Invité à s'exprimer à Sochaux (Doubs) sur les grands sujets économiques du moment (énergie, réformes de l'assurance-chômage et des retraites, difficultés de recrutement...), le président national du Medef a encouragé ses pairs dirigeants à adapter leur conduite des entreprises aux mutations en cours.


« Patron, c’est plus difficile qu’il y a trente ans… mais ça reste le plus beau métier du monde ! » Devant un public majoritairement composé de ses pairs dirigeants, le président du Medef Geoffroy Roux de Bézieux a délivré, ce vendredi soir 2 décembre à Sochaux (Doubs), un message à la fois d’encouragement et de pédagogie pour affronter les défis nombreux du moment quand on est à la tête d’une entreprise, petite, moyenne ou grande.

Fidèle à sa réputation, le « patron des patrons » français a répondu tout en nuances aux questions préparées par le président du Medef Territoires Franc-Comtois Emmanuel Viellard et les vice-présidents Matthieu Fréchin (Haute-Saône), Olivier Rodary (Doubs) et Françoise Jeanneret (Jura) sur les thématiques actuelles de préoccupation, sans verser dans le manichéisme.

 

medfnouveau

 

Ainsi de la réforme des retraites, pour laquelle il appelle les dirigeants à retrousser leurs manches, eux aussi : « Nous aurons un effort certain à faire sur l’emploi des seniors. Il faudra mieux travailler sur leur employabilité, se dire qu’à 60 ans passés, ils ont encore leur place dans l’entreprise, mais sans doute pour un autre métier, ce qui implique un investissement sur leur formation », a-t-il déclaré.

Sur la réforme de l’apprentissage, « nous avons accepté la baisse des aides à 6.000 € au lieu de 8.000 € : à un moment donné, il faut avoir conscience des enjeux budgétaires de l’État, on ne peut pas vivre à son crochet .»

 

 La barre haute des NAO

medef
Le « patron des patrons » avec son hôte du soir, Emmanuel Viellard président du Medef Territoires Franc-Comtois. © Mathieu Noyer


Dans un monde de plus en plus complexe, Geoffroy Roux de Bézieux invite les patrons à se faire les pédagogues du fonctionnement d’une entreprise, de ses contraintes et impératifs, afin de ne pas créer de malentendus et de frustrations. Les travaux pratiques ont commencé : les négociations salariales annuelles (NAO) marquées par l’inflation… et l’alignement sur son niveau élevé de 2022 (6 %) de plusieurs groupes, comme EDF et (presque...) Stellantis ces jours-ci. Le président du Medef en convient, ces grandes entreprises placent la barre haut, « et cela pose une forme de problème pour les négociations dans les PME », qui ne peuvent souvent pas se mener sur les mêmes références.

Cette pédagogie doit aussi se déployer pour poser les jalons de ce que l’entreprise peut faire et ne peut pas faire. Car là aussi, la donne change : « L’image de l’entreprise privée s’améliore, doucement, mais sûrement. Mais le pendant, c’est l’attente de plus en plus forte des Français vis-à-vis d’elle. La capacité à sortir en un an des vaccins efficaces contre le Covid a boosté l’idée que les problèmes du monde pouvaient se résoudre par l’esprit d’initiative et l’innovation. Ce qui est très bien, mais entraîne une multiplicité d’attentes envers l’entreprise, sur plein de sujets : l’éducation ou encore le changement climatique avec le sentiment installé que l’entreprise est à la base du problème, mais en est aussi la solution », a exposé Geoffroy Roux de Bézieux.

 

bpbfc

 

Une tension sur les métiers pour des décennies

Ce phénomène ainsi décortiqué a amené le patron du Medef à conclure au « retour d’un capitalisme différent du modèle financier », plus proche de celui assez omniscient d’il y a cent ans, « mais avec une différence majeure : les gens n’entrent plus dans une entreprise pour toute leur vie ».

Référence aux défis du recrutement, de la fidélisation et de la tension sur les métiers qui seront durables, n’a pas caché le conférencier d’un soir : « Depuis trois ans, il y a autant d’entrants sur le marché du travail que de sortants, à la différence de la situation depuis 30 ans où il y avait 40.000 à 50.000 jeunes arrivant de plus que les départs en retraite. La démographie, à la différence de l’économie, est une science prévisible, et les statistiques de la natalité nous disent qu’il va en être ainsi pendant 25 ans ».

 

mecateam

 

De quoi, pour Geoffroy Roux de Bézieux, légitimer la réforme en discussion de l’assurance-chômage avec ses conditions d’indemnisation durcies, et celle des retraites qui se profile. « Les deux sont comprises par les Français », a-t-il assuré. Mais si la première ne devrait pas faire descendre dans la rue selon le président du Medef, celui-ci en est moins sûr quant à la seconde…

L’autre changement majeur de paradigme pour le patron d’aujourd’hui et demain concerne bien sûr l’énergie. Le sujet a introduit la soirée sochalienne au Musée Peugeot. L’invité n’a pas dressé une analyse à contre-courant : l’énergie deviendra sans doute plus vertueuse du point de vue du C02, mais plus chère. « La question n’était pas regardée, hormis par les industries électro-intensives, ce n’était pour certains d'entre nous même pas une ligne comptable. Désormais, ce sera fondamental pour tous ».

 

Commentez !

Combien font "8 plus 9" ?