Le fournisseur de produits métalliques pour l’industrie crée de la valeur ajoutée avec des services de coupe à façon, d’expertise et de formation. Stainless près de Besançon vient d’investir un million d’€ pour des équipements dédiés.


La pandémie n’a pas eu raison des ambitions de Stainless, distributeur-stockiste de métaux pour l’industrie, à Dannemarie-sur-Crête, près de Besançon (Doubs). Joëlle Verdier, sa présidente, n’a pas remis en cause son plan de développement écrit jusqu’en 2024 qui prévoyait de porter le chiffre d’affaires de 26 millions d’€ en 2019 à 40 millions, cinq ans plus tard. Celui-ci a pourtant chuté significativement en 2021 (à 22 millions) sur ses trois marchés historiques, les implants médicaux (moins 30% à cause du report des poses de prothèses pendant les premiers confinements), l’aéronautique – « qui n’a pas vraiment repris »– et la connectique/microtechniques.

« Les objectifs ont été juste décalés, mais les investissements ont été réalisés ainsi que les recrutements », expose la dirigeante. L’entreprise a en effet injecté un million d’€ ces deux dernières années pour ajouter une corde à son arc : la transformation sur mesure des alliages métalliques qu’elle distribue. Dans la grande halle de stockage, classés selon leur marché – médical, aéronautique, industrie –, alliages de titane, à base de cobalt, nickel, cuivreux, aciers inoxydables, constituent sous forme de feuillards, tubes, tôles, barres ou méplats (barres rectangulaires) l’équivalent d’une année de commandes. Le volume, important, met l’entreprise à l’abri de tout problème d’approvisionnement pour une commande particulière.



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Une zone de la halle de stockage est désormais réservée à la coupe à façon en petits lopins. Cette récente activité complète deux lignes de refendage, grâce à deux machines dernier cri. La dernière arrivée (pour 450.000 €) est un centre de sciage multibarres à commande numérique entièrement automatique. Il permet de réaliser des séries, principalement pour l’aéronautique. Cette nouvelle machine rejoint une plus petite dédiée aux coupes pour le médical. Et elle s’apprête à avoir pour voisine, une scie chanfreineuse.


Implantation imminente d'un laboratoire d'expertises

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Découpage d'une barre en titane pour l’industrie aéronautique, sur le centre de sciage à commande numérique, entièrement automatique, doté de sept magasins. © Laurent Cheviet
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Préparation d’une commande de lopins découpés dans une barre d’acier. © Laurent Cheviet


« Au-delà de la fourniture de matières premières, on se positionne comme une société de services qui peut faire gagner du temps à nos clients et réduire leurs coûts de production », commente Joëlle Verdier. Stainless est ainsi en train d’installer un laboratoire d'expertises de 40 m2 doté d'un parc machines complet pour assister ses clients dans leurs développements. Pour mener à bien ce nouveau service, Thierry Turpin, le directeur technique, docteur en métallurgie, sera bientôt rejoint par un assistant, voire un ou deux étudiants-stagiaires que la dirigeante espère trouver sur les bancs de l’UTBM (Université de Technologie de Belfort-Montbéliard).

Parmi les services, figurent aussi un nouveau site Internet qui regroupe en 7 langues  toutes les informations techniques et commerciales, et un institut de formation métallurgique, désormais agréé pour dispenser des formations à la carte à ses clients.


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Le laboratoire est implanté dans l’extension réalisée en 2021 pour réorganiser le service commercial. Celui-ci a grossi de deux personnes l’an dernier ; une troisième sera recrutée cette année ou l’an prochain. Sur la liste des embauches figure aussi un business développeur.


Car pour atteindre ses objectifs, Stainless explore de nouveaux marchés. Grâce à son positionnement sur l’industrie de niche et technique, le stockiste a jeté son dévolu sur la compétition automobile qui utilise des alliages spécifiques pour la fabrication de roulements, arbres à cames, engrenages etc. L’entreprise fait aussi le pari des poudres métalliques pour la fabrication additive. Autant de voies à explorer en attendant que les marchés historiques retrouvent un souffle.

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Joëlle Verdier, présidente de Stainless © Laurent Cheviet

Joëlle Verdier a 40 ans de maison, sans interruption. Elle a suivi son employeur de la région parisienne à Besançon où il a déménagé l'entreprise en 2004. Entrée en 1982 comme secrétaire avec un BTS de secrétariat anglais-allemand, Joëlle Verdier a gravi tous les échelons : secrétaire de direction, commerciale, employée du service achats, puis responsable commerciale du marché médical. Elle devient présidente en 2010. Une fonction qui fait d’elle aussi la directrice générale de la filiale allemande Stainless Früchtl.

 

A Besançon et en Allemagne

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Arnaud en train de déplacer un tube de la halle de stockage qui abrite divers métaux sous forme de feuillards, tubes, barres ou méplats, classés par marchés. © Laurent Cheviet

Stainless avait fêté ses 90 ans en 2018 avec un événement remarqué à Micronora, le salon des microtechniques de Besançon : une montre en inox réalisée en impression 3 D par fusion laser qu’avait dessinée Philippe Lebru, l’horloger d’Utinam. A l’époque, Joëlle Verdier, la présidente de Stainless, justifiait cette initiative comme « un objet représentatif de notre histoire et de l’avenir, fabriqué avec nos matériaux et avec un ancrage régional. »
La société familiale née en 1928 dans la région parisienne est venue à Besançon en 2004, chercher plus d’espace et rejoindre ses clients découpeurs de Franche-Comté.
A l’origine distributrice d’aciers inoxydables importés d'Angleterre (sa belle référence de l’époque est le mobilier du paquebot Normandie), Stainless a diversifié ses marchés dans l’aéronautique, puis la connectique, enfin dans les années 1980-90, le médical, devenu son premier marché (65% du chiffre  d’affaires).
En 2016, l’entreprise fait une croissance externe en Allemagne, elle aussi positionnée sur la fourniture de matériaux métalliques pour le marché médical. Stainless Früchtl (chiffre d’affaires de 12 millions d’€, 25 salariés) est la tête de pont vers les marchés de l’Europe de l’Est. Joëlle Verdier en est la directrice générale. La maison mère qu’elle préside emploie 34 personnes à Besançon et a réalisé en 2021, un chiffre d’affaires de 22 millions d’€.

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John, le responsable de l'atelier en train de programmer la machine à commande numérique dédiée au marché du médical. © Laurent Cheviet

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