La bonne conduite d’une exploitation viticole, l’amélioration des process de vinification comme le vieillissement optimal des vins font le quotidien du pôle technique de l’interprofession des vins de Bourgogne. Mais pas seulement, car les aléas climatiques, doublés des maladies nouvelles ou récurrentes des ceps, ainsi que de multiples autres causes de dépérissement des vignes, en font un centre de recherche, d’expérimentation et de démonstration précieux à toute une filière.

 

La découverte de la cuverie expérimentale du pôle technique Bureau Interprofessionnel des Vins de Bourgogne (BIVB) démontre l’utilité d’avoir des scientifiques dans sa manche. Il faut suivre Hélène Thomas, chargée des études techniques et de la valorisation, dans son environnement professionnel pour en comprendre l'intérêt des viticulteurs.

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La jeune femme, docteur en pharmacie et œnologue de formation, montre trois petites cuves de vinification d’un pinot noir de même origine. « La première contient du souffre, des levures et des bactéries, la seconde, pas de souffre, juste des levures et des bactéries, et la dernière absolument rien, car ici on joue juste avec les températures. »
Mises ensuite en bouteilles, les cuvées offrent une douzaine de dégustations possibles dans le temps. « La finalité consiste à partager avec nos adhérents vignerons (plus de 4.200) pour leur offrir une caractérisation de ce qui est possible de faire en relevant les points de vigilance à surveiller », souligne la jeune femme.

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Hélène Thomas, chargée des études techniques et de la valorisation, en pleine prise d'échantillon. © Traces Ecrites

Ces études, ici proprement internes, concernent également le développement durable dont s’occupe Lucie Guillotin. Une partie de son action découle de la charte adoptée par l’interprofession en 2017. Une trentaine de parcelles servent de démonstrateur à la réduction des produits phytosanitaires.
« Nous faisons beaucoup de pédagogie pour, notamment, bien régler les outils et tout spécialement les buses de pulvérisation, mais abordons aussi tout le volet énergétique pour réduire l’empreinte carbone, avec le souci pratique d’une bonne faisabilité technique et d’un coût économique acceptable », explique-t-elle.

 

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Un vin sans AOC, baptisé Voltis

Le pôle technique peut aussi revendiquer une belle victoire auprès de l'Institut national de l'origine et de la qualité (Inao) en ayant fortement contribué à l’autorisation des filets  contre la grêle, un véritable fléau climatique capable de réduire à néant en moins de dix minutes une année de labeur.
« Nos interventions portent également sur l’aval de la filière, avec un fort accompagnement des professionnels quant au  bouchage et aux conditions de transport », ponctue Jean-Philippe Gervais, le directeur du pôle technique.

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Bonbonnes contenant les micro-vinifications sous température dirigée. © Traces Ecrites

Chaque grand vignoble français intègre un service technique comme celui du BIVB et, pour une cause évidemment commune, celui de Bourgogne mutualise avec ceux qui le souhaitent de nombreux programmes de recherche. Il répond ainsi à des appels à projets et planche sur de nombreux sujets transversaux. Le vieillissement prématuré des vins blancs à base de chardonnay fait partie des grandes priorités.
« Le matériel végétal plus résistant aux maladies entre aussi dans le champ de nos préoccupations mais au long cours, soit au bas mot pas moins d’une décennie pour trouver par croisement - fécondation naturelle – les nouvelles variétés qui offrent le plus fort potentiel en lien avec nos cépages traditionnels : pinot noir et chardonnay », argumente Jean-Philippe Gervais.

Un lieu de mutualisation des compétences

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Jean-Philippe Gervais, directeur du pôle technique du BIVB. © Traces Ecrites
Installé dans les faubourgs de Beaune, rue du 16ième Chasseurs, le pôle technique des vins de Bourgogne a investi en 1995, et c’est un comble, une ancienne maison de négoce appartenant à des Bordelais ! Son directeur depuis 2007, Jean Philippe Gervais ( 55 ans), oenologue de formation, pilote une équipe de huit personnes et gère un budget annuel d’1,4 million d’€.
La vaste bâtisse accueille également une unité de l’Institut Français de la Vigne et du Vin, le laboratoire du Centre œnologique de Bourgogne, dont le BIVB est actionnaire. Ce dernier travaille en partenariat pour les viticulteurs en prestations  d’analyses et  de conseil.
L’Association Technique Viticole de Bourgogne fait également partie des murs et œuvre sur la sélection du matériel végétal. Enfin, l’Ecole des Vins de Bourgogne, que l’on ne présente plus sur Traces Ecrites News, officie également sur place. 

 

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A ce jour, 24 programmes nationaux sont en cours d’étude pour une enveloppe globale de 10 millions d’€. Autre projet de recherche en lien avec les mesures non destructives : l’un d’entre eux, suite à une imagerie par résonance magnétique (IRM), ausculte grâce à un boîtier comment s’opère la soudure entre un porte-greffe et un greffon pour détecter d’éventuelles maladies.
« Nous devrions à ce stade mieux collaborer avec les pépiniéristes spécialisés et instaurer un véritable esprit de confiance et de partenariat. »

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Le Voltis, vin à cépage résistant mis au point par l'Inra et l’Institut Français de la Vigne et du Vin, pourrait être  à terme planté en zones sensibles. © Traces Ecrites

En attendant, le directeur du pôle technique fait goûter un vin blanc étrange et venu d’ailleurs baptisé Voltis. Cette création commune à l'Institut national de la recherche agronomique (Inra) et à l’Institut Français de la Vigne et du Vin, sans identification géographique (IG), est issu d’un cépage résistant.
Il pourrait à terme être planté en zone sensible, autorisant un assemblage possible au chardonnay. En attendant, d’un goût et d’arômes très surprenants, il se laisse bien boire...

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