Du sport de très haut niveau à l’industrie du sport. Le champion olympique de biathlon en 2006, a créé, il y a deux ans dans le Doubs, Ayaq, une marque de vêtements de montagne éco-conçus et fabriqués en Europe.
Le champion olympique s’est mué en chef d’entreprise à la fibre écologique. En ce début d’hiver, Vincent Defrasne supervise la distribution de la troisième collection d’Ayaq, la marque de vêtements de montagne éco-responsable qu’il a lancée il y a deux ans.
Baptisée d’un nom inuit signifiant « la neige sur les habits », la société est domiciliée aux Grangettes, la commune du haut-Doubs où vit l’ancien champion de biathlon. « Je voulais commercialiser des vêtements techniques, adaptés à la pratique des sports de montagne et dont la conception serait respectueuse de l’environnement », résume-t-il.
Pour mener à bien ce projet, le néo-entrepreneur a recruté en 2019 Chloé Pellegrini, une ingénieure textile, et Rodolphe Aymer, venu de l’industrie du luxe promu directeur opérationnel. Il s’est aussi adjoint les services d’un studio de design de Lausanne, en Suisse. Il y a deux ans, le patron d’Ayaq a procédé à une première levée de fonds pour financer la collection initiale. « J’en ai refait une l’année suivante, plus tôt que prévu, car l’accueil avait été bon », raconte Vincent Defrasne qui a ainsi réuni 1,5 million d’€ au total.
Confection au Portugal

Vestes, pantalons, premières couches techniques et accessoires : la marque propose aux skieuses et skieurs de randonnée des textiles performants, fonctionnels et surtout écologiques. « Nous sommes attentifs à tous les paramètres qui permettent de limiter au maximum l’impact environnemental de la fabrication », assure le dirigeant. Les matières premières sont à 85 % naturelles ou recyclées (polyester et nylon régénéré mécaniquement) et principalement produites en Europe (France, Italie, Allemagne). À l’exception, toutefois, de la laine mérinos issue de moutons néo-zélandais.
« On n’arrive pas à sourcer de la laine pour du textile technique ailleurs qu’en Nouvelle-Zélande ou en Australie, regrette le patron d’Ayaq. Le transport est cependant optimisé pour limiter les émissions de CO2. La laine est envoyée directement dans une filature italienne, sans passer par l’Asie comme c’est souvent le cas dans la filière. »
La confection est réalisée au Portugal, dans une usine présentée comme exemplaire aux plans social et environnemental. Des discussions sont en cours avec d’autres sous-traitants français et européens afin d’améliorer encore la politique d’approvisionnement et d’aboutir, si possible, à une production made in France.
Une première collection été en 2023
Resserrée autour de 18 références, la collection hiver 2022/23, la troisième de la jeune marque, est distribuée dans 70 boutiques spécialisées en France (dont celles de la chaîne Au Vieux Campeur), en Suisse et, depuis peu, en Italie. La gamme sera complétée à partir d’avril prochain par une première collection été (8 modèles) pour la randonnée et la course à pied.
L’équipe de 13 collaborateurs que Vincent Defrasne - pour un chiffre d'affaires non communiqué - fédère aujourd’hui s’emploie à étendre ce réseau commercial, notamment en Autriche et en Allemagne. « Notre progression est un peu plus lente que prévu, mais notre business plan était très ambitieux. Vu le contexte actuel, le casse-tête des prix et l’absence de visibilité, ce n’est pas si mal. On est plutôt content ». Si la course de fond n'est pas terminée, le biathlète semble bien parti pour atteindre sa cible.

Originaire de Pontarlier (Doubs), Vincent Defrasne, aujourd’hui âgé de 45 ans, a fait partie de l’équipe de France de biathlon de 1999 à 2010. Son palmarès international compte cinq médailles en championnat du monde et une victoire au classement général de la coupe du monde pour la catégorie « individuel » (le 20 km chez les hommes) en 2008. Mais son grand fait d’armes reste le titre olympique en poursuite aux Jeux de Turin, en 2006, à l’issue d’un final haletant face à la légende norvégienne de la discipline Ole Einar Bjoerndalen. « On m’en parle encore en moyenne une fois par jour », sourit-il.
Après sa carrière sportive, Vincent Defrasne a notamment été coordonnateur du programme athlètes modèles du Comité international olympique (CIO) et directeur de la Fondation d’entreprise Somfy, qui lutte contre le mal-logement. En 2019, il a décidé de créer sa propre entreprise, concrétisant un projet en maturation depuis plusieurs années : « J’ai toujours été attiré par le côté technique des vêtements et je suis venu petit à petit à l’écologie. À partir de 2015, avec la succession des canicules, j’ai pris conscience de la réalité du changement climatique. »