INNOVATION/FRANCHE-COMTÉ. Fondateur en 2010 de la société AD2P à Belfort, Bernard Bonnet vient de créer AIR2D à Montbéliard.
Cette dernière entreprise concevra et commercialisera des drones fabriqués par la première sur des imprimantes 3D.
Un domaine où, selon l'entrepreneur, il y a tout à inventer.

En 2010, lorsqu'il a créé AD2P, Bernard Bonnet était sans doute loin d'imaginer que, quatre ans plus tard, il lancerait une autre entreprise dans le domaine des drones.
AD2P, pour Assistance au Développement Produits et Production, opère en effet dans la dépose de produits divers (pâteux, semi-pâteux, liquides, composants, UV, etc.). Installée à Belfort, elle a pour clients de grands noms du luxe, de l'horlogerie, de la coutellerie, du bâtiment, des cosmétiques, mais aussi La Défense ou le secteur médical.
Par exemple, la gravure d'une minuscule pièce d'horlogerie sur un matériau qui fait ressortir la marque et la date. Ou encore, sur un flacon de cosmétique, la couleur qui emplira le logo gravé. Lancée en 2010 avec deux personnes, l'entreprise qui concrétise dès la première année 80 000 € de commandes, affiche aujourd'hui un chiffre d'affaires de 226 000 €.
Avec le soutien du conseil général du Territoire de Belfort et de la Sodeb qui lui allouent une aide de 350 000 €, AD2P s'installe dans de nouveaux locaux, dans le parc technologique de Belfort. L'entreprise emploie aujourd'hui cinq salariés et, en 2015, son dirigeant espère recruter 5 autres personnes et atteindre un chiffre d'affaires de 500 000 €.
De nouveaux usages pour les drones
L'automne dernier, Bernard Bonnet a créé AIR2D, société spécialisée dans la conception et la commercialisation de drones, hébergée par Numérica, le pôle des TIC de Franche-Comté.
Le lien entre ses deux entreprises ? Un jour, des clients d'AD2P lui ont demandé d'intervenir en impression 3D. L'entrepreneur s'est donc intéressé à cette nouvelle technologie et a eu l'idée de l'associer à une autre nouveauté, aujourd'hui très en vogue : les drones. Un bon moyen de réduire les délais de fourniture et les frais d'outillages.
Dans un premier temps, AIR2D offrira des services à partir de drones issus des technologies existantes ; mais très vite, l'idée est de passer à une production par imprimante 3D.

Durant la phase 1 de la vie de l'entreprise, il s'agit de proposer à la fois un service basé sur des capteurs spécifiques (relief, chimie, thermie) et de la formation au pilotage de drones, qui devrait être effective d'ici deux ou trois mois.
Parallèlement AIR2D va s'efforcer d'imaginer les nouveaux usages des drones, et plus particulièrement des drones fabriqués via imprimante 3D. " C'est l'équivalent de l'informatique d'il y a dix ou quinze ans, s'enthousiasme Bernard Bonnet. Il y a tout à inventer. Il faut être curieux et développeur. »
Ainsi, au-delà des usages classiques de la photo et de la vidéo, l'entrepreneur réfléchit au transport de médicaments, à des drones capables de détecter dans une avalanche l'emplacement des victimes et des blessés pour faciliter l'intervention des secours. Voire des engins capables de déclencher préventivement une avalanche, soit en lançant un projectile, soit en transformant le drone lui-même en projectile. Pour l'entrepreneur, le champ du possible est large, car l'impression 3D réduit considérablement le coût de fabrication.
Se faire plaisir en innovant
D'ici 2 ans, AIR2D devrait atteindre un chiffre d'affaires de 700 000 € et un effectif de 8 à 10 personnes. Elle sera chargée uniquement du développement, de la conception et de la commercialisation des drones en impression 3D, mais n'en produira pas. C'est AD2P qui le fera.
Parallèlement, Bernard Bonnet travaille à la recherche d'un fort qui lui permettrait de faire des démonstrations de drones en vol et projette de réunir ses deux entreprises dans une holding.
« Mais je ne cherche pas à m'enrichir, s'empresse-t-il de préciser. La priorité d'un chef d'entreprise, cela devrait être les emplois. Et je cherche à me faire plaisir en innovant ». S'il réussit, son projet montrera que l'impression 3D et la créativité peuvent le faire.
Qui est Bernard Bonnet ?
Agé de 56 ans, Bernard Bonnet est entré dans la vie active avec un baccalauréat F2 pour tout bagage. Mais il a passé une dizaine d'années auprès de Pierre Bey, dirigeant de Technicréa à Belfort.
« Je lui dois beaucoup, explique Bernard Bonnet. C'était quelqu'un qui était capable d'inventer l'impossible ». D'où son goût aujourd'hui pour l'innovation.
Après avoir travaillé dans la robotique et la plasturgie, il a lancé AD2P en 2010 et AIR2D en 2014.
Je suis heureux de constater que même en France certains entrepreneurs s'intéressent à l'impression 3D. Quand je vois les applications possibles ( http://www.priximprimante3d.com/clad/ ) avec cette technologie, je me dis que ça pourrait aussi amener de l'emploi.