique. Elle développe une vraie capacité à faire du sur-mesure. Elle adopte une démarche d’intelligence collective, à l’écoute, flexible. Elle ne cherche pas à faire sur-consommer. La connexion entre nous s’est opérée très vite, face à l’offre de concurrents plus gros », relate le dirigeant de la brasserie alsacienne de 189 personnes et 116 millions d’€ de chiffre d’affaires annuel.
L’équipement de la Brasserie Licorne a mis le pied à l’étrier aux deux fondateurs de Si-Nergie, Benjamin Schaub et Lucas Bauer, lorsqu’ils ont engagé leur projet d’entreprise en octobre 2017, quelques années après leurs études respectives dans le génie climatique et les automatismes et une première expérience professionnelle.
« La première année a été difficile, nous avons entrepris un gros effort de prospection qui a pris plus de temps que prévu. Et à la mi-2018, la brasserie est arrivée et nous a fait confiance, elle nous a donné l’occasion de faire nos preuves », rappellent-ils. « Grâce à des clients comme celui-ci, on arrive à se développer sans commercial ! Ce sont eux qui font notre pub », salue le duo.
Des embauches d’ici la fin de l’année
Cette cheminée de 27 mètres de hauteur récupère la chaleur des fumées de la chaudière de la brasserie La Licorne. © Agence Infra
Le domaine d’activité premier de Si-Nergie consiste à faire atteindre l’efficacité énergétique en milieu industriel. Récupération d’énergie perdue, notamment sur la production de froid et les compresseurs d’air, traitement des fumées, réutilisation de la vapeur ou de la chaleur des eaux usées… Si-Nergie balaie les différentes facettes dans le but de faire revenir l’énergie dans le process, chauffer les bâtiments, améliorer l’isolation de halls souvent anciens, etc. et d’y intégrer l’automatisation et la régulation pour le fonctionnement.
Benjamin Schaub et Lucas Bauer estiment tirer une force de la position « neutre » de leur société vis-à-vis du modèle d’équipement que le client choisira au final. « Nous ne sommes ni fabricants, ni revendeurs. Notre intervention se situe au niveau des audits préalables, des études, de la conception et de la définition du dimensionnement, puis à celui du suivi de chantier », exposent-ils.
Cette approche a permis le décollage de Si-Nergie. L’an dernier, le chiffre d’affaires a légèrement franchi le cap de 1 million d’€ et 2021 laisse entrevoir « des perspectives bien largement supérieures », selon les dirigeants. Partis à deux, ils ont étoffé les effectifs aujourd’hui à cinq personnes en recrutant un responsable d’affaires et de bureaux d’études, un ingénieur thermicien et un ingénieur électricien-automaticien. L’embauche d’un informaticien est en cours avant d’autres qui porteront le nombre de collaborateurs à 8 voire 10 d’ici à la fin de l’année.
Car en parallèle, les clients industriels ont ouvert leurs portes de leurs installations les uns après les autres… et Si-Nergie s’y est engouffré bien volontiers. Les pompes Grundfos à Saint-Avold (Moselle), Galvanoplast à Seloncourt (Doubs) l’équipementier automobile Federal-Mogul à Schirmeck, Alstom à Belfort étoffent le porte-feuille de la jeune entreprise qui s’élargit peu à peu à d’autres régions de France.
Si-Nergie compte étendre sa gamme d’intervention, dans le sens de lui faire prendre de la hauteur : « nous nous positionnons comme porteurs de projets globaux dans les entreprises, pour lister toutes les améliorations possibles, aider à en élaborer le calendrier, le budget avec recherche potentielles des concours financiers et les économies possibles. En somme, concevoir un plan d’actions complet qui puisse anticiper ce qui sera requis et devra encore répondre aux normes à moyen-long terme, à l’horizon de 10 – 15 ans », énonce Benjamin Schaub. Là encore, c’est la Licorne de Saverne qui en permet les premiers pas.

Benjamin Schaub (à gauche sur la photo), 32 ans, le président de Si-Nergie, est ingénieur thermicien de formation, diplômé de l’Insa Strasbourg (département génie climatique et énergétique).
Lucas Bauer, 30 ans, directeur général, a apporté sa connaissance de l’automatisme, acquise pour commencer dans sa formation à l’IUT de Saint-Dié-des-Vosges.
Les deux jeunes hommes se sont connus dans le même bureau d’études où ils ont entamé leur parcours professionnel, avant de décider rapidement de voler de leurs propres ailes, convaincus qu’ils pouvaient trouver une place à une petite PME auprès d’une clientèle d’industriels. L’histoire de Si-Nergie leur donne raison jusqu’à présent.