NUMÉRIQUE/NIÈVRE. La start-up de Nevers a trouvé une solution pour optimiser la mise en relation des internautes sur les sites marchands, de rencontre ou de partages. Avec comme fil conducteur : la protection de la sphère privée.
Installée à l’Inkub à Nevers, incubateur de sociétés numériques dont le PDG de LUNC se fait volontiers l’ambassadeur, la société lève 1,2 million d’€ pour franchir l’étape de commercialisation avec des pistes intéressantes, connues de tous les internautes.

 

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Comme on clique sur un bouton pour payer un achat en ligne, LUNC propose l’accès téléphonique direct avec le vendeur. Ici plateforme de vente de biens immobiliers.

 

La bonne santé des plateformes d’échange sur Internet a toutes les chances de déteindre sur LUNC à Nevers, plus connue sous le nom de l’une de ses solutions de téléphonie LUNConnect. La start-up hébergée à la pépinière L’Inkub dédiée aux entreprises du numérique, a imaginé une plate-forme digitale de location de numéros de téléphone et d’e-mails temporaires. Sa cible sont les sites de mise en relation, marchands comme les petites annonces ou la location immobilière, de rencontres ou de services de partage comme le covoiturage.


« Nous avons identifié les maillons faibles des services d’échanges par Internet comme, divulguer les coordonnées personnelles notamment un numéro de téléphone, les délais de réponse par courrier électronique pour obtenir plus informations, ou convenir d’un rendez-vous ; d’où l’idée d’une solution de mise en relation des internautes basée sur l’immédiateté », explique José Rosillo, cofondateur de LUNC SAS (prononcez Leunk) avec Olivier Gene.


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Comme on clique sur un bouton pour payer un achat en ligne, LUNC propose l’accès téléphonique direct avec le dépositaire d’une annonce, grâce à un numéro de téléphone provisoire. Le compte rattaché peut indiquer toutes sortes de données pour faciliter la mise en contact comme les horaires de disponibilité. S’y ajoute un module de paiement qui permet de conclure l’affaire.

 

Le service de téléphonie online déployé en marque blanche est associé à une interface de données qui donne au gestionnaire du site des analyses du trafic en temps réel et des statistiques : combien de contacts a généré tel type annonce, les plages horaires favorables des mises en relation etc.


« Le gestionnaire mesure ainsi l’efficacité du service rendu, l’optimise, en fait un argument commercial et segmente sa clientèle tout en gardant confidentielles les coordonnées de ses clients », poursuit José Rosillo.


20 millions d’€ à terme pour s’installer à l’international

 

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L'équipe de LUNC dans les couloirs de l'Inkub à Nevers.

 

Des contacts « intéressés » ont été pris avec des gestionnaires de sites d’échange et de vente, pour certains bien connus. Dans l’immédiat, la start-up a fait affaire avec le site de vente de biens immobiliers Tok-Tok Home.


Une version grand public baptisée loueunnuméro.com propose par ailleurs aux particuliers qui veulent entrer en contact sans dévoiler leurs coordonnées personnelles de louer un numéro de téléphone et un email temporaires.


Il a fallu une année de R&D pour développer ce logiciel et ce n’est pas fini. C’est pourquoi la start-up lève dans un premier temps 1,2 million d’€, après d’investisseurs français, espère t-elle. Puis, pour se développer à l’international, elle évalue ses besoins à environ 20 millions d’€. Elle vient d'intégrer le French Tech Hub de Palo Alto en Californie, dont la vocation est d’aider les start-up françaises à s’installer sur le marché américain.

 

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Une interface pour faire des statistiques du trafic.

 

Car tout peut aller très vite : « Il n’existe pas de modèle équivalent et du coup, nous avons une longue d’avance », s’enthousiasme Olivier Gene. Le premier tour de table est destiné à développer la boîte à outils de l’interface et recruter du personnel : développeurs informatique, marketeurs, commerciaux.


La start-up muscle également son équipe de direction avec l’embauche d’un directeur général qui doit entrer au capital et d’un directeur administratif et financier. D’un chiffre d’affaires de 400.000 € en 2017 généré par des prestations de service, elle espère passer à 3 ou 4 millions d’euros en 2018, « une année clé », si tous les contacts engagés se concrétisent.

 

Présente au Consumer Electronics Show (CES) de Las Vegas, en janvier dernier, LUNC s’est rapprochée de La Poste qui y présentait toutes ses solutions digitales, pour son coffre-fort de données. Elle s’y était rendue avec BFC Numérique, le cluster des entreprises du numérique de Bourgone-Franche-Comté accompagné financièrement par les CCI et la Région.


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Depuis sa création en 2016, la start-up a décroché beaucoup de soutiens : l’ancien incubateur régional Premice, Bpifrance, Réseau entreprendre® Bourgogne dont il fut le 200ème lauréat fin 2016, accompagné par son voisin de palier, Pascal Arbault, gérant de DAVI, lui installé à l’Inkub à Nevers, une pépinière d’entreprises aménagée dans l’ancienne caserne militaire Pittié.


L’agglomération de Nevers y a créé un écosystème du numérique dont Olivier Gene est un ambassadeur enthousiaste. « Nous voulons montrer qu’il est possible d’innover et de se développer hors des métropoles ; le temps de recrutement est un peu plus long, mais la perle rare n’est pas introuvable », commente t-il.

 

L’entreprise s’appuie notamment sur deux formations locales : le CS2i, école supérieure d’informatique qui forme des chefs de projets de Systèmes d’Information et d’Infrastructure. et DIGISUP, école de Web Marketing, toutes les deux gérées par la Chambre de Commerce et d'Industrie de la Nièvre.

 

L'entreprise qui emploie aujourd'hui une quinzaine de salariés a toutefois gardé un pied à terre à Paris.


Qui sont Olivier Gene et José Rossillo ?

 

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Olivier Gene (à gauche) et José Rossillo, cofondateurs de LUNC. © Traces Ecrites.

 

Les deux quadras sont des amis de vingt ans. Le strasbourgeois Olivier Gene et le parisien José Rossillo se retrouvent au début des années 2010 dans les affaires au sein de Copeo, une société de la Caisse des Dépôts de dématérialisation des Certificats d'Economies d’Energie.

 

Puis en mars 2015, ils créent LUNC SAS avec pour troisième associé, Alain Boussugue. L’activité commerciale démarrera un an plus tard. Ils sont alors installés à Paris et migrent petit à petit vers Nevers où Bpifrance, racontent-ils, leur a vanté « l’écosystème du numérique » que le nouveau maire Denis Thuriot voulait créer.

 

Avant d’intégrer, dit-il, « la jungle des affaires », Olivier Gene a eu un parcours professionnel singulier : Saint-Cyrien, il fait ensuite Sciences Po, et devient enseignant. L’entrepreneuriat le taraude puisqu’avant LUNC, il avait créé, déjà dans le digital et encore dans les économies d’énergie, Skwirrel, cette fois avec des outils de gestion de l’énergie des entreprises. Il en est toujours le président et l’un des actionnaires. Skwirrel est elle aussi installée à l’Inkub à Nevers.

 

De formation commerciale et marketing, José Rosillo a exercé des fonctions de communication et de ressources humaines dans de grandes sociétés, la plateforme de recrutement Adia, Adecco, avant de rejoindre Olivier chez Copeo comme responsable du recrutement et de la formation.

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