L'entreprise pharmaceutique va déménager de Hambourg vers son site de Chenôve (Côte d'Or) une production de son confrère allemand qu'elle vient de racheter. Cette unité de patch de substances contrôlées devrait être opérationnelle dans trois ans, mobiliser un investissement compris entre 8 et 10 millions d'euros et créer environ 70 emplois.
Le rachat, mi-septembre dernier, de l’entreprise allemande tesa Labtec constitue un puissant accélérateur pour l'activité de la société dijonnaise AdhexPharma. « Le groupe tesa, très puissant dans le domaine de l’adhésif, a décidé de se séparer de son activité pharmacie et de son usine de Hambourg. Nous avons saisi cette opportunité. Nous allons relocaliser l’intégralité de la production de cette usine sur notre site de Chenôve, à côté de Dijon », annonce Bruno Loiseau, directeur général d’AdhexPharma.
L’opération mobilisera un investissement de 8 à 10 millions d'€ dans les deux ans avec, pour objectif, la mise en service de l’usine d’ici à trois ans ans. AdhexPharma s’étant engagée auprès de tesa à concrétiser cette relocalisation dans les 5 ans, elle dispose d’une marge de sécurité si la construction venait à prendre un peu de retard.
Concrètement, l’usine de production de Chenôve va être dotée d’une nouvelle aile tandis qu’un bâtiment de stockage à proximité doublera de surface. AdhexPharma, qui dispose de trois lignes d’enduction dans son usine, en accueillera ainsi une quatrième pour les anciennes productions tesa Labtec.
Cette entreprise allemande disposait d’une unité de production à Hambourg, et d’un centre de recherche et développement à Langenfeld, dans le Land de Rhénanie du Nord-Westphalie. Hambourg sera relocalisée à Dijon, tandis que ses 55 salariés allemands rejoindront les effectifs de la maison-mère tesa.
Répondre à un nouveau cahier des charges strict

AdhexPharma conserve le site de R&D et ses 25 salariés. L’entreprise créera 70 postes sur son site bourguignon. Il s’agira essentiellement d’opérateurs techniques, dont le recrutement pourrait s’avérer délicat dans le contexte actuel. « Nous songeons à monter notre propre école de formation pour pallier ces difficultés d'embauches », note le directeur général.
Ce rachat signe une nouvelle ambition pour AdhexPharma, en même temps qu’un fort renforcement à l’international. tesa Labtec dispose, en effet, d’une expertise particulière en matière d’administration de drogues et de substances contrôlées, ce qui manque à son nouveau propriétaire dijonnais. « Nous allons nous inspirer des procédures développées par tesa Labtec pour construire notre outil de production », précise Bruno Loiseau.
Chenôve devra, dès lors, répondre à un cahier des charges drastique en la matière : ligne de production sécurisée, contrôle très strict des stupéfiants, y compris au niveau des déchets de production, enquête de police sur les salariés, mise en place de coffres-forts...La nouvelle filiale arrive aussi avec, dans sa corbeille de mariée, un potentiel médicament à succès dans la lutte contre la maladie de Parkinson.
tesa Labtec réalisait un chiffre d’affaires de 15 millions d'€ en 2021, qu'AdhexPharma entend porter à 50 millions d'€ dans les prochaines années. « AdhexPharma, seul, a réalisé 29 millions d'€ de chiffre d’affaires en 2021 et nous espérons, avec cette croissance externe, atteindre les 100 millions d'€ dans les 5 ans », note le dirigeant.
AdhexPharma, qui emploie 130 personnes, est née en 2007, initialement sous le nom de Plasto Santé, du rachat à Solvay par Roland de la Brosse de l’ancienne unité de recherche-développement et de production de patchs matriciels des Laboratoires Fournier. Elle a rejoint, en 2014, sa « sœur » Adhex Technologies, spécialisée dans les adhésifs à destination du secteur automobile et de l’industrie, dans le holding Burgundy Venture que préside Roland de la Brosse. Elle développe une expertise de production de patchs transdermiques, notamment nicotiniques, et de films oraux-dispersibles pour l’administration simple et rapide de médicaments.
« Nous avons commencé comme fabricant à façon, CDMO (Contract Development and Manufacturing Organization) et depuis nous n’avons de cesse de remonter dans la chaîne de valeur. Après le rachat de tesa Labtec, nous disposons de plusieurs autorisations de mise sur le marché (AMM) dont nous pouvons concéder des licences exclusives à de grands groupes pharmaceutiques, et dont nous assurons la production », analyse Bruno Loiseau. L’entreprise n’envisage cependant pas, à ce stade, de commercialiser ses produits directement sous sa marque.

Avant de poser ses valises à Dijon, en 2016, Bruno Loiseau a vu du pays. Diplômé de l’ESSEC de Cergy-Pontoise, il intègre un cabinet de conseil en stratégie parisien. Ce spécialiste de l’optimisation tous azimuts va alors se déplacer constamment en Europe, de client en client. « Je commençais à être sensible à l’idée de devenir un opérationnel, et ne plus me contenter de missions de conseils, lorsque Roland de la Brosse m’a contacté, en 2004, un an après avoir repris Plasto. Il m’a confié la mission de créer une filiale pour l’automobile dans un pays de l’Est, qui a été la Slovaquie », se souvient le quadragénaire. Il prend ensuite en charge la branche santé d’Adhex Technologies, ainsi que la direction générale d’AdhexPharma, sur laquelle il se focalise en 2016, abandonnant ses fonctions au sein de la société-soeur.
























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