Toujours à l'affût, la crise sanitaire inquiète les entreprises de Franche-Comté qui ont tenu bon et préservé l’emploi grâce aux aides publiques. Le Medef Territoires franc-comtois redoute une 4ème vague alors que sévit une guerre des prix et de l’approvisionnement des matières premières.
Plutôt en bonne santé : voilà en résumé l’état des entreprises de Franche-Comté à la sortie du troisième confinement. Les remontées d’information des adhérents du Medef Territoires franc-comtois révèlent que la plupart ont gardé la tête hors de l’eau, grâce au chômage partiel, aux Prêts Garantis par l’Etat et autres aides publiques.
En regardant de plus près, pointent des situations disparates, entre les entreprises qui ont du arrêter leur activité, et celles qui ont pu la maintenir, voire ont vu leur carnet de commandes gonfler. Dans la première catégorie, on compte bien sûr l’hôtellerie-restauration, l’événementiel, le tourisme, les transports de personnes (autocaristes, taxis, transports en commun). Dans la seconde, principalement les industries de l’agro-alimentaire et la chaîne qui leur est liée, comme l’emballage, le transport de marchandises etc.
« Les entrepreneurs ont fait preuve d’une belle réactivité, ils ont été très efficients » constate Véronique Bouvret, la présidente du Medef Territoires franc-comtois qui a tenu son assemble générale le 7 juillet chez Lisi Group à Grandvillars (Territoire de Belfort) et en présence du président délégué Patrick Martin. Le syndicat patronal, relate t-elle, a joué son rôle à plein en communiquant « quasiment au quotidien » avec ses adhérents.
Cet optimisme pourrait cependant s’assombrir si un quatrième confinement survenait à la rentrée. Car les plus fragiles pourraient cette fois devoir alléger leurs effectifs. En cause, la hausse vertigineuse des prix des matières premières en raison d’une pénurie des approvisionnements, de l’ordre d’un tiers des besoins. Les industries particulièrement touchées sont la mécanique consommatrice d’aciers et la plasturgie. Le compound vient à manquer à la filière plasturgiste renchérissant son prix de 49%.
« 76% des lignes de production sont touchées par des arrêts partiels et 15% des arrêts complets », rapporte la présidente. Conséquence, les délais de livraison s’allongent jusqu’à 7 semaines. L’industrie de l’emballage est aussi frappée par la pénurie de bois. Dans ce secteur, la concurrence de la Chine, grosse exportatrice de grumes, et des Etats-Unis, gros consommateur de résineux pour la construction, prive l’industrie régionale de transformation du bois d’une matière première qu’elle a pourtant à sa porte.
Faciliter la vaccination des salariés pendant le temps de travail

Les premiers salariés pénalisés par cette crise conjoncturelle si elle devait se poursuivre, seront les intérimaires, comme cela avait été le cas l’an dernier. Avec toutefois probablement une atténuation en raison des difficultés des entreprises à recruter, sur de nouveaux métiers ou pour remplacer les départs à la retraite.
« La pénurie de compétences n’est pas nouvelle, elle existait avant la crise sanitaire qui l’a accentuée pour diverses raisons : des salariés qui ont changé de métier dans l’hôtellerie restauration notamment et qui ne souhaitent plus y retourner, des problèmes de mobilité, également toujours l’inadéquation entre l’offre et la formation, enfin l’assurance chômage avantageuse pour les petits salaires », énumère Véronique Bouvret.
Dans son l’enquête Besoins en main d’œuvre de 2021, Pôle Emploi confirme le maintien des intentions d’embauche : 23,1% des entreprises en 2021 (pour 23,2% en 2019) dont la moitié des CDI En Franche-Comté, les projets les plus nombreux se situent dans le bassin d’emploi de Besançon (8.550 projets) et surtout dans les services.
Pressé de tourner la page de la crise sanitaire, le syndicat patronal encourage par ailleurs ses adhérents à faciliter la vaccination de leurs salariés en leur permettant de le faire pendant leurs heures de travail. « Beaucoup ont mis en place ces facilités », témoigne la présidente du Medef territoires francs-comtois.
Avec 75.000 salariés, un suivi de la recommandation par les 4.000 entreprises du Medef régional et ses branches par filière – dont la plus importante est l’UIMM (industries de la mécanique et de la métallurgie) –, pourrait faire bondir le taux de vaccination…