Le spécialiste des bouchons pour l’agroalimentaire Bericap est confronté à un double défi : l’évolution de la réglementation européenne imposant le « bouchon attaché » d’une part, l’explosion du coût de l’énergie d’autre part. En réponse à ce contexte, il investit, et en masse : il injecte l'équivalent 15 % de son chiffre d’affaires dans ses moyens de production ainsi que dans des solutions énergétiques alternatives, essentiellement sur son site français principal en périphérie de Dijon.
Entre mi-2022 et mi-2024, Bericap aura investi 30 millions d’€ sur ses sites de Longvic (Côte-d'Or) et Vittel (Vosges). Au sein de cette enveloppe financière, 22 millions sont dirigés vers la mise à niveau de l’outil industriel qui est rendue nécessaire par la réglementation européenne : celle-ci imposera, à compter du 1er juillet 2024, de ne plus commercialiser que des bouteilles à bouchons attachés, c’est-à-dire ceux qui ne peuvent pas se désolidariser du goulot, dans l'objectif de protéger l’environnement.
La filière emballage avait évalué les conséquences industrielles de cette décision à plusieurs millions d'euros d’investissement par fabricant. « Nous n’avons pas le choix, nous devons procéder au remplacement de tous nos moules, de certaines lignes de fabrication complètes, de l'ensemble de nos outillages pour la boisson et de modifier, par conséquent, toutes nos lignes existantes », constate Jean-Jacques Alexis, le président de Bericap France. La société est filiale du groupe allemand Bericap qui réalise un chiffre d'affaires annuel d'1,2 milliard d’€, à partir de 25 usines dans 21 pays, et emploie 4.500 salariés dans le monde.
Problème : cet investissement massif contraint l’entreprise à repousser d’autres projets pourtant indispensables. En particulier le remplacement des presses à injecter par des machines de nouvelle génération consommant deux fois moins d’électricité que les actuelles. Jean-Jacques Alexis doit décaler ces projets, avec regret. « Notre facture d’électricité va être multipliée par quatre entre 2021 et 2023, pour atteindre 10 millions d’€ par an, explique le dirigeant. C’est une véritable saignée. Nous sommes obligés de répercuter cette hausse sur le prix de nos produits, malgré des mesures d’économies, mais sans certitude que nos clients l’acceptent, ce qui aurait de lourdes conséquences économiques pour l’entreprise et la continuité de certaines relations commerciales. »
Bericap France renonce aussi, pour l’instant, à mettre en œuvre sur son site de Longvic une démarche de valorisation des déchets plastiques qui fonctionne bien à Vittel. Son dirigeant annonce « la reporter à 2025-2026. » Un troisième dossier, destiné lui aussi à réduire la facture d’électricité, risque également de faire les frais de l’évolution réglementaire venue de Bruxelles. « Nous étudions le déploiement de 20.000 m2 de panneaux photovoltaïques, qui couvriraient l’ensemble de nos toitures, explique Jean-Jacques Alexis. Cet équipement nous fournirait 6 à 8% de nos besoins en électricité. »
Il faut dire que le process industriel de Bericap est gourmand en courant. Une première installation photovoltaïque est bien prévue à l’horizon du deuxième trimestre 2023 : le déploiement par EDF d’environ 2.000 m2 de panneaux sur des ombrières sur le parking de l’entreprise. « Notre capacité d’investissement étant limitée, nous sommes en pourparlers avec Bpifrance pour financer à l’horizon 2025 notre projet photovoltaïque. »
Un nouveau projet par mois

Bericap France entend ainsi ne rien lâcher au final sur l’investissement. « Nous lançons un nouveau projet par mois », assure Jean-Jacques Alexis. Cette nouvelle vague fait suite à celle de 10 millions d'€ de 2019 et 2020, qui avait permis d’étendre les locaux de Longvic de 7.500 m2 de sorte à internaliser et automatiser la logistique.
« Au-delà de 2024, nous aurons à conduire d’importants investissements de robotisation. L’implantation de cobots (robots collaboratifs) sur les postes nécessitant la manipulation de charges lourdes réduira les risques de troubles musculo-squelettiques et améliorera la sécurité de nos collaborateurs. Elle permettra également d’optimiser nos flux grâce à des engins mobiles remplissant des tâches sans valeur ajoutée. » Ceci pour un coût évalué à 3,5 millions d’€. À la tête de la filiale française, qui réalise 85 millions d'€ de chiffre d’affaires avec un effectif de 280 salariés dont 230 à Longvic, Jean-Jacques Alexis rêve de créer sur le site en périphérie de Dijon ni plus ni moins que l’usine 5.0.
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